jeudi 31 mai 2007

Amsterdam, aux premières lueurs

Jogging de bon matin, il fait déjà assez jour pour cause de mois de Mai. Première direction –surprise - le port d’Amsterdam. Des nuées de travailleurs débarquent à la gare centrale, déversés par des trams, des bus et des trains. Une belle pagaille. Le jogger est constamment en péril à cause des trottoirs merdiques, des pistes cyclables où déboulent sans crier gare de placides indigènes avec cette position caractéristique des vélocipédistes hollandais, assis bien droits et les genoux hauts (c’est vrai qu’ils sont grands, les bougres), les tramways, et aussi quelques voitures survivantes du plan d’aménagement de la ville. Paris avec ses pistes cyclables (désertes), ses couloirs de bus (au parcours imprévisible), ses trottoirs élargis et son tram pourrait bientôt ressembler à Amsterdam, dirait-on. Je n’ai croisé qu’un joggeur en deux parcours d’à peu près une heure. Peut-être que l’usage de la bicyclette suffit à leur défoulement ? Surpris par les antivols sur tous les vélos ; il s’en vole une quantité considérable parait-il. Moi qui croyais que les hollandais étaient de modèles de probité ; bon, peut-être que ce sont les touristes qui les fauchent. La ville est un peu crasseuse, faite de bric et de broc, mais on aime bien. Les meilleurs parcours de jogging sont (j’aurais pu m’en douter) le long des canaux historiques qui encerclent le centre ville avec des noms jolis comme tout, du style Herengracht ou Prisengracht (qui se prononcent en râclant bien la gorge). Au petit matin, c’est d’un calme royal, à peine une voiture de temps en temps, des arbres partout, le spectacle des péniches amarrées où l’on se prépare le café du matin au soleil. Il semble y avoir à côté des vraies péniches qui flottent, d’autres qui sont en fait des maisons –plutôt minimalistes style préfabriqué- bâties sur un socle de béton à fleur d’eau dans le canal. Intéressante ville pour les ornithologues, Amsterdam. J’ai bien aimé le petit zoziau bleu en dessin animé (qui a l’air de s’appeler Paco) qui annonce les coupures de pub sur les écrans de télé des trams. Il est rigolo ce Paco, on ne se lasse pas de le voir apparaître, faire le beau et repartir dans son coin en dodelinant avec beaucoup de dignité. Aussi vu voler dans le ciel ce qui ressemblait à une cigogne mais n’était peut-être qu’un héron. Aussi beaucoup de planches flottantes attachées à la berge ou aux péniches servent de nids aux poules d’eau (volatile étonnamment abondant dans le coin). Peut-être qu’elles servent de chien de garde, côté mer, aux occupants des péniches ? En tout cas, à Amsterdam, le navigateur doit prendre garde aux nids-de-poule me suis-je dis ; voilà qui est spirituel.

lundi 21 mai 2007

Changement de raison sociale

Du passé faisons table rase.
Je sais, je suis un peu lent, mais tout compte fait, j’ai découvert à l’usage qu’un blog n’est pas vraiment un journal intime. Découverte assez fondamentale, je dois dire. Or donc, à l’occasion de ce 60ème post, je débaptise, en fonction des pouvoirs qui me sont conférés, le blog "Cher Journal Intime" que dorénavant j’intitule « Fishy num-num », en remerciant Peter Sellers pour son « birdy num-num » dans « The party ». Un peu de tout et n’importe quoi à picorer au gré des humeurs, voilà qui me semble approprié pour ce blog.

Pourquoi « Fishy num-num» ? D’abord parceque le nom « Birdy num-num » était déjà pas mal utilisé sur divers blogs. Aussi parce que les oiseaux me glacent le sang (faut pas chercher, ça remonte à la petite enfance), que j’aime bien par contre les poissons (bêtes à sang chaud comme chacun sait) et, surtout, que je ne déteste pas les posts parfois un peu limite. Allez, je fracasse la bouteille de champagne et vogue la nouvelle galère !
Prochaine étape: essayer d'illustrer la bannière du blog avec des poissons multicolores et hyper jolis, sans que l'image ne prenne tout l'écran. Prévoir un délai.

dimanche 20 mai 2007

Une saine jeunesse

Voilà un jeune homme qui sait s'amuser gentiment dans sa téci.

