samedi 30 juin 2007

Je clavarde, tu clavardes, il clavarde, nous clavardons, vous clavardez, ils clavardent.

Je viens de découvrir que la version québécoise de « chat » est « clavardage » (mot valise formé par clavier plus bavardage).
Bon, pour être honnête, l’usage du terme n’a pas l’air plus universel chez nos cousins transatlantiques que l’usage de « mèl » pour « e-mail » chez nous. Mais c’est quand même bien trouvé.

mercredi 27 juin 2007

Le réveil Braun AB 314 « voice control »

Dans la série « c’était mieux avant », voici le réveil Braun à réponse vocale référence AB 314 VSL.
Un modèle que l’on connaissait bien dans les années 80 et même 90. La plupart des duty-free shops d’aéroport stockaient cet article, emblématique du design germanique d’alors. Ce réveil a ceci d’unique qu’il est « voice controlled ». Il a un petit micro gris sur le devant et on arrête la sonnerie en émettant un bruit. La sonnerie reprend ensuite toutes les 8 minutes jusqu’à ce qu’on l’arrête définitivement en appuyant sur le bouton rouge. La nature du bruit importe peu, pourvu que ce soit assez fort. On peut pousser un cri strident, par exemple, ou bien gueuler des insanités ou un air d’opéra, c’est comme on veut. Pour ma part, j’émets un grognement quand j’entends le bip-bip-bip caractéristique, et ça marche à tous les coups depuis une vingtaine d’années (j’ai commencé très jeune). Quand je ne suis pas chez moi et que j’entends n’importe quelle sonnerie de réveil, je grogne aussi, ce qui étonne d’aucuns, mais c’est une autre histoire. Braun avait aussi une version « reflex control » (AB 314 RSL) : la sonnerie s’arrêtait quand on agitait la main devant le réveil. Pfff… quelle idée saugrenue. Qui a le courage de sortir le bras du lit et de l’agiter devant le réveil peut aussi bien appuyer sur le bouton « snooze » ; totalement crétin, ça. Non, non, l’intérêt du AB 314 est qu’on peut l’arrêter sans bouger d’un poil, ben oui c’est ça qu’il avait besoin de, le consommateur. Ils avaient compris ça, les gars de chez Braun, ces fins connaisseurs de l’âme humaine.

Le drame est que ces gars ont cessé de fabriquer la merveille sans me prévenir. Sans doute ont-ils dû arrêter d’en vendre pour cause d’inusabilité. Je peux témoigner : je suis l’heureux propriétaire de 3 de ces appareils, qui ont tous eu une bonne raison d’être achetés à des moments divers. Ils marchent tous les trois comme des charmes.
J’ai une angoisse, cependant. Mon angoisse tient à l’augmentation de l’espérance de vie. Il me reste, si Dieu le veut, une bonne quarantaine d’années à avoir un besoin impératif d’un réveil qu’on arrête en grognant. Ensuite, en maison de retraite, je me ferai réveiller par le chariot du petit déjeuner (café au lait avec biscottes cassées dedans), ce sera bien plus simple.
Le design teuton est costaud, mais je doute que l’un de mes trois réveils tienne 40 ans de plus. Après avoir demandé depuis des années dans des dizaines de boutiques, erré avec espoir dans les duty-free shops d'innombrables aéroports, j’ai enfin trouvé sur le Web une boutique indienne à Toronto qui semble en avoir en stock. Ils sont à près de 100 dollars canadiens pièce (70 Euros, tout de même), plus frais d’envoi. C’est bien sûr onéreux pour des articles qu’on achetait 200 francs, mais comme ils savent qu’ils ne vendent qu’à des fanatiques prêts à tout, ils auraient tort de se priver. Ils vont jusqu’à demander d’envoyer son numéro de carte bancaire par e-mail, c’est dire s’ils sont désireux d’aider leur prochain de façon désintéressée ces braves gens.
Quelqu’un va à Toronto prochainement ? J'ai un petit service à vous demander.

lundi 25 juin 2007

La maîtresse du Président de la République

Il est un pays où l’on ne rigole pas avec l’honneur du Président de la République. Pour avoir repris dans son journal le sujet de dissertation ci-dessous, l’enseignant créatif et cinq journalistes qui ont repris l’affaire se retrouvent en prison.

