lundi 24 septembre 2007

La galerie Doria Pamphilij

Dimanche après-midi à traîner dans Rome, le centre-ville interdit aux voitures, mais accueillant bien volontiers des milliers de touristes en file indienne, oreillette bien vissée pour ne pas perdre une miette des commentaires du guide. La ville silencieuse, les familles déjeunent en terrasse au restaurant, les chats se baladent dans les ruelles.
Passé un très long moment à la galerie Doria Pamphilij, endroit d’un calme absolu, l’entrée à 8 Euros décourageant sans doute les groupes les plus soucieux du meilleur rapport quantité-prix. Il s’agit du palais d’une famille qui eut son heure de gloire quand l’un des siens devint pape, Innocent X, immortalisé par le portrait de Vélasquez qui inspira Francis Bacon. La famille vit encore dans les murs. On entre au premier étage du bâtiment par une vaste salle aux très hauts plafonds, aux murs presque totalement couverts de toiles, suivie par une salle dont les murs sont recouverts de tissus de velours grenat, avant d’arriver dans une salle de bal 19ème aux murs dorés qui communique par un côté avec une superbe chapelle familiale qui compte non pas une, mais deux reliques (cadavres) de saints. On est une famille avec laquelle il faut compter, ou pas. On entre ensuite dans une galerie carrée où des centaines de tableaux de toutes sortes, du 15ème au 18ème siècle couvrent les murs pratiquement du sol aux plafonds. Il y a quelques Breughel, des Caravage (dont l'exceptionnel Repos après la fuite en Egypte, une Madeleine pénitente et une copie du Saint Jean Baptiste du Capitole), des Le Lorrain, Lippi, Tintoret, etc…. Le soleil rentre de biais par les fenêtres qui donnent sur une immense cour intérieure. Les plafonds sont peints de très beaux trompe-l’œil qui donnent l’illusion de bas-reliefs en marbre gris, ou, ailleurs, dans un style très coloré inspiré de la Rome antique. Une salle en contrebas est consacrée aux sculptures, un capharnaüm de pièces de toutes taille, de toute époque, avec une forte proportion de bustes antiques. Très beau centaure au buste de marbre rouge et au corps de marbre blanc. Le portrait d’Innocent X attend dans une petite pièce, flanqué d’un buste du même personnage en marbre blanc sur un piédestal. Dans un ensemble totalement statique, le regard du portrait est, effectivement saisissant.
Le commentaire par audiophone de la visite est assuré par le propriétaire des lieux au ton tout à fait aristocratique. Le français absolument parfait sans aucun accent est peut-être assuré par un traducteur, mais il est parfait pour mettre dans l’ambiance de l’endroit. Quelques anecdotes « familiales » épicent la visite audio, dont une affaire de partie de patins à roulette sur les sols carrelés entretenus à la cire d’abeille et la définition de l’origine du mot « népotisme » : le Pape Clément VIII avait nommé cardinal son neveu Pietro Aldobrandini, qui devint, du coup « cardinal neveu » (« cardinal nepote » en italien). Comme il profita abondamment de sa charge, le terme est passé à la postérité dans les langues latines (nepotismo, népotisme) pour signifier ce que nous savons. Voilà qui récompense d’avoir lu ce billet jusqu’au bout, non ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Décidément , les oeuvres de Bacon me donnent toujours autant envie de vomir ! Et ton billet , envie de Rome!

sameplayer a dit…

@ Anonyme: certaines oeuvres de Bacon, effectivement, sont très dérangeantes. Celle-ci je l'ai vue à Beaubourg il y a quelques années et, là, quand tu la vois pour de vrai, elle est vraiment très, très, puissante.

Anonyme a dit…

J'ai visité la Galerie Pamphilij, vu le pape et les Caravage, c'est un endroit délicieux, j'ai vu aussi ailleurs le Bacon, moi j'aime, j'ai d'ailleurs pu comparer le Velasquez avec le Bacon, car la galerie Beyeler à côté de Bâle avait exposé les 2 toiles. Je compte emmener un groupe courant octobre à la galerie Pamphilij.