Bon, pas de quoi trop s'esbaudir non plus. Nous autres sportifs de haut niveau, on a tous fait plus ou moins le même genre de choses quand on avait son âge, évidemment.
Maintenant on n'a plus le temps. Et pis à l'époque on n'avait pas de quoi filmer facilement, c'était pas comme mainnenant.

mercredi 16 mai 2007

Le maître des âmes d’Irène Némirovsky

Après "Suite Française", qui m’avait ébloui, cet autre livre d'Irène Némirovsky qui, pourtant avait été un succès au moment de sa parution, m’a franchement déçu. Je n’y ai rien retrouvé de ce qui m’avait emballé dans Suite française.
L’histoire est celle d’un médecin immigré « levantin » qui crève la fin en France dans les années 1920 et qui fait fortune en prenant en charge les problèmes psychologiques de la bonne société. Le tout est raconté de façon sèche, corsetée, assez moralisatrice. Les ressorts psychologiques des uns et des autres, pourtant au centre de l'intrigue, sont assez pauvres, et des pans entiers de l’histoire sont réglés en un tournemain sans explication plausible. Le texte a été publié sous forme de feuilleton à l’époque, c’est peut être ce qui explique le coté plat de l’intrigue (pour ne pas perdre le lecteur d’une semaine sur l’autre ?).
La partie la plus intéressante du livre est, à mon avis, l’introduction. On y relève qu’Irène Némirovsky, elle-même russe et juive dans la France de l’entre-deux guerres, y utilise des termes et décrit des comportements qui n’ont pu que renforcer ses contemporains dans l’idée que des hordes d’immigrés « levantins » sortaient effectivement de leur fange orientale pour sucer le sang des bons français. On mélangeait sous le terme de levantin un peu de tout, des méditerranéens, des roumains, des russes, etc… tous plus ou moins suspectés d’être juifs. Etre juif était une tare, l’antisémitisme allait de soit et les auteurs à succès n’hésitaient pas à en rajouter sur le thème. Irène Némirovsky ne semble pas du tout s’élever contre ces idées. Illustration de la haine de soi de minorités qui acceptent pour elles-mêmes l’image que leur renvoient les autres ? L’histoire du « Maître des âmes », qui ne finit pas bien, confirme que, naturellement, les « métèques » sont condamnés par leurs origines à rester à l’écart de la société. Avec le recul il semble totalement grotesque que des esprits éclairés et même des personnes elles-mêmes caractérisables comme « métèques », aient pu prendre comme des évidences de pareilles sornettes.

Nous sommes dans une société où de pareilles âneries n’ont plus cours. Il y a bien eu une époque où l’on disait comme des évidences:
- il y a trop d’immigrés, ça se voit bien,
- les prisons soient des endroits violents et immondes, et alors ?
- une vie de labeur d’animateur télé, de patron du CAC 40 ou de footballeur doit être mille fois mieux rétribuée que la vie de labeur du type qui vide leurs poubelles,
- il est normal que les homosexuels ne puissent pas se marier ni adopter d'enfants, faut quand même pas exagérer.
Tout ça s'est dit à une époque. Mais c’est fini, nous avons bien évolué depuis.

lundi 14 mai 2007

Mille colombes

Pour ceux d’entre nous qui n’ont pas supporté de pu voir ça en direct, et dans la série « l'important c'est de participer », la contribution de Mireille Mathieu à la liesse populaire de l'autre jour. Total rrrrespect.