"Une étudiante (Dily), prostituée économique, se retrouve dans une de ses escapades charnelles entre les griffes du président de la République jusqu'à ce que grossesse s'en suive. Parmi la cour de ses nombreux courtisans, Dily préfère attribuer la grossesse au Don Juan de président de la République. Ce dernier craignant pour son honorabilité n'arrive pas à convaincre sa nouvelle conquête d'avorter même au prix d'une menace d'assassinat. Dily finit donc par accoucher, et préfère dans un premier temps se battre pour la reconnaissance de l'enfant par M. le président que pour des fiançailles d'infortune. Malmenée par le géniteur présumé de son enfant, Dily interrompt une réunion du conseil de ministres pour exposer la situation et plaider sa cause en présence de tous les membres du gouvernement. Elle trouve un écho favorable auprès du Premier ministre qui convainc son patron de reconnaître l'enfant. La question insolite et impromptue est vite évacuée et le président de la République n'a d'autres choix que de céder en promettant de demander la main de sa maîtresse ".

Ce pays, le Mali, est pourtant un modèle de démocratie en Afrique. Parmi les cinq journalistes figurent 4 directeurs de journaux proches de l’opposition. Le Mali est, certes, un pays avancé sur le plan de la démocratie, mais ils ont encore plusieurs journaux proches de l'opposition. Ils ont encore des progrès à faire, les pauvres.

samedi 23 juin 2007

Another Gay Movie

Si vous avez aimé « American Pie », vous adorerez Another Gay Movie. L’intrigue est grosso modo la même: 4 ados veulent absolument mettre à profit l’été pour devenir de vrais hommes. Simplement, c’est gay et, surtout, beaucoup, mais alors beaucoup, plus hot. Dès les premières minutes on est dans le ton, avec Graham Norton dans le rôle d’un professeur qui prend en main de façon « un peu spéciale » (comme aurait dit Roger Peyrefitte) un de ses élèves concupiscents. Le « gay lifestyle » ne sort pas trop idéalisé de cette œuvre, c’est le moins que l’on puisse dire, mais c'est là que c'est fun et tout ça est bien vu et bien emmené.
Comme dans tous les films de parodie, le rythme est parfois un peu inégal, l’intrigue relativement convenue (bien sûr, puisqu’il s’agit d’une parodie de films et de séries télés qu’on a vues cent fois), mais le tout est quand même vraiment réussi. Il y a dans les acteurs quelques pépites et chacun trouvera à qui s’identifier ou identifier son voisin de siège… On se marre vraiment bien, mais il vaut mieux éviter d’y aller avec un(e) collègue du bureau ou un plan love. C’est très, très direct comme film, vous êtes prévenus.

mercredi 20 juin 2007

L'arrêt d'Arrêt sur Images

France 5 a décidé d'arrêter la diffusion de l'émission de Daniel Schneidermann. Cette émission, malgré un côté parfois un peu chiant parceque'elle suit une approche rigoureuse d'analyse, est quand même une des émissions les plus intelligentes du PAF. Elle n'obéit à aucun lobby (visible), elle ne cherche pas à faire de l'Audimat et elle n'a rien à nous vendre. Pour ce qui me concerne, même si je ne suis pas un spectateur assidu, chaque fois que je suis tombé dessus j'ai compris quelque chose de nouveau sur la manière dont les médias et leurs auditeurs/clients fonctionnent. Une émission qui rend plus intelligent, il n'y en a pas pléthore. Un contre-pouvoir disparaît, à l'heure où les grands médias sont de plus en plus concentrés. A l'heure aussi où notre Président applique la stratégie qui lui a si bien réussie, à savoir distiller ses "confidences exclusives" à quelques journalistes sélectionnés de groupes amis (Europe 1/Lagardère ce matin, TF1/Bouygues ce soir) qui, éperdus de gratitude, diffusent illico le message exclusif en espérant bien être ré-invités une prochaine fois. Quel journaliste peut résister à l'idée de se faire traiter en ami privilégié par un tel personnage, sachant que si ce n'est pas lui ce sera un confrère ? C'est typiquement le genre de question qui n'échappe pas à Arrêt sur Images.

