lundi 31 août 2009

Le Cani

Le Cani (nom propre masculin) est une bouée que l’on m’a offerte, pour les baignades dans la Dordogne, quand j’avais sans doute 2 ou 3 ans. Elle s’appelle Le Cani, car c’est le nom indiqué sur le collier. C’est une indication bien utile pour reconnaître que le créateur de ce bel article a voulu représenter un chien.
La bouée est munie d’un petit siège attaché par 4 ficelles, toutes d’origine, bien sûr. L’enfant peut glisser en avant ou s’enfoncer un peu sur les côtés si on n’y prend garde, mais on n’était pas à l’époque tyrannisé par des directives imbéciles et bruxelloises qui brident la créativité.

Le Cani est agrémenté sur le côté d’une petite pastille montrant un nounours et la marque Sevylor, avec, sous une cupule en plastique transparent, deux petites boules de métal qu’il faut faire rentrer et tenir (et ça c’est très, très, dur !) dans des petites encoches circulaires. Signe qu’à l’époque on ne mégotait pas quand il s’agissait de développer la coordination psycho-motrice des tout petits. Autre particularité, le petit sifflet planqué quelque part à l’intérieur de la bouée qui fait que le Cani émet un couinement strident chaque fois que l’on appuie dessus, ce qui est une source de joie et explique la forte proportion de fins mélomanes dans la famille. En effet, le Cani a servi depuis les sixties à tous les bébés successifs. Sans jamais être regonflé, dit la légende. Le Cani renfermerait donc un précieux échantillon d’air des années 60 d’une indéniable valeur scientifique (faire offre à l’auteur, qui transmettra. Puissance étrangère s’abstenir).

Les bonnes années, c'est-à-dire quand il y a un nouveau bébé, on sort le Cani du grenier et on l’emmène avec mille précautions à la Dordogne. Et c’est grande joie de voir encore un bébé ravi se promener sur l’onde sur son bel esquif.



lundi 24 août 2009

Piss and love (xixi e amor, enfin j'imagine)

Oui, bon, le titre est facile, mais avec la canicule il faut être indulgent, les neurones fonctionnent à vitesse réduite. Ce n’est pas le cas dans l’hémisphère Sud car, bien sûr, là-bas c’est l’hiver. D’où cette intéressante campagne brésilienne sur l’intérêt de faire pipi sous la douche. L’idée étant que pisser sous la douche évite de tirer une chasse d’eau rien que pour une modeste commission. D’où des économies de 12 litres d’eau potable à chaque fois, et plus de 4000 litres par an. Ah oui, tout de même. Bon, ils n’ont pas mesuré la quantité d’eau à faire couler pour s’assurer de l’écoulement complet de la miction, généreusement nettoyer la douche, voire la prolonger de quelques instants pour un beau geste écologique. Mais bon, on ne va pas ronchonner devant ce si sympathique enthousiasme tropical .


Sinon, côté souris, calme plat. La photo ci-dessous montre un recoin du palier laissé aux bons soins de mon voisin sourisphobe. On peut compter 7 ou 8 paquets de poisons divers, très adaptés à un imeuble bourgeois. Le même voisin m’a appelé il y a 2 jours pour me montrer, dans ce fatras de pièges dégoûtants, une jolie petite souris toute mignonne qui nous regardait avec un œil pétillant. Nous n’avons –bien sûr- pas cherché noise à une si jolie créature. Mais il est revenu plus tard, de façon chafouine, poser la tapette pour attraper la jolie petite souris. C'est qu'il y a des nuisibles, tout de même. J’ai enlevé l’appât pour ne pas qu’elle se blesse, bien sûr.

jeudi 20 août 2009

Tout va très bien

Sortant de chez lui hier soir, le plus hystérique des voisins a vu la monstrueuse souris traverser le palier de l’étage. Malgré la dizaine de pièges empoisonnés qu’il avait semés à son intention, elle était toujours vaillante et courrait dans tous les sens. Pris de panique, certainement, par le niveau sonore, le monstre s’est glissé prestement sous la porte des autres voisins (des anglais, c’est moins grave et puis ces gens-là aiment les animaux).
Surmontant sa bien compréhensible frayeur, le voisin s’est installé sur le palier, faisant barrage de son corps devant sa porte d’entré et m’a immédiatement appelé au téléphone. Enervé par un voyage éprouvant, j’ai attendu 4 appels avant de le rappeler. Je n’ai eu que 10 minutes à attendre le 4ème appel. Ses messages chuchotés de plus en plus fort depuis le palier disaient qu’il empêchait la souris de revenir mais que je devais très vite l’aider à recoller « le bout de bois devant la porte ». Le « bout de bois devant la porte » est une barre de seuil que j’avais découpée aux mesures de leur porte d’entrée, peinte en brun pour l’harmonie des couleurs et fixée devant le seuil de leur appartement il y a 2 ou 3 ans lors d’une précédente attaque de souris, supposée venir du palier (le bordel de leur appartement étant, c’est évident, peu propice à la reproduction des rongeurs). Ils n’avaient absolument pas voulu que je perce le sol pour fixer la barre de seuil avec des vis pour na pas laisser de trous dans le carrelage. Ces malheureux vivent avec l’illusion qu’ils reverront un jour leur caution de location et pourront faire des choses formidables avec le magot. Ne voulant pas détruire un si beau rêve, j’ai donc collé, à l’époque, la barre de seuil. Elle n’a pas résisté à 2 jours d’allers et venues, mais la crise du moment était passée, les souris un lointain souvenir, et la barre se balade depuis gentiment aux alentours de leur porte d’entrée, jamais bien loin. C’était avant l’attaque de ces derniers jours, l’époque du bonheur et de l’insouciance. Hier soir, il était urgentissime de re-fixer le « bout de bois devant la porte » avant que le monstre ne revienne dans l’appartement. Pour ces jeunes gens, qui ne savent pas qu’une vis ne se fixe pas dans un mur à coups de talon de chaussure, je suis le gars qui a tout plein d’outils et qui sait quoi faire avec, le Pro à qui on ne la fait pas. Hier soir j’étais crevé, je n’avais pas envie de renégocier le vissage de la barre avec la perceuse, et je n’ai pas trouvé de tube de colle. J’ai donc préparé un peu d’enduit avec un vieux reste de poudre et de l’eau, sous le regard médusé du voisin, très impressionné par tant de savoir-faire, mais visiblement content de voir que la « colle » a été prête en 2 temps 3 mouvements. J’ai donc tartiné la barre de seuil d’enduit et l’ai posé bien comme il faut contre leur porte d’entrée. Le résultat est visible sur les clichés ci-dessous. La 2ème photo permet de mieux voir la qualité des finitions d’angle. Il m’avait bien promis de nettoyer avant que tout soit sec, mais j’ai dû manquer de précision dans ce que j’entendais par « nettoyer ».
Toujours est il que ma mission est accomplie. La barre de seuil est solidement fixée et toute la petite famille de la souris qui est passée aux anglais est maintenant bien enfermée dans l’appartement, avec les 2 voisins.

