Mon premier hommage au général de Gaulle s’est passé dans une niche à chien. Dans ma famille de pieds-noirs d’Algérie, de Gaulle n’était pas très bien vu. On lui reprochait, comment dire?, la façon dont il avait géré la relation franco-algérienne. Ma grand-mère l’appelait « ce chameau de de Gaulle ». Lorsqu’il apparaissait à la télévision, un adulte se levait et éteignait « le poste » (la télécommande était un objet de science-fiction à l’époque). Le jour où le général, dans sa DS noire, avait fait une halte dans notre patelin, ma maman avait refusé d’accompagner les enfants de l’école maternelle à la cérémonie. Je suis descendu avec les autres maîtresses et les autres gamins faire fête au grand homme. Je devais être haut comme 3 pommes, je n’ai rigoureusement rien vu. Maman, elle, était restée à l’école, avec beaucoup de dignité. Bref, CDG n’était pas en odeur de sainteté à la maison et, en tant qu’enfant éveillé pour son âge, je savais qu’il faisait partie des noms à ne pas prononcer. Un jour, il est mort, la télévision en a parlé et aussi le journal que l’on recevait à la maison. C’était l’Aurore, journal conservateur, dans lequel Pierre Desproges avait une colonne humoristique. J’avais 10 ans, et quand on a 10 ans on a envie d’être un héros. J’ai donc collecté pendant 2 ou 3 jours les numéros de l’Aurore qui parlaient du décès du grand homme, en douce, pour éviter les ennuis. Tout le monde se fichait que je lise les articles sur de Gaulle dans le journal, mais je ne le savais pas. Et je suis allé me cacher dans la niche du chien, un endroit humide, obscur et pestilentiel sous un escalier extérieur, muni de mes journaux. Et là, par un lugubre jour de novembre sarthois, à la lumière tremblotante d’une bougie, j’ai pieusement lu les faits et gestes du Grand Homme tels que l’Aurore les relatait. Planqué dans ma niche avec ma bougie, j’étais un résistant, et cela m’a fort exalté. Aujourd’hui, on honore la mémoire du libérateur autour duquel la Nation reconnaissante se blottit avec affection. Il m’a semblé important livrer ce témoignage d’un contemporain du Général. Pour servir l’Histoire.
jeudi 12 novembre 2020
dimanche 15 novembre 2015
Leur faudrait une bonne guerre
J'ai ouvert ce blog à une époque où
je n'imaginais pas y parler de choses aussi tristes que les thèmes
de ces derniers billets. Il ne faudrait pas que cela devienne une
habitude.
Espérons que les assassinats de vendredi ne vont pas
atteindre leur but. Bien sûr, il faut éradiquer les criminels,
aller les tuer où qu'ils soient (jusque dans le chiottes comme
disait un penseur contemporain), mais il faut aussi résister à la
tentation de sur-réagir en agressant des gens qui ne sont pour rien
dans cette imbécillité apocalyptique, et provoquer une guerre de
religion en France. Avant nous, depuis des millénaires, sans doute
aucune autre génération n'a connu une période de paix comme celle
que nous avons connu, sans guerre sur notre sol. La bulle de confort
dans laquelle nous vivons a déjà beaucoup duré, réjouissons nous
d'avoir vécu cela et essayons de préserver cette exception
historique le plus longtemps possible.
Quand à moi, il faudra vraiment que je
pense à alimenter ce blog avec des choses légères et pétillantes,
ce sera la meilleure réponse à jeter à la face des barbares !
Libellés :
Pensées (surtout) pour moi-même
samedi 5 septembre 2015
Un pays de pré-retraités
J'avais
abandonné ce blog le 11 janvier 2015, jour que nous avions cru être
un jour qui marquerait l'histoire de France, ou au moins, celle du
début des années 2000. Pour être honnêtes, nous avions quand même
nos doutes. Ils sont confirmés au delà de nos pires craintes.
