L'église du Saint Sépulcre de
Jérusalem inclut deux des lieux les plus importants de la Chrétienté: le lieu où
Jésus de Nazareth est mort sur la croix, et celui où il est ressuscité d'entre
les morts. Comme toujours à Jérusalem, un doute plane sur la véracité
historique de lieu, mais le symbole est là, c'est ce qui compte.
Tout un chacun peut y entrer,
gratuitement, sans même un petit contrôle de sécurité, et monter sur le rocher
du Golgotha (bien recouvert d'autels, de balustrades, de marbre et de dorures,
mais tout de même, on parle là de l'endroit où la Croix a été plantée, ce n'est
pas rien). Ayant fait cela, tout un chacun peut redescendre par un escalier des
plus raides, et se vautrer sur la pierre qui aurait servi à poser le corps du
Christ, une fois que Pilate eût autorisé Joseph d'Arimathie à récupérer le
corps; je dis "se vautrer" car c'est à peu de choses près ce que font
certains visiteurs, chrétiens arméniens, je crois bien, pour qui cette pierre,
posée en plein milieu de l'entrée de l'église doit être touchée, embrassée,
étreinte autant que possible. A quelques mètres de là, se trouve le tombeau du
Christ, dans une chapelle très étroite, tout en longueur, dans laquelle on peut
pénétrer, après quelques instants de queue, sous le regard inquisiteur de prêtres
grecs qui ne sont pas insensibles à un geste symbolique, peut-être, mais
pécuniaire et donc beau. Collée, littéralement collèe, à l’arrière du tombeau du
Christ, une minuscule chapelle gérée, elle, par des prêtres coptes. Cette
chapelle est peut-être à l’arrière du tombeau, mais elle présente l’avantage
concurrentiel par rapport aux grecs de l’autre côté de permettre aux visiteurs de
placer des bougies qui brûlent ainsi au plus près de l’endroit où le Christ est ressuscité…. Ils sont fûtés ces coptes. Un coin remarquable car il est laissé à
l’abandon est le tombeau de Joseph d’Arimathie. On y arrive, juste derrière le
tombeau du Christ, en passant dans une chapelle vide, aux murs nus, au sol en
terre battue dans laquelle traîne un grand trône en bois massif qui semble
abandonné depuis bien longtemps. La tombe de Joseph d’Arimathie est au ras du
sol, l’un des deux étroits boyaux horizontaux que l’on trouve en crapahutant à
4 pattes et en s’éclairant comme on le peut à la bougie. L’endroit est sans une
décoration, sans une inscription, juste un trou étroit dans la roche, vide. Quand
on pense que Joseph d’Arimathie a fait déposer le corps du Christ dans le
tombeau qu’il avait fait creuser pour lui-même, on se dit qu’il a été bien mal
récompensé de son beau geste.
On peut passer des heures au Saint Sépulcre à découvrir
plein de choses nouvelles: les très vieux grafitti sur certains murs, des bouts
de colonnes sans doute romaines, des coins plus ou moins à l’abandon, des murs
qui n’ont aucun sens apparent mais sont le résultat des guerres que se livrent
les catholiques, les grecs, les coptes et les arméniens pour contrôler le lieu,
le couvent éthiopien que l’on découvre au hasard d’un escalier, la citerne souterraine
pleine d’eau claire sur laquelle flotte un Zodiac un peu dégonflé, il y a
toujours quelque chose d’étonnant à trouver. Un sacré
Capharnaüm, somme toute.