lundi 31 mars 2008

La Zona

Allez, une petite critique façon Ciné Julien pour finir le mois de Mars : La Zona premier long-métrage de Rodrigo Pla.
Dans la banlieue de Mexico, un cambriolage dans une propriété de riches enfermés derrière leurs murs, tourne mal. Des tranches d’humanité peu reluisantes, un bon suspense, un film efficace, un aperçu de ce que peut donner un certain type de libéralisme économique. Quelques facilités de scénario ? On pouvait dire la même chose de Los Olvidados en leur temps, ça reste un bon film, un film marquant. En sortant de là, on se dit qu’on a plutôt de la chance d’être nés par ici. Note : 4/5.

dimanche 30 mars 2008

Un dimanche à Pharmagora

Une invitation à la con qui m’a bien pourri mon dimanche m’a fait découvrir le salon Pharmagora, grand-messe annuelle des pharmaciens à la Porte de Versailles.

J’avais oublié, depuis ma visite au Salon de l’Agriculture au siècle dernier à quel point cet endroit est épouvantable. Une quantité de halls, de couloirs, de tapis roulants interminables, de passages interdits. Au bout de cet enfer, ne faisant qu’effleurer avec dédain le Salon du Sandwich et celui du 3eage, m’attendait Pharmagora. A moi l’univers ouaté et mystérieux de l’officine et des boules de gomme !

Bon, en fait de ouaté, c’était noir de monde. Comme quoi un dimanche dans les rues de Paris revêt bien peu d’attrait pour les pharmaciens de province. Des stands dans tous les sens. La beauté, la sveltesse et la jeunesse vantées sous toutes les coutures. Des slogans magnifiques tels que « notre expérience c’est votre réussite », ou « au service de votre exigence ». Pas mal de bas de contention (pour homme, femme ou enfant, couleur chair, ou bien noir, bleu marine, mais aussi blanc ou grège). Mais peu de choses horribles à voir, la santé c’est vraiment un univers clean, cool et sympa. Il y a bien des marchands d’attelles (pour bras, jambes, pieds), mais il font un peu crade au milieu de tant de beauté étalée. Quelques stands de banques ou de sociétés de placement, voilà des gens avisés. Un stand de marchand de vin car le Pharmacien sait ce qui est bon. Un gros stand (naturellement) pour Durex, très fréquenté par les Africains (car Pharmagora est aussi un lieu ou l’on invite ses plus gros clients dans le monde de la pharmacie francophone). Des rangées et des rangées de tiroirs de toutes sortes pour ranger les médicaments (sans se cogner la tête), avec – le fin du fin – le tuyau qui crache la boite demandée sans que le pharmacien ne quitte son comptoir, bonheur. Pas mal de stands d’ « agencement », avec des croix vertes de toutes tailles, des enseignes lumineuses magnifiques, éblouissement garanti pour tout le quartier et pour la maudite concurrence. Des blouses blanches, certes, mais avec petit liseré bleu, rose, jaune, ou gris, ou nature ? La minceur marche très, très fort, surtout avec la note incontournable (on s'adresse surtout à la province, hein ?) de « naturel ». Le conseil désintéressé est une valeur très haut portée par la corporation, visiblement. Et enfin, la révolution que tout le monde attendait : le premier lecteur trifente, oui, trifente pour lire trois Cartes Vitale, évidemment.
Je retournera l'an prochain à Pharmagora, promis, pour voir l'innovation que l'étranger nous envie: la sextufente, 3 cartes Vitale, 3 Cartes Bleues. Ca va être l’hystérie totale.

lundi 24 mars 2008

Obama écrit l'histoire

Le discours de Barack Obama à Philadelphie le 18 mars est un des textes les plus beaux et les plus pertinents sur le racisme. Il renvoie dos à dos les racistes blancs, noirs et latinos avec des exemples et de mots bien choisis. Tout n’est pas totalement génial dans on discours. Meme s'il dit l'avoir écrit lui-meme, il bute parfois sur son prompteur. Mais nul doute que des extraits de ce discours seront encore considérés comme historiques dans bien des années. La vidéo ci-dessous est une compilation de certains des meilleurs moments. Le texte complet et la vidéo sont ici.


Je ne suis a priori pas un fan de Barack. J’ai un gros faible pour Hillary qui est une femme sévèrement burnée qui, grâce à son mari et grâce aux campagnes de haine organisées contre elle par les pires des républicains, a une vraie expérience de la vie. Je trouve Obama trop boy scout, trop formaté et trop net pour être vraiment convaincant. Mais dans ce discours il est quand même sacrément bon. Il reste cool et sobre alors qu’il aurait pu se laisser aller à des intonations pathétiques. Il n’épargne pas son propre électorat: ni les blancs angéliques (« wide-eyed liberals » !) qui espèrent apaiser leur conscience à peu de frais en votant pour lui, ni les blacks qui se complaisent dans leur misérabilisme. Je n'avais jamais entendu parler de la profondeur du problème et des moyens d'essayer d'en sortir d'une façon aussi claire et crédible.
A l’heure ou la France réalise qu’elle s’est choisie un bouffon comme président, nous ne pouvons qu’envier les Américains d’avoir des candidats de cette carrure.

mercredi 19 mars 2008

La ville Bling-Bling

C’est bien ma veine, je reviens de la ville bling-bling alors que Sarko a juré de ne plus faire que dans la classe et la sobriété.