Un contre-pouvoir qui disparaît du PAF maintenant est peut-être le fruit du hasard. Pour ceux qui doutent, une pétition est en ligne . En 1 minute montre en main, on fait entendre sa voix. C'est quand même bien la blogosphère, non ? Pourvu que ça dure.

lundi 18 juin 2007

La dépêche de l'AFP sur le hamster

Vous avez peut-être déjà entendu ceci, l'histoire d'Eric, Kiki et Raggot le hamster qui refait surface. C'est une ânerie, pas très fraiche en plus, mais qu'est ce qu'on se poil(e) !!!!
Une fine analyse de l'affaire est fournie sur ce site anglais. Enjoy !

dimanche 17 juin 2007

Le poulet aux 40 gousses d'ail

Intermède gastronomique et estival. La recette du poulet aux 40 gousses d’ail me tente depuis un moment, mais me retenait la crainte de l’odeur de l’ail, crainte que je partage, je crois bien, avec beaucoup d’usagers des transports en commun parisiens.
Bien. Je vous épargne la recette de ce plat traditionnel car elle est largement répandue sur Internet, mais je l’illustre de ces forts beaux clichés faits appartement maison.
Tout d’abord, le poulet, généreusement bourré à donf avec plein farci d’herbes variées et d’un citron confit (on voit pas bien le citron sur la photo, mais il est bien là). Ensuite, les aulx, au nombre d’une quarantaine environ. J’en ai mis un peu plus, c’est mon côté méditerranéen, excessif, généreux, truculent, homérique pour tout direLa cocotte hermétiquement scellée avec une pâte à sel (qui m’a donné un peu de mal, comme on peut le deviner sur la photo. Déjà à la maternelle, je n’étais pas le meilleur en pâte à modeler). Après 1h30 dans le four à 190°, la même cocotte scellée ; le système a bien fonctionné puisque c’est à peine si l’on pouvait sentir à l’extérieur une très légère odeur aillée, alors qu’à l’intérieur de la cocotte c’était UN FESTIVAL, peuchère !
Enfin, la cocotte ouverte. Alors que je m’attendais à trouver une bête blanchâtre à l’ouverture, le gallinacé était bien doré, tout à fait succulent et totalement dégraissé.
Les aulx, bien confits dans un demi litre d’huile plus la graisse du poulet, leur petit jus, donnaient une pulpe des plus savoureuses que nous dégustâmes sur des morceaux de pain grillé. Le goût de cette pulpe est très doux, légèrement noisetté, vraiment excellent. Rien à voir avec le goût et surtout l’arrière-goût de l’ail cru. Goût subtil, haleine fraîche, le plat idéal pour le dîner-séduction-ah-ben-vous-alors-vous-savez-mettre-les-petits-plats-dans-les-grands. Mon seul regret: c’est pas encore avec cette recette-là que je vais pouvoir me venger des haleines de chacal demain matin dans le RER. Caramba, encore raté.

vendredi 15 juin 2007

Soucis en vue à la SNCF

Extraits d’un article du Monde de ce jour :
« Le Canard enchaîné révélait, dans son édition du mercredi 13 juin, l'information selon laquelle François Fillon et Alain Juppé avaient pris un avion ministériel pour effectuer une partie du trajet lors de l'inauguration de la ligne TGV-Est, le 9 juin. [...] Selon Le Canard enchaîné, le train a dû s'arrêter à Nancy-Metz pour permettre au premier ministre de monter dans la rame, afin qu'il soit présent à l'arrivée à Strasbourg. Ce serait Anne-Marie Idrac, la présidente de la SNCF, qui aurait vendu la mèche à des journalistes, "vexée" parce que M. Fillon a dans son discours "égratigné la SNCF pour la médiocrité de ses performances pour le fret et l'inconfort des trajets domicile-travail", selon l'hebdomadaire ».
Le Canard veille au grain (s’il y a une contrepèterie là-dedans c’est pas ma faute, je ne les vois jamais).
PS: Je viens de lire, 2 jours plus tard, l'article du Canard Enchaîné. Il se termine par ces mots: "Réaction de Fillon quand il a appris le contre-pique d'Idrac "Cette conne-là, elle ne va pas l'emporter au paradis !". P'tain, chuis visionère, ou koi ?