dimanche 13 mai 2007

Mombasa

J’inaugure une nouvelle série de posts, pour garder une trace d’impressions de voyages et autres bricoles. Pas forcément palpitant pour le lecteur, mais après tout Stendhal et d’autres l’ont bien fait, alors y’a pas de raison.
Retour de Mombasa, ville portuaire du Kenya, port d’échanges avec les autres ports d’Afrique de l’Est, mais surtout avec le Moyen Orient et l’Inde depuis des temps immémoriaux (on dirait du Henri de Monfreid, hein ?). Ville extrêmement bigarrée, mélange de chrétiens, animistes, hindous, et musulmans, façon Zanzibar. La vieille ville est très décrépie, il y reste un petit port, où se chargeait, à dos d’homme, des centaines de gros sacs blancs des Nations Unies sur un cargo à destination de la Somalie. Enormément de femmes voilées dans la vieille ville, avec toutes les variétés de voiles, des plus « soft » et colorés aux plus couvrants et noirs des pieds à la tête avec une toute petite fente pour les yeux ou (mieux, pour la bonne réputation) les lunettes noires. Beaucoup d’Indiens affairés, l’ai un peu bilieux (serait-ce la consommation excessive d’épices qui leur donne ce teint ? Note pour moi-même : question pertinente, à explorer). Finalement les moins pittoresques sont les Kenyans de souche, habillés à l’occidentale ; pas de boubous pour les femmes comme en Afrique de l’Ouest ou de grandioses tuniques à la nigériane pour les hommes. Pour la couleur locale, faites donc un safari on n’est pas là pour ça.
Seule note vraiment locale, de grands Masai qui surnagent comme des extraterrestres au milieu de ce bordel. C’est LA touche classieuse dans le paysage les Masai. Ils sont trop cool les mecs, avec leurs belles couvertures violettes et leurs grands bâtons de vacher (bouvier ? troupelier ? allez, disons cow-boy). Ils regardent tout ça en rigolant en douce, donnant l’impression de s’en foutre complètement et d’attendre d’être de retour chez eux, loin de tous ces dingues.
Beaucoup de boue, en cette saison des pluies, avec d’énormes flaques d’eau partout, idéales pour une bonne saison de paludisme. Les marchés sont assez sinistres car tout le monde patauge dans la gadoue noirâtre, mais les gens sont hyper souriants et cool. Les routes sont plutôt bien (grâce aux chinois, parait-il). Vu un camion porte-conteneur complètement coincé dans une énorme trou plein d’eau au milieu d’un carrefour ; le chauffeur avait parié que ce ne serait pas bien profond. Perdu.

Autre curiosité locale, les très beaux « velvet monkeys », superbes animaux, bien rompus au vol de pizzas sur les tables de restaurant, et dont les mâles se distinguent par une pigmentation bleue, très localisée mais d’un bien bel effet. Vu de devant, le côté patriotique de l’ensemble est plutôt réussi.




mercredi 9 mai 2007

Une touche de classe

Elevons un peu le niveau général. A l’heure où je suis super pressé et pas super inspiré et où je suis tombé sur un bouquin de Jean-Claude Carrière (j’aime bien J-C Carrière, pour sa proximité avec Buñuel, etc…, mais il n’a pas que des bouffées de génie) nommé Les Mots et la Chose, je me suis souvenu d'un petit poème dû à un abbé du 18eme (du 18ème siécle, bien sûr, pas d’un arrondissement périphérique, quelle horreur !).

L'oeuvre n'est pas nécessairement simple à apprécier, mais apprenez que l'on gagne plus en travaillant plus, manants! En lisant ça, on se dit que l’abbé de Latteignant devait être un bien intéressant homme de robe.

Le Mot et la Chose

Madame, quel est votre mot
Et sur le mot et sur la chose ?
On vous a dit souvent le mot,
On vous a souvent fait la chose.
Ainsi, de la chose et du mot
Pouvez-vous dire quelque chose.
Et je gagerai que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose !

Pour moi, voici quel est mon mot
Et sur le mot et sur la chose :
J'avouerai que j'aime le mot,
J'avouerai que j'aime la chose :
Mais, c'est la chose avec le mot
Et c'est le mot avec la chose ;
Autrement, la chose et le mot
À mes yeux seraient peu de chose.

