Essayer de résumer à quoi ressemblent les habitants de
Jérusalem est aussi impossible que résumer à quoi ressemblent les habitants d’Israël.
On trouve absolument tout et absolument son contraire en Israël et à Jérusalem. Avec, à Jérusalem, une
connotation religieuse tout de même nettement plus marquée que dans le reste du
pays, même dans la très vaste partie moderne de la ville. La vieille ville est
divisé en quatre quartiers : musulman (le plus vaste), arménien (le plus
vide car tout l’immobilier appartient à l’église arménienne), chrétien (peu
différent du quartier arabe si ce n’est que les boutiques de souvenirs y
vendent des christs et des couronnes d’épines), et juif (style blockhaus, hyper
propre et organisé, car reconstruit après les destructions pré-1967). En dehors
des nombreux touristes/pèlerins plus ou moins exaltés (le lecteur du Routard
est généralement un calme, mais prudence tout de même), il y a énormément d’enfants hiérosolomytains. Ces mouflets sont essentiellement dus au
labeur intensif des juifs et des juives « orthodoxes » qui ont reçu pour
mission du Très Haut de croître et se multiplier, ce qui ne laisse pas les « arabes »
insensibles, et un match de bébés est actuellement en cours. J’ai mis « orthodoxe »
et « arabe » entre guillemets car rien n’est simple, rien de rien, et ce n'est rien de le dire.
Les « arabes » peuvent être musulmans (jusque là, OK), mais aussi
chrétiens, druzes ou bédouins, et sans doute bien d’autres choses encore. Quand
aux « juifs », très prédominants à Jérusalem, ils se décomposent en une
foultitude de groupes qui vont du laïc goguenard au religieux le plus hermétique,
avec des rites, des pratiques et des convictions qui varient du tout au tout (certains groupes
juifs religieux sont hostiles à l’existence d’Israël, tout de même !). Mais
ils sont tous bien convaincus d’avoir raison. Car une chose caractérise avant
tout le hiérosolomytain, chrétien, juif, musulman ou divers: il a raison, il le
sait, et il le fait savoir. Du coup, l’ambiance est souvent tendue et le hiérosolomytain, volontiers, comment dire ? rugueux.
Jamais aussi rugueux que le vendredi soir quand
des centaines de « Noirs » (grosso modo des juifs ultra orthodoxes, barbus
et chapeautés) dévalent en courant les ruelles de la vielle ville pour la
prière du shabbat au Mur des Lamentations, avec force poussettes chargées de
gamins à kippa poussés par des femmes étiques, en foulard, et bien souvent en
cloque. Le parcours jusqu’au Mur est conçu pour éviter les musulmans qui, au
même moment, sortent de la mosquée un peu échauffés, mais on ne peut s’empêcher
de craindre qu’une sotte méprise ne désigne l’innocent touriste à la vindicte
de l’un ou l’autre de ces allumés en mission pour le Seigneur.
La morale de l’histoire
est que Jérusalem est une ville extraordinaire, qui suscite les
passions et les controverses, émouvante et choquante, dorée et répugnante, douce
et rugueuse (j’aime bien l’adjectif « rugueux », je trouve qu’il convient
bien à Israël), bref, impossible à raconter.
Je ne peux pas résister au plaisir de conclure sur une petite chanson qui a accompagné quelques unes de nos pérégrinations, ci-dessous. A vos commentaires !
Je ne peux pas résister au plaisir de conclure sur une petite chanson qui a accompagné quelques unes de nos pérégrinations, ci-dessous. A vos commentaires !
1 commentaire:
Bel article, bien envoyé, écrit avec talent ...
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