mardi 12 juin 2007

Le G8, ça est très gai

Un extrait de Journal Télévisé belge que l'on a pas beaucoup vu par chez nous, pays des droits de l'homme, de la liberté de la presse et tutti quanti (comme dirait Berlusconi).

lundi 11 juin 2007

Clip de boule

On me dit que pour qu’un blog marche vraiment, il faut de la controverse, des esclandres, du sexe, du SCANDALE. Au nom de la culture du résultat qui, pendant au moins 5 ans, sera dorénavant la notre, je publie donc ceci.

Avec l’aimable collaboration de Michael Youn et de ses amis. Si avec ça la fréquentation de ce blog n’explose pas, je préfère ne pas penser aux extrémités auxquelles il me faudra recourir. Attention c’est du brutal.

jeudi 7 juin 2007

Denis a 30 ans

Denis a 30 ans aujourd’hui. Je ne le savais pas mais son mec a envoyé un e-mail à toute sa liste de distribution pour leur demander d’envoyer un mot. Il faut dire que depuis qu’ils sont partis aux US, le contact ne se fait plus que par e-mail et par un blog qui n’est pas tenu à jour très fréquemment (a priori, Denis ne lit pas mon blog, mais l’expérience m’a montré qu’il vaut mieux ne jurer de rien…). J’ai envoyé un e-mail hier soir, histoire de ne pas rater l’échéance, mais bon, j’étais pas super inspiré. Pas évident de sortir des lieux communs pour une occasion pareille.

Que m’inspirent donc ces 30 ans ? Pour ce qui est de Denis, je sais que même lorsqu’il aura 90 ans, il restera ce jeune stagiaire dont les yeux bleus m’ont totalement hypnotisé la première fois que je l’ai vu. C’est quelque chose ces yeux-là… Je dois préciser ici que jamais, au grand jamais, mes relations avec Bioutifoul Denis ne sont sorties d’un cadre absolument irréprochable. Un, j’ai putain, 17 ans ! quelques années de plus que lui, autrement dit je suis totalement transparent à ses yeux, deuxio il est super amoureux de son mec et troisio son mec est dans le genre costaud (et peut-être bien internaute), donc n’allons pas chercher des embrouilles non méritées. Je ne sais pas comment Denis va vivre ce cap, mais comme tout anniversaire celui-là est l’occasion de penser au temps qui passe, d’abord pour soi.

Dans le fond, ça ne m‘ennuie pas plus que ça d’avoir mon âge. Le temps passe à la même vitesse pour tout le monde, donc les potes avancent au même rythme. Je me sens bien mieux dans mes baskets qu’à 30 ans, moins coincé et moins provincial pour tout dire. Dans la gamme de choses matérielles qui m’intéressent il n'y a rien que je ne pourrais pas m’offrir. J’ai un boulot qui ressemble beaucoup à ce dont je rêvais à 20 ans, j’ai à mon actif des expériences de vie à l’étranger qu’on ne peut simplement pas avoir à 30 ans faute d’années « ouvrables », donc pas de déprime. Pour en revenir à l’anniversaire de Bioutifoul Denis, ce qui est bien c’est qu’à 30 ans on peut s’imaginer que quand on aura triplé son salaire on sera trois fois plus heureux. On peut rêver qu’on aura, dans le futur, des tas d'occasions de se faire plein d’autres vrais amis que ceux qu’on a déjà. On peut s’imaginer qu’on aura sûrement des occasions de changer de vie quand on le voudra. A 30 ans, on n’a pas vu des gens qui ont moins de 10 ans de plus que vous (même s’ils ont l’air d’en avoir 20 ans de plus) partir en pré-retraite et probablement se faire copieusement chier. A 30 ans, les adultes vous disent assez rarement « Monsieur ». Les étudiants n’ont pas des têtes d’enfants et les flics sont quand même plutôt plus âgés que vous. A 30 ans ont sait exactement quel âge on a quand on vous le demande. On n’embauche pas des collègues dont la date de naissance correspond à l’année de votre sortie de fac. Surtout, surtout, on ne stresse pas parce que ses parents commencent à être vraiment âgés, qu’on se demande quand est-ce qu’un gros pépin va arriver et comment on va le gérer. Finalement, la morale de tout ça, Denis, c’est qu’avoir 30 ans c’est bien et c’est pas bien.