Je crois même, en faveur du mot,
Pouvoir ajouter quelque chose,
Une chose qui donne au mot
Tout l'avantage sur la chose :
C'est qu'on peut dire encore le mot
Alors qu'on ne peut plus la chose...
Et, si peu que vaille le mot,
Enfin, c'est toujours quelque chose !...

De là, je conclus que le mot
Doit être mis avant la chose,
Que l'on doit n'ajouter un mot
Qu'autant que l'on peut quelque chose
Et que, pour le temps où le mot
Viendra seul, hélas, sans la chose,
II faut se réserver le mot
Pour se consoler de la chose !

Pour vous, je crois qu'avec le mot
Vous voyez toujours autre chose :
Vous dites si gaiement le mot,
Vous méritez si bien la chose,
Que, pour vous, la chose et le mot
Doivent être la même chose...
Et, vous n'avez pas dit le mot,
Qu'on est déjà prêt à la chose.

Mais, quand je vous dit que le mot
Vaut pour moi bien plus que la chose
Vous devez me croire, à ce mot,
Bien peu connaisseur en la chose !
Eh bien, voici mon dernier mot
Et sur le mot et sur la chose :
Madame, passez-moi le mot...
Et je vous passerai la chose !

Abbé de Latteignant (1697-1779)

lundi 7 mai 2007

Pour ou contre le PQ (enfin une question fondamentale)

En cette heure grave pour le pays, je n’ouvre pas le débat de savoir si l’on soutient ou non le Parti Québécois de notre ami André Boisclair. Je remarque au passage que nos cousins boréaux n’ont pas rechigné à appeler un de leurs partis le PQ alors que Mr Bayrou s’est laissé dissuader, un peu facilement, d’appeler le sien le PD. Mais je digresse.

Non, le vrai débat est : pour ou contre le PQ, alias le "papier hygiénique". Une recherche Google m’apprend qu’une dénommée Sheryl Crow pense que limiter l’usage du PQ est bon pour la planète. Je vais plus loin: limiter l’usage du PQ est une bonne chose en soit, point. Je suis obligé d’être direct dans mes explications si je veux être concis et compris ; que les âmes sensibles me pardonnent. Qu’y a-t-il en effet d’hygiénique à se tartiner le cul avec des feuilles en papier plus ou moins molletonnées, mais de toutes façon jamais entièrement efficaces ? Il est beaucoup plus hygiénique, comme dans nombre de pays musulmans, en Asie du Sud-Est et au Japon, de chercher un point d’eau, de laver tout cela à grands jets très gais, et, ensuite, mais seulement ensuite de faire appel à LA feuille de PQ de Mademoiselle Crow pour se sécher le séant.

J’ai déjà, personnellement, à l’occasion d’acrobaties à but hygiénique, descellé quelques lavabos mal fixés dans des chiottes publiques, et occasionné des débuts d’inondations (jamais chez des particuliers, je le précise, si d’aucuns avaient des doutes). Je soutiens donc fermement l’installation de douchettes telle que celle illustrée ci-contre (élégamment accrochée au mur, à droite, comme il sied), dans tous les lieux adéquats, privés et publics.

Ceci aurait de nombreux avantages, dont :
- assurer au moins sur un sujet un certain rapprochement franco-arabe, voire franco-japonais, assurément bon pour la paix mondiale,
- l’augmentation de la fréquentation des piscines publiques (voir tout en bas)
- l’élimination des brosses à chiottes disgracieuses, car, naturellement, la douchette peut AUSSI servir à récurer prestement la cuvette des chiottes, à arroser les plantes de la salle de bains, remettre à niveau l’eau des poissons rouges (voir ci-dessous), etc…
- globalement un excellent effet sur l’hygiène publique et la santé de la planète actuellement saturée de PQ nocif et inefficace.