lundi 17 août 2009

Des nouvelles du front

Je suis un peu éloigné de ma base actuellement, mais l'urgence de l'actualité impose ce rapide bulletin: la souris maléfique est toujours vivante. Tellement vivante qu'elle a chié dans le lit d'un des voisins.
Celà ne laisse qu'un canapé-lit pour deux, dans un état tellement épouvantable qu'un don à Emmaus a été jugé impensable. Cette option ne peut se solder que par la fin rapide d'une belle colocation qui a résisté à une dizaine d'années d'avanies diverses. Le sort de l'animal est donc, forcément, scellé. Je vous tiens au courant.

jeudi 13 août 2009

Paris au mois d'Août



Escale parisienne d’une journée aujourd’hui entre la Corse et le Lot. Paris est d’une tranquillité extraordinaire, les rues sont calmes, silencieuses, peu de voitures. C’est la saison des touristes, des magasins fermés ou en pleine réfection. Même ma banque n’est ouverte que le matin en ce moment, c’est vraiment une parenthèse de temps des plus bizarres.
Cette parenthèse n’est pas enchanteresse pour tout le monde. Il y a des guerres, des famines, des atrocités sans nom qui se perpètrent en ce moment. Tenez, moi, mes voisins sont terrorisés par une souris. Il y a quelques années, nous avions fait connaissance, déjà, à propos de souris, dont ils se demandaient si elles ne provenaient pas de chez moi. Idée suspicieuse et insultante, mais passons. Ils en sont venus à bout à force d'attendre les bestioles des nuits entières en se relayant pour tenir à bout de bras de gros bouquins au dessus des endroits de passage les plus probables. Ils ont écrabouillé successivement, au cours de plusieurs nuits d’horreur, 3 souris sous des encyclopédies. Splotch ! Crrack ! Aaargh !
La semaine dernière, nouvelle alerte, une souris – une grosse, une ENORME ! – est apparue, dansant la sarabande en pleine nuit, semant la panique la plus totale. Ils ont sortis les encyclopédies en vain. Le lendemain, les yeux cernés, ils ont fiévreusement acheté du poison, des tapettes, tout ce qu’il faut. Las, la nuit suivante tout a recommencé. Horreur, malheur. Il faut dire que le préposé aux tapettes savait bien qu’il fallait les appâter avec des bouts de fromage. Mais pas qu’il fallait aussi tendre le ressort. Ben oui, c’est pas évident. Bref, une nuit pour rien, la souris a galopé partout, chiant de ci de là, et bouffant le fromage généreusement offert. Les choses se sont encore gâtées le soir suivant car la souris s’est mise à grimper aux rideaux, une idée qu’elle a eue, comme ça. Elle a nargué l’un des voisins alors qu’il pianotait sur son ordinateur en faisant du trapèze sous son nez dans les rideaux de mousseline. Hystérie, hurlements, etc... ils se sont réfugiés chez moi pendant mon absence pour passer la nuit et échapper au fauve. Las, je suis rentré hier soir, la cohabitation allait être problématique, ils ont donc décidé d’aller dormir à l’hôtel. Il y a un hôtel en face de l’immeuble, mais, fidèles à la marque Marriott, ils sont allés dormir à l’autre bout de Paris. Leur appartement est, pendant ce temps, bourré de poison dans tous les recoins possibles, de tapettes (fromagées et armées) et peut-être, si mes conseils sont suivis d’effet, bientôt, de pièges à glu des plus barbares.
Etant assez sociables et bavards avec le personnel du bar et la clientèle, et craignant le ridicule avec leur histoire de souris, ils n’ont rien trouvé de plus malin que de se faire passer pour des touristes belges en visite à Paris. Ils se sont donc fait offrir un plan du métro, se sont esbaudis en entendant parler de Paris Plage et sont très bien renseignés sur les expos en cours. Ils risquent bien sûr à tout moment de se faire pincer en sortant une carte de crédit française ou un passe Navigo, mais en comparaison des nuits d’horreur passées avec la souris, le jeu vaut largement la chandelle. Ils ont pris un forfait « 3 nuits pour le prix de 2 », on n’est jamais trop prudent. Ils n’excluent pas de prolonger le séjour le temps que la souris trépasse.
Si le sympathique barman du Marriott est vraiment un professionnel, il leur aura dégotté des compatriotes pour échanger des impressions sur Paris au mois d’Août. Entre belges.