Je raconte tout ça, mais dans le fond, je m’en fous totalement du temps qui passe. Dans ma tête, j’ai 18 ans, alors j’ai toute la vie devant moi.

mercredi 6 juin 2007

Les mousmés du petit matin

Ca devient difficile pour le joggeur matinal de profiter de l’air frais du petit matin, des rues désertes et de l’obscurité complice. Je ne sais pas si c’est juste un effet du cycle terre-soleil (inévitable) ou de la France qui se lève de plus en plus tôt (ça, c’était pas inévitable), mais il fait de plus en plus jour, de plus en plus chaud et il y a de plus en plus de gens qui traînent dans Paris à des 7 heures du matin. J’ai essayé 6h30, c’est à peine mieux, il fait grand jour, c’est tout de même agaçant.

Parmi les promeneurs du petit matin, il y a les petits groupes de japonaises. Ca se déplace rarement à plus de trois ces volatiles-là. Elles marchent à petits pas, traînant les pieds, les jambes arquées, un bob sur la tête en trimballant des sacs à main plus gros qu’elles et des plans de Paris dépliés. Elles errent de bon matin dans les rues, on en trouve pas mal près de l’Opéra ou de la place Vendôme. Elles sont debout dès potron-minet, probablement grâce au décalage horaire. Je ne me gausse pas de ces jeunes filles discrètes qui se lèvent tôt pour profiter de la beauté de Paris. A propos de jeunes filles japonaises, « jeune fille » en japonais se dit « musumé ». C’est là l’origine du mot « mousmé » que j’ai longtemps pris comme désignant la femme arabe, la mauresque au bain, la courtisane fardée, l’odalisque parfumée et experte en cochoncetés exotiques. Que nenni, c’est pas ça du tout une mousmé. A qui on dit arigato ?

dimanche 3 juin 2007

Soupe Pékinoise

Après plus d’une semaine sur les routes, j’ai bien cru me retrouver dans une belle galère à Pékin. Installé dans le salon de l’aéroport, prêt à partir, on annonce une panne de moteur de l’avion qui retarde le départ de 24 heures. Plutôt que de moisir dans un motel avec des coupons repas pour 300 passagers énervés aux frais d’Air France, je suis reparti en ville.

Le centre de Pékin qui n’était constitué la dernière fois que j’étais venu que par des vieux quartiers aux maisons basses avec chiottes collectives pour tout le pâté de maisons, ou par des immeubles grisâtres de 5-6 étages est devenu une forêt de gratte-ciels. Rien de bien ébouriffant d’un point de vue architectural, mais il y en a absolument partout. Pékin en est à son 6ème anneau concentrique de périphérique, même si le dernier est encore assez peu utilisé car il est tout de même un peu loin du gros de l’agglomération. Les avenues rectilignes du centre sont hyper propres, pas un papier qui traîne, des milliers de voitures défilent placidement, toutes neuves, ou en tout cas en excellent état et d’une propreté impeccable. Il faut dire que le centre – vaste concept - est interdit aux voitures sales et en mauvais état et aux camions. Visiblement, ça marche. Pas un seul vieux camion, pas de bus crachant des nuages de fumée en vue, très peu de bicyclettes. Il fait aller dans les coins un peu paumés pour voir des charrettes à cheval ou des bagnoles déglinguées. Les taxis sont aussi impeccables, avec des housses blanches sur les sièges, voire des chauffeurs à gants blancs comme à Tokyo. On ne rigole pas avec l’image que la ville doit donner pour les jeux Olympiques : moderne, efficace, hygiénique. Il y a partout des tours de bureaux flambant neuves avec des galeries marchandes où les plus grandes marques internationales ont leurs magasins. Magasins superbes, flambant neufs, personnel nombreux et magnifiquement habillé, mais aucun client. Il faut dire que l’on trouve les mêmes marchandises (de marques authentiques ou pas, qui voit la différence ?) pour un dixième du prix dans les marchés spécialisés à deux pas, eux aussi dans de vastes centres commerciaux sur plusieurs étages. Il y a là un capharnaum de stands de vêtements, de chaussures, de bijoux, d’appareils de toute sorte « de marque » à des prix absolument imbattables. L’existence des boutiques de luxe, qui défie tout bon sens économique, est sans doute due, comme beaucoup de choses, à une volonté politique. Si la décision a été prise, c’est qu’il y a une bonne raison, et on trouvera toujours un moyen d’éponger les pertes. Ne cherche pas à comprendre.