A Hong Kong, les Rolls croisent les Ferrari, il y a plus de boutiques qui vendent des (vrais) sacs Vuitton qu’à Paris, les Rolex sont énaurmes, les immeubles les plus beaux sont rapidement dépassés en hauteur et en clinquant par des nouveaux venus, plus riches, qui, en plus, leur piquent la vue sur la baie. La plus grande des boutiques Vuitton est une sorte de supermarché, il y a du monde qui fait la queue devant jusqu’à 23 heures, heure ou toutes les boutiques du coin (Dior, Rolex, Salvatore Ferragamo et autres Gucci) ferment. Les travailleurs travaillent, on croise tôt le matin sur l’autoroute des bus entièrement emplis de gens endormis ; beaucoup de gens ont deux métiers ils dorment quand ils le peuvent. Les halls d’immeubles sont grandioses, les restaurants magnifiques, les rues impeccables, la circulation policée. Genre Monaco en mille fois plus gigantesque.
A signaler quand même un endroit tout en classe et en sobriété: le bar de l’hotel Intercontinental à Kowloon, que tous les gens qui sont somebody appellent Le Régent, de son ancien nom. La nuit, depuis ce bar immense, d’une sobriété très James Bond années 60, la ville bling-bling est une merveille qui scintille. Les baies vitrées du bar donnent, du sol au plafond, sur la baie. Les immeubles que l’on dirait anarchiquement juxtaposés dans la journée prennent tout leur sens, ils s’illuminent tour à tour, les vagues de couleurs vont et viennent, les immeubles se répondent par jeux de lasers, celui de la Bank of China, presque quelconque dans la journée, fait briller une à une ses allumettes géantes qui, parait-il, dessinent un dragon. Quelques jonques (à touristes) passent lentement sur la baie. La vue est tout simplement grandiose. L’orchestre joue doucement, un vieux beau américain plus vrai que nature, sapé comme un gangster des années 40 croone dans un faux vieux micro. Dans ce havre d’harmonie et d’élégance, le bling-bling n’est quand même pas loin: l’addition est à la hauteur de l’endroit, exceptionnelle. P'tain, le bar du Régent, c'est trop la classe, quoi.

lundi 10 mars 2008

Las godasses

Dans la série questions existentielles : pourquoi les pointures de chaussures ne commencent-elles pas par 1, puis 2, 3, etc… ? Pourquoi est-ce qu’un pied de 30cm ne chausse pas « du 30 » ? ça me dépasse totalement.
En faisant des recherches approfondies sur le sujet, j’ai appris que le Japon et la Corée utilisent ce système qui est clairement le plus simple : exemple, une geisha qui a un (joli petit) pied de 48cm fait du 48, voilà.
Les anglais, eux commencent par la taille 0 qui est la première taille « pratique », soit 4 pouces (à peu près 14cm). Jusque là, ça va, mais ensuite, on continue de compter en tiers de pouces (ou barleycorns). La taille 0 (4 pouces) vaut donc 12 barleycorns, la taille maximum est le 12, soit 8 pouces ou 24 barleycorns. Les Américains comptent comme les anglais, mais, attention, ils commencent par la taille 1. Une taille 9 US est donc une taille 8 anglaise. Il faut le savoir.

En France, la pointure correspond à 3 fois la taille du pied jusqu’à l’orteil le plus long, exprimée en centimètres, et divisée par 2. Autrement dit, on exprime la pointure en « Paris points » qui valent 1,5 fois la taille en centimètres. Un pied de 30cm chaussera donc du 45. Ah ben oui, là, tout s’éclaire !
Pour ceux que ces questions amusent (et qui ont du temps à perdre), cette page de forum narre les affres d’un Monsieur un peu efféminé dont la copine l’aide à chercher des chaussures en taille 39, sans qu’il se fasse foutre de sa gueule par les vendeuses. Il y a des détresses que l’on n’imagine pas.

dimanche 2 mars 2008

Peau de chagrin

Rétrécir comme une peau de chagrin.
Mais d’où vient donc cette expression ? J’ai appris à ma grande honte qu’il y a un roman archi-connu de Balzac qui s’intitule (tadaaaa !!) « La peau de chagrin ». Je ne l’ai jamais lu. Ce roman narre, semble t’il, l’histoire d’un homme qui vent son âme au diable moyennant une « peau de chagrin » qui se rétrécit un peu à l’occasion de chaque désir qu’il émet. Comme on l’imagine (surtout pour ceux qui ont lu Le portrait de Dorian Gray), l’histoire ne finit pas bien pour le Monsieur.
On se dit donc qu’on voit bien l’idée : « peau de chagrin » = « peau de misère » (peuchère, Bonne mère !), « peau de malheur » (p’tain, ça fait trop ièch !), « peau de malédiction » (Grands Dieux !). Eh bien non, et c’est là le génie de Balzac, car le « chagrin », nous dit le TLFI, est AUSSI une « espèce de cuir grenu, préparé avec la peau de la croupe du mulet, de l'âne ou du cheval et utilisé en reliure et en maroquinerie de luxe ». La peau de chagrin était donc un morceau de cuir tanné façon reliure de livre. Sacré jeu de mots. Ce Balzac, là, il était futé. Moi je propose que, dorénavant, chaque enfant de CM2 il adopte un livre de Balzac. Pour pas qu’on oublie cet auteur obscur.
Sinon, le titre en anglais de « La Peau de Chagrin » est « The Wild-Ass's Skin ». Car « ass » veut aussi dire « âne », bien sûr. Qu’est-ce que vous alliez imaginer ?