Alors
que la presse publie la photo du « dormeur du mal », le
petit garçon syrien noyé sur une plage turque, un sondage indique
qu'une majorité de français est opposée à l'accueil de réfugiés
syriens. Des ré-fu-giés, des gens qui fuient une guerre
épouvantable. Eh bien, non, nous autres français avons assez de
problèmes comme ça. Trop de chômage, pas de logements, pas assez
d'allocs pour tout le monde donc, non. La patrie des droits de
l'homme, la fille aînée de l'Eglise préférerait, tout bien
considéré, que les réfugiés syriens aillent se réfugier
ailleurs, ou bien qu'ils disparaissent en mer, c'est triste mais on a
assez de soucis comme ça. Le Liban compte 1,2 millions de réfugiés
syriens pour 4,5 millions d'habitants. Rapporté à la démographie
française, cela correspondrait à 15 millions de réfugiés en
France. On a un peu de temps avant d'atteindre ce niveau.
Nous
avons cru le 11 janvier que la France de la Liberté, Égalité,
Fraternité, surtout de la Fraternité, était une valeur sûre. Eh
bien, non, nous préférons jouir de notre confort, de nos revenus
réguliers ou de nos allocations variées, toutes choses pas bien
brillantes, bien sûr, car nous sommes un pays en déclin, nos
campagnes se vident, les jeunes n'ont aucun avenir, nos villes se
clochardisent, mais, enfin, c'est chez nous ! Nous sommes une
nation de pré-retraités. Les pré-retraités espèrent bénéficier,
un peu minablement, d'un système périclitant qui les fait mettre
de côté par leurs entreprises, payés à ne rien faire, en
attendant d'atteindre, par la seule grâce du temps qui passe, le Saint Graal la
Retraite, la magique Retraite, payée par la communauté nationale. Le pré-retraité est
souvent bien déprimé car il tourne en rond, mais il jouit de son
bon droit à profiter du système. Il est craintif car il sait bien
que c'est un système intenable qui ne pourra pas durer. Il espère
juste qu'il tiendra assez pour lui. Il en a un peu honte, bien sûr,
mais il n'est pas responsable du système.
La
France qui tourne le dos aux réfugiés est un pays de petites gens
médiocres, encouragée par des politiciens bas de plafond, au
premier rang desquels Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Un pays de
pré-retraités peureux de tout. Je sais de quoi je parle, j'ai l'âge
pour ça.
dimanche 11 janvier 2015
Au revoir ?
Je me demandais comment je devais clôturer ce blog. La journée d'aujourd'hui me donne l'occasion de le faire correctement.
Les marches partout en France ont été des moments uniques d'unité, de partage et de bienveillance. C'était inespéré, c'était l'humanité, c'était la France dans ce qu'elle peut avoir de plus beau. Je sais bien que rien n'est réglé sur la façon dont on doit gérer la folie meurtrière de quelques imbéciles. Je sais bien que le drame que vient de vivre la France est bien peu de choses par rapport a ce que vit la Syrie, le Nigeria, l'Irak ou la Corée du Nord. Je sais bien que le courage de défiler en démocratie par un beau dimanche d'hiver n'est rien par rapport au courage de milliers d'êtres humains qui affrontent au quotidien la barbarie. Je ne sais pas comment cette journée passera à l'Histoire. Peut-être comme un moment de grande naïveté collective. Si c'est le cas, je suis heureux d'avoir été un naïf parmi autant d'autres.
Au revoir ?
Les marches partout en France ont été des moments uniques d'unité, de partage et de bienveillance. C'était inespéré, c'était l'humanité, c'était la France dans ce qu'elle peut avoir de plus beau. Je sais bien que rien n'est réglé sur la façon dont on doit gérer la folie meurtrière de quelques imbéciles. Je sais bien que le drame que vient de vivre la France est bien peu de choses par rapport a ce que vit la Syrie, le Nigeria, l'Irak ou la Corée du Nord. Je sais bien que le courage de défiler en démocratie par un beau dimanche d'hiver n'est rien par rapport au courage de milliers d'êtres humains qui affrontent au quotidien la barbarie. Je ne sais pas comment cette journée passera à l'Histoire. Peut-être comme un moment de grande naïveté collective. Si c'est le cas, je suis heureux d'avoir été un naïf parmi autant d'autres.
Au revoir ?