Je sais bien que cette proposition en fera ricaner certains, mais j’assume ma condition de pionnier, comme tous ceux qui avant moi se sont heurtés au sarcasme de leurs contemporains pour leur clairvoyance. L’Histoire de l’humanité (en route vers le progrès et la civilisation) me donnera raison. Que ceux qui voient la Lumière comme je la vois arrêtent là leur lecture. Que ceux qui doutent, et seulement ceux-là, continuent:
lorsque vous êtes à la piscine, pensez deux secondes à l’efficacité de la douche obligatoire sur l’hygiène postérieure des quidams qui nagent devant vous. Envie de rester dans le sillage, mmmm… ? On ricane moins, hein ? Désolé si je vous gâche le plaisir de la piscine à tout jamais. Moi, c’est fait, comme je ne me suis jamais remis des Dents de la Mer dans un autre registre.


la messe est dite

Voilà, il n’y aura pas eu de « happy ending ». Les codes visuels les mieux établis ont été pris en défaut. Finalement, la jolie Dame en Blanc n’a pas vaincu le petit Monsieur en noir au rictus inquiétant. Un panel de consommateurs aurait certainement imposé au réalisateur une autre fin, mais il n’y a rien à dire, les français se sont prononcés. Le vainqueur a salué la perdante. Il aurait pu ne s’adresser qu’à ses électeurs avec l’inusable « je veux être le président de tous les français ». En s’adressant à elle, il est allé au-delà des exercices imposés, il faut lui reconnaître ce mérite. Ségolène, étonnamment souriante et détendue, n’a pas retourné la politesse, signe que, au moins en politique, une certaine françitude continue à s’affirmer face à des attitudes sans doute trop anglo-saxonnes. Mr Chondre, toujours prolixe et talentueux, nous propose un épilogue bien approprié à ce lundi grisâtre et froid qui nous a surpris et attristés après l’ambiance estivale de ces dernières semaines. L’heure est donc à l’expectative. Ite misa est.

jeudi 3 mai 2007

On parie?









Comme prévu, le débat Ségo-Sarko d’hier soir a renforcé chaque électeur dans ses préférences. Les commentateurs politiques les plus avertis se gardent de désigner un vainqueur.

Ceci étant, je prends un pari : si Ségolène gagne dimanche, on ré-écrira l’histoire pour dire que l’élection a basculé hier soir (comme on dit maintenant que Giscard a gagné en 1974 grâce à sa petite phrase sur le monopole du cœur). Si Sarkozy gagne, on oubliera ce débat.

mercredi 2 mai 2007

Spécial réchauffé : les candidats et les langues étrangères

De retour d’une brève villégiature, je rattrape progressivement l’actualité des dernières semaines. J’avais vaguement entendu parler d’une enquête sur les capacités linguistiques des candidats à la présidentielle. Je n’ai trouvé trace de la dite enquête que sur le site de la Voix du Nord. Si on s’en tient aux deux candidats encore en lice, il est clair qu’aucun d’entre eux ne parle anglais. Les communicants de Sarkozy ont beau déclarer que l’« on peut dire anglais courant » à son sujet, il est évident que ce n’est pas vrai. Les quelques images que l’on a vu de son voyage aux Etats-Unis il y a quelques mois montre qu’il peut à peine aligner trois mots dans un anglais hésitant. Pour des raisons évidentes de sécurité personnelle (tenant aux incertitudes du résultat de l’élection de dimanche prochain) je n’oserais pas comparer son vocabulaire anglais à celui de José Garcia en De Niro dans le sketch que l’on connaît tous, et qui fait allusion à ce dialogue fameux, mais on n’en est pas loin. Quand à Ségolène qui dit ne pas parler anglais (je résume) parce qu’elle ne vient pas de la grande bourgeoisie, je pense qu’elle dit le vrai, mais on n’en attend pas moins d’elle, l’immaculée candidate. Ceci dit, l’idée que notre futur(e) président(e) ne tirera ses informations que de supports en français, sans jamais lire un article de journal ou un livre en anglais laisse rêveur sur leur capacité à comprendre le monde. Une nouvelle génération arrive aux commandes politiques de la France, mais il faudra sans doute attendre la suivante pour y trouver, de vrais européens capables de fonctionner un minimum dans une autre langue que la leur. You talking to me ?

