mardi 30 mars 2010

Une véritable idole, là-bas

Alors que la presse française s’interroge gravement sur la rivalité Sarko-Obama, sur le passé pro-Bush de not’président qui lui colle aux basques, sur le refus d’Obama d’aller déjeuner à l’Elysée, sur le dîner en tête à tête entre les 2 couples et interroge les plus éminentes astrologues sur la signification du voyage présidentiel pour l’avenir de l’univers connu, la presse américaine se contrefiche de l’évènement. Pas un article dans le New York Times sur l’historique visite. J’exagère; il y a, bien planqué dans les recoins d’un des blogs du journal, un billet sur la visite de Mr et Mme Sarkozy chez Ben’s Chili Bowl, endroit réputé pour ses hot dogs. La gloire internationale.

dimanche 28 mars 2010

La vente de charité

Le groupe pour lequel je travaille a quelques bonnes œuvres assez remarquables, grâce à notre ex-PDG, un personnage haut en couleur, fort charismatique et qui, fortune faite, s’emploie à en faire profiter pas mal de nécessiteux. Si, si c’est vrai. M’est tombée entre les mains une invitation pour une vente de charité organisée sous l’égide du dit ex-PDG. Au programme, vente aux enchères de tableaux d’une artiste totalement obscure (mais fort dérangée, parait-il) et allocutions des présidents de deux grandes ONG qui font des choses très bien. Je connais un peu ces 2 présidents, des personnes aux considérations assez élevées, et me faisais une fête de les écouter. J’arrive donc à la galerie où avait lieu la vente aux enchères. Gorilles à oreillettes à la porte, dames affables au vestiaire , petits fours, tout va bien. Je laisse mon manteau, vais au bar prendre un verre et commence à déambuler dans la galerie. Glaciale, la galerie, les œuvres étaient pitoyables (des bouts de miroir enchâssés dans des éclaboussures de peinture) le peu de public présent était pire. Tout le monde tournait en prenant l’air intéressant, dévisageant plus ou moins discrètement les autres quidams pour essayer de deviner qui était:
- un richissime industriel de la saucisse ou de la limonade prêt à investir n’importe quoi pour accrocher dans son salon une œuvre très chère,
- l’épouse de l’industriel de la saucisse, dépressive, bijoutée de frais, avec une bouche pleine de fausses dents très blanches (et sans doute l’oreille de son investisseur de mari)
- un barbouilleur à la recherche d’un industriel de la saucisse crédule ou de son épouse,
- un employé de la boîte égaré là par mégarde,
- un employé de la boîte venu en douce pour essayer de cirer les pompes du PDG (et donc enclin à massacrer les autres employés qui auraient pu lui faire de l’ombre dans une si belle occasion)
- un gorille à la recherche du quidam un peu louche qui allait faire un scandale quand tout le monde serait là,
- une pauvresse qui n’avait rien trouvé de mieux que ce boulot d’hôtesse pour gagner sa croûte.
Tout ça sentait le fric et la haine.
J’ai fait semblant d’être appelé sur mon portable, suis sorti de la galerie en prenant l’air affairé, et me suis enfui en espérant ne croiser personne sur mon chemin. On m’a dit que, finalement, le PDG n’est pas venu, ses amis riches sont partis très vite, et le mari de l’artiste (aussi dérangé que son épouse) a fait un scandale car les œuvres n’ont pas été vendues assez cher. Il y a des jours où la vie est vraiment belle.

jeudi 25 mars 2010

Le Grand Timonier

J’avais cru mal entendre, je suis allé vérifier. J’avais cru entendre Sarkozy dire, lors de son discours en hommage au policier tué par l’ETA que s’attaquer à un fonctionnaire c’est s’attaquer à la République. Je me suis dit, c’est pas possible, c’est trop gros, il n’a pas pu dire un truc pareil. Eh bien, si. Je viens d’aller vérifier, dans cette véritable joaillerie qu’est l’Elyséethèque, il a bien dit :
« Que les choses soient claires, quiconque porte atteinte à un policier, à un gendarme, à un fonctionnaire, par l’insulte ou par le geste, porte atteinte à la République elle-même. Face à ces agressions, nous appliquerons la tolérance zéro. Leurs auteurs devront systématiquement en répondre devant la justice ». Les non-fonctionnaires apprécieront. On ne sait pas si on doit rire ou pleurer devant un tel niveau de démagogie. Y a-t-il un seul français, fonctionnaire ou pas, pour croire ces balivernes ? Mais qui l'a renseigné sur le QI des français ?

dimanche 21 mars 2010

La voie de la grandeur

Les résultats des élections régionales ne sont pas encore sortis, mais, selon toute vraisemblance, l’UMP va boire le bouillon. Bien sûr, cette nouvelle ne sera pas partout malvenue :-). Mais le fait que Sarkozy se soit piégé lui-même n’est pas une bonne nouvelle. Il ne peut pas, après une élection catastrophique continuer comme si de rien n’était et continuer à appliquer ses réformes, ou plus généralement ses pseudo-réformes, à la hussarde. Il ne peut pas non plus tout arrêter, se contenter de gérer l’ordinaire comme Chirac, et se mettre encore plus à dos ce qui lui reste d’électorat. Ayant à la fois déçu son camp et attisé la détermination de ses opposants, il est totalement coincé. Nous sommes partis pour 2 ans d’immobilisme gouvernemental. Voyant Sarkozy grillé, les prétendants à l’élection de 2012, de droite comme de gauche vont très vite sortir du bois et démarrer la campagne électorale. Dans un contexte de crise mondiale c’est le pire qui pouvait arriver. Je ne vois qu’une option pour renflouer les caisses, refaire partir la machine industrielle, et souder la nation autour d’une cause exaltante : la guerre. Sus aux paradis fiscaux ! Tremblez, Jersey, Bahamas, Luxembourg et, surtout, le honni Monaco.

