J'avais
abandonné ce blog le 11 janvier 2015, jour que nous avions cru être
un jour qui marquerait l'histoire de France, ou au moins, celle du
début des années 2000. Pour être honnêtes, nous avions quand même
nos doutes. Ils sont confirmés au delà de nos pires craintes.
Alors
que la presse publie la photo du « dormeur du mal », le
petit garçon syrien noyé sur une plage turque, un sondage indique
qu'une majorité de français est opposée à l'accueil de réfugiés
syriens. Des ré-fu-giés, des gens qui fuient une guerre
épouvantable. Eh bien, non, nous autres français avons assez de
problèmes comme ça. Trop de chômage, pas de logements, pas assez
d'allocs pour tout le monde donc, non. La patrie des droits de
l'homme, la fille aînée de l'Eglise préférerait, tout bien
considéré, que les réfugiés syriens aillent se réfugier
ailleurs, ou bien qu'ils disparaissent en mer, c'est triste mais on a
assez de soucis comme ça. Le Liban compte 1,2 millions de réfugiés
syriens pour 4,5 millions d'habitants. Rapporté à la démographie
française, cela correspondrait à 15 millions de réfugiés en
France. On a un peu de temps avant d'atteindre ce niveau.
Nous
avons cru le 11 janvier que la France de la Liberté, Égalité,
Fraternité, surtout de la Fraternité, était une valeur sûre. Eh
bien, non, nous préférons jouir de notre confort, de nos revenus
réguliers ou de nos allocations variées, toutes choses pas bien
brillantes, bien sûr, car nous sommes un pays en déclin, nos
campagnes se vident, les jeunes n'ont aucun avenir, nos villes se
clochardisent, mais, enfin, c'est chez nous ! Nous sommes une
nation de pré-retraités. Les pré-retraités espèrent bénéficier,
un peu minablement, d'un système périclitant qui les fait mettre
de côté par leurs entreprises, payés à ne rien faire, en
attendant d'atteindre, par la seule grâce du temps qui passe, le Saint Graal la
Retraite, la magique Retraite, payée par la communauté nationale. Le pré-retraité est
souvent bien déprimé car il tourne en rond, mais il jouit de son
bon droit à profiter du système. Il est craintif car il sait bien
que c'est un système intenable qui ne pourra pas durer. Il espère
juste qu'il tiendra assez pour lui. Il en a un peu honte, bien sûr,
mais il n'est pas responsable du système.
La
France qui tourne le dos aux réfugiés est un pays de petites gens
médiocres, encouragée par des politiciens bas de plafond, au
premier rang desquels Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Un pays de
pré-retraités peureux de tout. Je sais de quoi je parle, j'ai l'âge
pour ça.