dimanche 30 mai 2010

Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire? Vous avez 2 heures

Il y a quelques semaines, je me suis rendu compte que j’entendais, le soir en me couchant, un souffle assez intense dans mon oreille gauche, qui suivait le rythme des battements du cœur, mais faisait un bruit différent de celui que l’on perçoit lorsqu’on entend son propre cœur, ça soufflait vraiment (tchouf-tchouf, tchouf-tchouf, voyez?). Il m’est arrivé dans la journée, lorsque l’intensité sonore ambiante baissait d’entendre à nouveau ces funestes acouphènes pulsatiles (oui ça s’appelle comme ça). Angoisse. Je n’ai pas trouvé de cause évidente, pas de lien avec l’effort, ni avec des montées de tension artérielle. Non, ça survenait de temps à autre et je le percevais quand le silence se faisait, ce qui est assez rare dans la vie moderne que l’on mène. Bien sûr, j’ai diagnostiqué de suite les signes avant-coureurs d’un anévrysme sur le point de lâcher, ou bien d’une tumeur au cerveau sans doute bien avancée. Faisant intervenir les plus hautes autorités médicales familiales, j’ai eu droit illico presto à une consultation avec un ORL bougon « Oui, bien sûr, on vient voir l’ORL parce que c’est l’oreille, mais c’est vasculaire, forcément ». Le bougon m’a tout de même prescrit un doppler des carotides (normal) et une IRM. J’ai bien aimé l’expérience de l’IRM. On est d’abord interrogé pour savoir si on n’a pas, mais alors pas du tout, de métal sur soi, comme un barbu prêt à monter dans un avion (« vous êtes bien sûr, même pas une petite broche, des agrafes, des stents dans les coronaires, rien de rien ?»). Pour plus de sûreté, on a quand même droit au détecteur de métal, histoire de bien faire comprendre que « l’appareil là, il s’agirait pas qu’un sagouin dans votre genre nous le bousille. Me fais-je bien comprendre ? Hein ? ». On se retrouve allongé en peignoir dans un tunnel de science-fiction, dans un engin qui fait pleins de bruits, genre tam-tam, mitraillette, ou machine à écrire, ça dépend des fois. Une voix indique « séance de 2 minutes, ne BOUGEZ pas » puis « séance de 4 minutes 30, ne BOUGEZ pas ». De toutes façon, pas moyen de bouger dans ce sarcophage. Les sons métalliques se répondent, passent de gauche à droite, vont crescendo en faisant un boucan d’enfer malgré les bouchons mis dans les oreilles, ou disparaissent sur la pointe de pieds, c’est assez rigolo. Ce qui l’est moins c’est le petit miroir qui permet de voir les silhouettes opérateurs derrière la vitre. C’est censé rassurer, ça donne plutôt à s’interroger. « Mais qu’est-ce qu’ils font à regarder l’écran là ? Ca y est ils ont trouvée la tumeur, c’est sûr, je le sentais», « c’est qui celle-là avec son bandeau sur la tête, qu’est-ce qu’elle vient faire dans MON IRM ? », « tiens y’a plus personne qui passe, ils sont partis où? oh hé, personne n’a l’air de regarder les écrans, là? ».
Chose amusante, depuis que l’ORL bougon m’a extirpé des oreilles tout plein de cérumen répugnant et bien tassé, les acouphènes pulsatiles ne sont plus revenues... Se pourrait-il que les pulsations que j’entendais fussent liées à un effet de résonance dans le conduit auditif? Des cochonneries dans les oreilles, c’est moins glorieux qu’une cochonnerie dans le cerveau. De quoi je vais avoir l’air, moi ? J’attends avec impatience les résultats de l’IRM.

jeudi 20 mai 2010

Le coût de la vie

Le pataquès fait par le député Hervé Mariton depuis qu’il a déclaré "Je gagne 5 000 euros par mois, je ne me considère pas comme riche ; c'est le revenu d'un cadre moyen." m’a bien intéressé.
Je ne parle pas de la discussion sur ses frais de représentation et autres babioles qu’il a opportunément oubliées, mais plutôt de ce que l’article du Monde dit des revenus moyens des Français : en 2007, la moitié des Français disposaient d'un revenu inférieur à 1 500 euros par mois. Le revenu salarial des 10 % les plus riches de la population s'élevait à 32 629 euros par an, soit moins de 3000 Euros par mois. On réalise là que seule une petite minorité de français ont les moyens de participer à des apéros géants ou d’offrir à leurs épouses des burqas un peu élégantes. Les médias ne s’intéressent pas aux vrais gens. Je n’en doutais.

vendredi 14 mai 2010

400 ans, déjà !

Le 14 mai 1610, le moine Ravaillac assassinait le bon roi Henri IV rue de la Ferronnerie, à Paris.
Je ne me serais jamais souvenu de la date si je n’étais pas tombé ce soir, rue de la Ferronnerie, sur 5 forts belles gerbes de fleurs posées devant un pilier, sur lequel figure la plaque commémorant le tragique évènement. Dont une belle gerbe, dans les bleus, indiquant « Le président de la République », et une autre, aux beaux lys blancs odorants « SAR le duc de Vendôme chef de la maison des Bourbons ». Fi donc, me suis-je dit, tout ce tintouin a dû être rapporté par les gazettes. Que nenni ! Il a fallu que je tombe sur un site royaliste, visiblement peu argenté car je n’y ai accédé qu’après avoir contourné moult bannières publicitaires, et pop-ups en tous genres dont des sites de euh… charme. Ce site comporte quelques illustrations de l’évènement d’aujourd’hui, qui donnent à regretter de ne pas avoir été là en personne. Dont la photo ci-jointe du dit duc de Vendôme et de Son Altesse Royale le prince Gaston (c’est le bébé). Une photo visiblement prise à la main, voir en bas à gauche, on n'a plus les moyens d'antan depuis ce-que-vous-savez. La presse sans-culotte et régicide ne rapporte – évidemment – pas l’évènement qui a pourtant redonné, pour un instant, un peu de lustre à ce quartier quelque peu interlope.
On nous cache des choses, je ne vous dis que ça.

