samedi 20 novembre 2010

Sévère et Commode

Intriguants ces deux mots, commode et sévère. Chacun évoque non seulement un adjectif mais aussi un empereur romain. Et cela est vrai en français comme en espagnol (Cómodo et Severo), et peut-être dans bien d’autres langues latines, ce qui est fort troublant, et pose question, je trouve.
Les biographes semblent pourtant dire que Commode, fils de Marc-Aurèle était tout sauf d’un caractère agréable, arrangeant, accommodant pour tout dire. Les mots les plus mesurés le concernant semblent être : sanguinaire, despotique et imprévisible. Quand à Septime Sévère, frère de Commode à la mode de Bretagne, même s’il n’est pas passé à l’histoire comme le plus comique des empereurs, rien ne semble non plus indiquer chez lui une propension particulière à la frugalité ou à la mélancolie.
Étant un très jeune enfant, j’ai cru pendant un moment que les gens sévères étaient ceux qui portaient des lunettes. J’avais joyeusement mélangé l’expression « verres » utilisées en ces temps lointains pour parler de lunettes avec l’idée, cruciale dans les cours de récréation, de la sévérité des maîtres et des maîtresses. A la question « Elle est sévère la maîtresse? », je répondais « oui » si la maîtresse portait des lunettes (car elle avait « ses verres »), et « non » dans le cas contraire. Comme les grosses lunettes des années 60, fort peu commodes, donnaient une sale tête rébarbative, l’on me trouvait fort perspicace pour mon jeune âge. Je ne saurais dire si cela a changé.

samedi 13 novembre 2010

Les petits mouchoirs

Temps maussade et long week-end: il fallait ça pour se décider à aller voir un film de 2h30.
« Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet est un film qui commence mal. Une histoire de trentenaires parisiens pas bien intéressants, fêtards nombrilistes, qui vont passer leurs vacances sur le bassin d’Arcachon, vacances à base de tours de bateau, de rosé et de joints. Quelques caractères secondaires assez gouleyants viennent perturber de temps à autre la trajectoire du petit groupe qui tourne en rond alors que se révèlent les défauts des uns et des autres. J’ai particulièrement aimé le coach, tout petit rôle mais casse-pieds magnifique. Une mention particulière pour Benoît Magimel d’une dignité à toute épreuve alors qu’autour de lui, médiocrité et scénes d’hystérie plus ou moins comiques se succèdent à grande vitesse. Avec les mésaventures sentimentales d’une bande de personnages pas bien reluisants, Guillaume Canet a réussi un film bien mené, à la fois drôle et très émouvant. Il est prudent, avant d’aller le voir, de prévoir de grands mouchoirs. Snif.

jeudi 11 novembre 2010

Potiche, by François Ozon

Quelle belle invention que le cinéma pour le bloggueur perplexe!
Potiche pourrait être un film un peu mièvre, plein de bons sentiments, ancré dans la nostalgie des années velours côtelé, tabourets en plastique, moquette à tous les étages et tapisserie orange. Mais c’est bien plus intéressant que ça, grâce à Catherine Deneuve, drôle, maternelle et touchante, et grâce à François Ozon qui sait remarquablement bien mettre en valeur les dames mûres un peu barrées et aussi, mais juste ce qu’il faut, les jolis garçons et les coiffures vaporeuses. Un bien bon divertissement avec un poil de piment doux.

mercredi 3 novembre 2010

Hereafter, by Clint Eastwood

Voilà que je peux briller, pour une fois, en parlant d’un film que personne, ou presque, n’a vu. « Hereafter » de Clint Eastwood.
Clint Eastwood n’a fait aucun mauvais film. Celui-là n’échappe pas à la règle. A l’affiche, Cécile de France et Matt Damon. Une histoire très prenante, que je ne raconterai pas ici, concernant l’au-delà (zi hereafter in English) et des gens qui y ont fait un tout petit tour. Surprise, le film commence en français, avec des sous-titres anglais, énorme innovation pour un film américain. On s’attend donc à voir la foule quitter la salle en embarquant ses pop-corns et ses seaux de breuvage. Eh bien, non, le jour où je l’ai vu, tout le monde est resté (pour voir Matt Damon, je crois bien). Là où on est moins surpris c’est que les français ont tous la tête de quelqu’un fraichement sorti du lit, la mine chiffonnée, l’air hagard, histoire de suggérer que nous sommes un peuple romantique/intellectuel/torturé/hyper intéressant/pas très propre sur lui.
Alors, me direz-vous, on va le voir ou pas ? Je dirais oui, à voir, même si ce n’est pas le meilleur Clint Eastwood. A voir pour quelques scènes d’anthologie, un film fantastique qui n’exagère pas dans les effets spéciaux et un scénario vraiment original. Les points faibles? Vous les trouverez tous seuls :-) Sortie en France en janvier 2011. Encore une critique en exclusivité nationale sur Sameplayer (Where else ?)