mardi 1 mai 2007

Suite française d'Irène Némirovsky (ne bronzons pas idiot)

Ces récentes vacances ont été l’occasion de lire, enfin, un livre presque de bout en bout sans grande interruption, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. J’ose à peine en parler tant ce livre semble avoir fait parler de lui au moment où il a reçu le pris Renaudot en 2004, mais pour le bénéfice de ceux qui, comme moi, l’ont raté à l’époque, je ne résiste pas à l’envie de faire partager ma joie. Ce livre, Suite Française, a été écrit entre 1940 et 1942 par Irène Némirosvky et comporte deux parties.
La première raconte l’histoire de l’exode des français à l’été 1940 alors qu’ils fuyaient l’invasion allemande. Des centaines de milliers de gens partirent sur les routes du jour au lendemain, dans la plus grande improvisation, et errèrent pendant plusieurs semaines, somme toute, pour rien puisque les allemands se comportèrent, finalement, de façon très « correcte », comme on a dit à l’époque, vis-à-vis des populations civiles. Le livre raconte cet exode à travers les histoires entrecroisées de plusieurs personnages, des grands bourgeois (menés d’une main de fer par une mère de famille assez extraordinaire), un écrivain très content de lui et assuré de s’en tirer en tant que sommité d’envergure nationale, une « poule » entretenue par un banquier, et des gens plus ou moins ordinaires à qui il arrive toutes sortes de péripéties au hasard des routes. La deuxième partie du livre raconte la vie quotidienne d’un village où s’installe une garnison allemande, et on y retrouve quelques personnages rencontrés lors de l’exode.

En dehors de son intérêt narratif, à travers les aventures plus ou moins truculentes des diverses familles, ce livre est écrit d’une plume absolument magnifique qui donne honte de perdre son temps à lire de la mauvaise littérature. L’auteur se met avec autant de bonheur dans la peau d’un des protagonistes, puis d’un chat ou d’un crapaud pour faire revivre à travers des mots précis et justes des situations et des ambiances. Elle décrit de façon extraordinaire la quiétude des nuits de juin 1940, les odeurs, les bruits des insectes, l’odeur des fleurs et des fruits, la petitesse des uns et l’héroïsme des autres sans jamais s’appesantir, avec des mots magnifiquement choisis sans jamais tomber dans la facilité, le tragique ou le caricatural. Le contraste est permanent entre les drames qu’elle décrit et la beauté qu’elle détaille si bien en toute occasion. Il n’y a pas dans ce livre de bons ou de méchants, il n’y a pas de massacres, pas de bruit de mitraillettes, très peu de sang, bref rien de ce à quoi le cinéma ou la littérature sur cette époque nous ont habitués. La lecture est rendue d’autant plus poignante que ce livre a été écrit, presque « en direct » pendant une période où Irène Némirovsky était, avec ses deux filles et son mari en semi-clandestinité dans la campagne française. Elle décrit avec délectation et justesse la quiétude et la beauté des campagnes, sans doute parce qu’elle sentait qu’elle risquait d’en être bientôt privée.

Elle a écrit ces pages magnifiques sur la France alors qu’en tant que juive et étrangère elle était pourchassée par les autorités françaises de la zone libre. Elle est morte à Auschwitz en 1942. Son mari, qui n’avait, contrairement à elle, pas perçu le péril mortel qu’ils couraient, a remué ciel et terre pour la retrouver et a subi le même sort peu après. La préface du livre décrit le destin d’Irène Némirovsky et du manuscrit de Suite Française qui devait comporter encore 3 ou 4 parties pour être son « Guerre et Paix » et n’a été publié, inachevé, donc, qu’en 2004.
Si, comme moi, vous l’aviez raté à sa sortie, voilà ma suggestion de livre pour le bel été qui s’annonce.