mercredi 12 mai 2010

Y'en a des qui n'ont vraiment rien à faire de la journée

En traînant sur le site du Monde, je tombe sur cet article : Tintin au Congo devant la justice belge. En deux mots, un procès est en cours pour obtenir "le retrait de la vente ou à défaut, l'ajout d'un avertissement" de cet œuvre de jeunesse d’Hergé. Bien sûr, cette bande dessinée est pleine de clichés totalement dépassés sur les congolais, mais peut-on imaginer sérieusement que des enfants tombant là-dessus puissent en tirer des enseignements durables sur la question de l’égalité des races ? Il va falloir revoir l’ensemble de la littérature mondiale depuis la nuit des temps pour en extirper toute trace de racisme, de misogynie, d’homophobie, de haine du voisin et de clichés de toutes sortes sur les personnes de petite taille, les roux et les habitants de Romorantin. Robison Crusoé devrait être précédé d’un avertissement sur ses clichés racistes envers les populations autochtones des îles du Pacifique chilien, Bécassine empeste de relents anti-bretons et anti-prolétaires insupportables et John Wayne a trop fait l’apologie du massacre des indiens d’Amérique pour que ses films soient autorisés aux moins de 18 ans. Enfin, il n’aura échappé à personne que Le Louvre est un musée dont les œuvres ne reflètent pas correctement la diversité de la société française, ce qui peut conduire des jeunes âmes impressionnables à entretenir des préjugés sur la capacité artistique des diverses composantes de la société. Que fait la justice ?
Heureusement qu’en Belgique d’autres cherchent à s’occuper sainement, comme le suggère cet autre article du Monde dont le titre fleure bon la littérature de gare « Scandale à Bruxelles-Midi !». Avec une bibliothèque pleine de Tintin, la vie dans la salle de contrôle aurait été moins monotone, sans qu’il soit besoin d’aller chercher de la lecture au kiosque d’en bas.

dimanche 9 mai 2010

Je me foutrais des baffes

J’ai eu pendant de nombreuses années, un matelas envers lequel je n’avais aucun grief. Seul problème, un matelas d‘une dizaine d’années, en société, ça ne pose pas. Je ne compte plus les gens qui ont doctement décidé qu’un matelas ça doit se changer « minimum tous les 5 ans », « tu peux pas imaginer comme un matelas se détériore avec le temps », « ils ont fait des progrès pas possible », « t’as vu le reportage sur les acariens ? », « tu vas voir de suite la différence ». Mon matelas avait été acheté il y a donc une dizaine d’années chez Conforama, au hasard, dans un rayon « bas de gamme », ou peut s’en faut. Rien à redire sur ce matelas, aucune récrimination, mais il avait 10 ans (je ne sais pas si j’ai été clair sur ce point). J’ai donc décidé d’être moderne et d’investir dans un matelas neuf (et cher aussi, tiens, histoire d’en mettre plein la vue à mes contemporains. Voilà). De nombreuses et longues recherches plus tard sur Internet, j’étais incollable sur les matières (naturel, synthétique, mousse, latex), les marques, les tailles, les tonique, confortable, ferme, très ferme, le pour et le contre la mémoire de forme, les points d’appui, bref j’étais un expert ès sciences du sommeil. Fort de ce savoir, je jette mon dévolu sur un matelas bien précis, livrable à domicile en 24h. J’aurais pu en trois clics me faire livrer la chose, mais j’ai préféré appeler la hot line d'un fournisseur bien connu, histoire de faire confirmer par un être humain la pertinence de mon choix. Au bout du fil, un jeune homme des plus professionnels à la voix suave quoi que juvénile (j’aurais dû me méfier) m’a félicité pour ma sélection. Mais il m’a aussi indiqué que mon choix était « ultra, ultra ferme » et que dans le même type de « produit » il aurait peut-être opté pour un matelas un poil plus confort, de plus 100% naturel, en latex de la jungle. Ce jeunot avait de suite repéré l’ami de la planète pour qui le suc d’hévéa 100% bio et la survie d’une tribu farouche veulent dire quelque chose. Bien sûr, il y avait un surplus par rapport à mon choix initial mais qui lésinerait pour un matelas cent pour cent NATUREL ? Bref, grand seigneur, j’achète le « produit ». Le dit produit est certainement tout ce qu’il y a de bon pour la planète, mais pas pour mon dos ni pour mon sommeil. Il est recouvert d’une espèce de machin cotonneux, plus mou au centre que sur les côtés, trop chaud l’hiver, il sera sans doute trop froid l’été. Première cerise sur le gâteau : tout à ma joie de goûter à une technologie de pointe, je n’ai rien eu de plus pressé que de balancer le carton d’emballage du précieux produit (pourtant échangeable jusqu’à 30 nuits d’essai). Deuxième cerise : une semaine après le judicieux conseil téléphonique, tout le stock de ce magnifique produit était soldé à -40% par mon aimable fournisseur.
Moralité : le premier indien d’Amazonie que je croise va prendre pour les autres (si j'ai pas trop mal au dos).