vendredi 19 mars 2010

L'aveu

Entendu Le Pen, sur France Inter ce matin. Tout va bien au début, il s’exprime de façon mesurée sur les élections régionales, voie onctueuse, petites formules veloutées. Il est ensuite interrogé par un auditeur sur ce qu’il pense de l’entrée de Simone Veil à l’Académie Française.
Tout d’abord, silence. Puis, très hésitant, s’arrêtant longuement entre les phrases "Cela ne m'a pas étonné que cette personnalité de la politique française soit intégrée, bien qu'elle n'ait pas écrit beaucoup de livres, dans l'Académie française ». « C'est un personnage emblématique. Il me paraît qu'elle a sa place. Rien ne me gêne ». « J'ai le même âge que madame Veil. Nous avons subi les mêmes épreuves puisqu'elle a perdu ses parents pendant la guerre, moi j'ai perdu mon père pendant la guerre aussi ». « Par conséquent, j'ai avec elle un certain nombre d'affinités. Par conséquent, je n'ai aucune raison de ne pas me réjouir de la voir accéder à l'Académie française ».
Il y a des silences qui valent tous les aveux.

dimanche 14 mars 2010

Le dernier chagrin de Jean Ferrat

Hommage de la presse ce matin à Jean Ferrat. La nation unie, en ce matin d’élections régionales, pour un dernier hommage au dernier des chanteurs engagés, des chanteurs à voix, des chanteurs émaciés en noir et blanc, etc… Pas sûr que son nom dise grand-chose aux moins de 40 ans, mais enfin, ne boudons pas cette évocation d’une époque qui rappelle les pique-niques dans les prés fleuris, l’école communale, la lutte des classes et les défilés unitaires, une certaine idée de la fraternité. On va beaucoup entendre aujourd’hui « La femme est l’avenir de l’hooo-homeu », et aussi probablement « Nuit et brouillard ».
"Nuit et brouillard" c’est cette chanson qui dit très justement que « le sang sèche vite en entrant dans l’histoire » et qui commence par :
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres tremblants dans des wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants,
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.


Un bel été des années 70, un de mes frères revenant de colonie de vacances la braillait en chantant :
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Ils aimaient être en blanc dans des wagons plombés…
Jean Ferrat n’en saura jamais rien, et ce n’est pas plus mal.

mercredi 10 mars 2010

Ca commence à bien faire

Je ne sais pas comment j’ai raté ça, le week-end dernier, la déclaration de not’bon Président au salon de l’Agriculture « l’environnement, "ça commence à bien faire" ». Pour faire populo, pour ne pas dire péquenot, c’est bien trouvé.
J’aime bien ce mot, péquenot, ça fait longtemps que je voulais l’utiliser, mais il fallait trouver une occasion propice pour ne pas me faire soupçonner de parisianisme. Le Trésor de la Langue Française Informatisée (que les non-pecs connaissent comme le TLIF), semble perplexe sur l’origine du mot, et même sur son orthographe : péquenaud, péquenot, pecnot, parfois abrévié en « pec ».
Après avoir gagné en 2007 avec les voix du Front National, not’bon Président et ses communicants cherchent un nouveau cœur de cible, encore disponible. Pour séduire le péquenot, les idées ne manquent pas : « la planète, ça commence à bien faire », « les génocides, ça commence à bien faire », « les bonnes femmes, ça commence à bien faire », « les enfants battus, ça commence à bien faire ». Ca fleure bon le bistrot du coin, la vinasse et la bouse. Une certaine idée de la France, une vraie idée de parisien.

dimanche 7 mars 2010

La France tremble

Roger Gicquel passera à une certaine postérité pour son annonce sinistre, un soir des années 70 « la France a peur…». Il avait bien raison, les français ont peur. Peur de tout. Du chômage, du déclin de la France, des tempêtes, de la baisse des retraites, de l’effondrement du système financier. Les deux tiers des publicités à la radio sont pour des assurances, des retraites complémentaires, ou le dépistage du cancer colo-rectal. Protégez-vous, protégez-nous !
La presse sème la panique pour une pomme de terre transgénique ou pour une tempête qui fait quelques dizaines de victimes, infiniment regrettables, bien sûr, mais sans commune mesure avec ce qui s’est passé au même moment au Chili. Les côtes vont être submergées, les abeilles disparaissent, les emplois s’envolent en Chine, l’inflation va revenir, on ne sait plus ce que l’on mange. La fin est proche. La France a peur de tout et surtout peur de son ombre.
Heureusement, il y a des endroits où tout va bien. Sinon la presse en parlerait. Haïti, pour ne prendre qu'un exemple.

vendredi 5 mars 2010

Appelez-moi le patron

Je suis passé aujourd’hui rue Jeanne d’Arc dans le 13e, un coin où je ne mets à peu près jamais les pieds. J’ai bien vu qu’il y avait un petit texte sous le nom de la sainte jeune fille.
Je m’attendais à un truc du style « 1412-1431. Héroïne lorraine brûlée à Rouen par les angloys ». Eh bien non. La plaque indique en fait « 1412-1431. Patronne secondaire de la France ». Stupeur. Vérification faite auprès des plus hautes autorités, Sainte Jeanne d’Arc et Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus sont effectivement patronnes secondaires de la France. Sainte Marie, elle, étant la patronne de plein droit, nommée à ce titre en 1922 par Pie XI, avec Jeanne comme première dauphine. Thérèse a été promue en 1944, par Pie XII.
Sarkozy, qui sait pourtant faire son malin, ne s'en est pas beaucoup vanté de ça.