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Pensées (surtout) pour moi-même
dimanche 26 octobre 2014
La petite amie

Libellés :
Ben quoi ? Moi j'ai trouvé ça intéressant
jeudi 11 septembre 2014
11 septembre : la manipulation
Et voilà, en cette
date anniversaire, Obama fait une déclaration de guerre à l’État
Islamique. Pourquoi ? Parce que deux journalistes américains
ont été décapités et que l'opinion américaine s'est indignée.
Cette réaction de l'opinion était-elle prévisible ? Oui.
L'Etat Islamique est-il constitué d'abrutis barbus, ignares et sans
culture ? Bien sûr, mais pas seulement, ils ont aussi des
stratèges qui connaissent bien les moyens de communication et la façon dont les opinions occidentales peuvent être manipulées.
Les décapitations ne sont donc pas le fait d'abrutis, mais de gens
qui savent très bien ce qu'ils font. Comme savent très bien ce
qu'elles font l'Arabie Saoudite et les pétromonarchies sunnites qui
financent l’État Islamique contre les chiites d'Iran, d'Irak et
d'ailleurs. Ce sont donc elles, alliées des USA, qui, très
probablement ont entraîné les USA dans cette guerre. Et comme les
alliés de nos alliés sont nos alliés, nous sommes dans de bonnes
mains.
dimanche 31 août 2014
Privilèges
Mardi matin, retour de
vacances en Espagne. Alors que j'avais acheté un billet Economique,
la compagnie Air Europa m'offre aimablement un siège en classe
Affaires, compte tenu de mon statut « Platinium à vie »
sur Air France/Flying Blue. J'accepte avec la mansuétude qui sied au
statut en question.
A
Roissy, où nous sommes arrivés après plus de 6 heures de retard,
les bagages étiquetés « Prioritaire » n'étaient pas
sur le tapis de livraison des bagages. Nous nous sommes retrouvés à
5, ayant voyagé en Business, à faire la queue au service bagages
d'Air France, alors que les autres voyageurs en shorts et casquette
étaient rentrés chez eux (dans leurs masures nauséabondes sans
doute, mais, tout de même, dans leur petit chez eux). Au vu de mon
statut « Platinium », un Monsieur suave me conseille de
prendre un peu de mon temps précieux pour remplir un dossier de
retard de bagages, même si, il en a l'assurance, nos bagages sont
bien arrivés à Roissy, simplement un manutentionnaire malhabile les
a mis sur le mauvais chariot. D'un air complice, il me conseille donc
d'attendre près du tapis 27 la livraison, tout à fait imminente, de
ma valise. Après deux heures de surveillance du tapis 27, pas de
trace de la valise, je rentre chez moi, il est 1h du matin.
Je laisse passer
mercredi et jeudi, confiant dans la qualité du service bagages d'Air
France, notre compagnie nationale, tout de même.
Vendredi, ne voyant
rien venir, j'appelle le service bagages: « Votre valise est arrivée hier soir, très tard (?). Mais elle vous sera livré
sans faute aujourd'hui, compte tenu de votre statut, bien sûr, nous
sommes désolés, etc... »
Samedi, toujours rien,
je rappelle : « Vous n'avez pas encore reçu votre bagage ?
Ah mais c'est très anormal, pourtant vous habitez dans Paris, c'est
pas compliqué. Je fais une demande en urgence pour que vous soyez
livré. Nous sommes désolés, etc.. ».
Six heures plus tard
(car c'était une demande en urgence, remember ?) je reçois un
appel du service bagages: « Vous serez livré entre 17h et 20h.
Oui, bien sûr, le chauffeur vous appellera avant pour s'assurer que
vous serez chez vous, nous comprenons bien la situation et vous
prions d'accepter nos excuses, etc... »
J'attends bien sagement
chez moi à partir de 17h le coup de fil salvateur. A 20h15, ne
voyant rien venir je rappelle le service bagages « Oui, oui,
votre livraison est bien prévue. Entre 20h et minuit !!! Ah,
c'est pas ce que l'on vous avait dit ? ». Le livreur est arrivé
à 22h30. Youpi !
C'est si bon de se
sentir privilégié.
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