Dîner dans un restaurant Szechuanais ; tout est très épicé, mais de façon suffisamment subtile pour ne pas massacrer le goût. Le restaurant est bondé, mais le service est efficace et classieux, il est de bon ton de ne pas finir les plats. Vraiment beaucoup aimé le poisson dans son énorme soupière transparente d’huile rouge pimentée, au milieu de toutes sortes de baies plus ou moins explosives. Aussi profité de cette galère toute relative pour visiter le Temple du Ciel. Dans un vaste parc, une succession de temples destinés aux cérémonies durant lesquelles l’empereur priait pour de bonnes récoltes. Les temples sont de proportions très harmonieuses, l’ambiance est paisible malgré la foule autour des temples les plus spectaculaires, et on se détend de ne plus être au milieu du béton et de la grisaille. Comme à la Cité Interdite, tout ça est très bien entretenu, pas un bout de mur abîmé, les peintures des toits semblent dater d’hier mais pas grand-chose à voir à l’intérieur, peut-être parce que tout est parti à Taiwan ? Il y a un petit musée qui raconte les cérémonies impériales, avec des traductions anglaises approximatives. Le chinois doit être une langue tellement riche que l’on ne peut pas traduire autrement que par « special music » la musique céleste que jouait l’orchestre lors des cérémonies où l’empereur venait prier entouré de milliers de personnes. En ville on voit beaucoup de « traductions » en anglais à destination des visiteurs, du genre « beware of your head » ou « special beautiful delight, come for enjoy ». Peut-être se disent-ils qu’un anglais merdique est bien suffisant et que, de toutes façons, d’ici quelques années le monde entier parlera chinois?


Pas mal discuté avec une anglaise qui travaille pour une ONG de micro-finance ; elle traîne depuis des années en Chine. Selon elle, les provinces reculées sont encore gérées par les petits chefs communistes, rien à voir avec la grande ville où, pourvu que l’on ne se mêle pas de politique, on est à peu près libre de faire ce que l’on veut, surtout si c’est profitable. Elle m’a parlé des milliers de personnes contaminées par le sida dans des bleds perdus, initialement à cause de transfusions sanguines, qui font que certaines régions sont littéralement coupées du monde. Des barrages empêchent tout simplement d’y entrer ou d’en sortir, on attend que ça passe. Il y a eu aussi l’anecdote du collègue qui a longtemps habité à Pékin près d’un stade d’où il entendait de temps en temps des bruits de pétards tôt le matin. Un peu intrigué par l’heure des réjouissances, il a fini par apprendre que c’était le bruit d’exécutions au petit matin. Les Jeux Olympiques s’annoncent bien!
Après cette journée bonus, j’ai fini par repartir pour l’aéroport, les valises pleines à craquer de vêtements et de bricoles que je n’avais aucune intention d’acheter, mais, bon, à des prix pareils... A l’aéroport, encore découvert une innovation chinoise, inspirée d’une approche toute américaine des choses : au départ comme à l’arrivée, au contrôle des passeports, le passager est invité à évaluer la performance du douanier en appuyant sur un des 5 des boutons allant de « poor » à « excellent ». Le douanier ne voit pas le vote, a priori, mais prudence et la courtoisie m’ont incité à être généreux dans mon appréciation.