lundi 25 janvier 2010

Des hommes sérieux

Rien à la télé ce soir. Dix minutes d’affilée sur TF1 (probablement un record personnel) m’ont suffit pour ne pas vouloir voir la suite de l’opération de communication de Sarkozy. Du paternalisme, de la complaisance, du faux débat huilé à l’avance, de la, propagande à l’ancienne, merci bien.
Allez plutôt voir « A Serious Man » des frères Coen, l’histoire d’un homme juif du Minnesota dans les années 50 qui n’a vraiment pas de chance dans la vie. Pourtant il ne fait rien de mal, c’est un homme sérieux, mais tout lui tombe dessus. Comme toujours avec les frères Coen, l'image est superbe, les trognes des acteurs sont impayables, et le scénario est aux petits oignons. Un très, très bon film, pourvu que, sur la fin, l’on accepte le mystère (ceux qui ont vu le film comprendront).
Dans un autre genre, « Une petite zone de turbulence », d’Alfred Lot (?) avec Michel Blanc (ah, OK !) m’a aussi vraiment bien plu. Là aussi, un homme qui n’a pas de chance dans la vie, même s’il y est quand même, un peu, pour quelque chose. Une atmosphère de pièce anglaise, le film est tiré d’une pièce intitulée « A spot of bother », c’est tout dire. Ce qui est bien récemment avec Michel Blanc c’est que, parvenu à une certaine maturité, il réussit, comment dirais-je, à nous en dire pas mal sur lui à travers des personnages nettement plus jeunes et jolis que lui (Cyril Descours, en l’occurrence). Et quand il fait ça, on aime bien ce qu’il nous dit et comment il le dit (ceux qui ont vu le film comprendront).

Si avec ça vous n’avez pas déjà éteint TF1 et couru au cinéma, c’est que vous vous êtes sérieusement endormis devant Sarkozy et Jean-Pierre Pernaut. On ne peut pas vous en vouloir. C’est peut-être même fait pour, allez savoir.

samedi 23 janvier 2010

La burqa

Autant je trouve le débat sur l’identité nationale totalement pestilentiel, autant je trouve que celui sur la burqa n’est pas mal venu.
La mission parlementaire qui a rendu son rapport recommande l’interdiction de la burqa, très bien. Je me demande quand même si verbaliser des femmes portant la burqa dans les lieux publics n’est pas se tromper de coupable. Il me semblerait plus logique de poursuivre en justice les hommes qui poussent / incitent/ forcent/encouragent (je ne vois pas l’intérêt de nuances ici) les femmes à se masquer totalement le visage. Il s’agit d’une violence faite aux femmes qui devrait être passible des tribunaux, tout comme l’est la séquestration. Il y a des pays où il n’est pas illégal d’enfermer sa femme ou ses enfants dans sa cave, en France, si. Cette histoire de burqa n’a rien à voir avec la religion ni la tradition, mais tout à voir avec la bêtise, l’ignorance, l’intolérance et la brutalité. Donc, c’est non, et passons à autre chose.

samedi 16 janvier 2010

Enfin !

Madame Roselyne Bachelot-Narquin, Ministre de la Santé et des Sports vient enfin de me faire parvenir mon « Bon de vaccination contre la grippe A/H1N1 ».
Mme Bachelot-Narquin n’est pas mesquine, car le bon est valable pour deux injections. Elle est aussi d’une frugalité de bon aloi car, plutôt que de timbrer avec un joli timbre de collection, elle m’a envoyé sa lettre par Eco Pli, posté depuis Lille. Il devait y avoir un match de foot ou quelque chose d’important comme ça pour qu’elle me l’envoie de Lille. En tout cas, c’est gentil à elle de penser à moi pendant ses déplacements. Elle a été gentille, déjà, en décembre, elle m’a envoyé un courrier pour le dépistage du cancer colorectal, gratuit et tout. Et, chose poilante, j’ai reçu, exactement le même jour, mon premier relevé de points de retraite.
J'attends impatiemment l’invitation au goûter des anciens du quartier.

mercredi 13 janvier 2010

Pour Haïti ? Non, merci.

Encore un désastre à Haïti, cette fois-ci plus brutal et plus visible que les autres. Ce pays est l’exemple parfait de la spirale infernale de la pauvreté. Il paye en tout premier le prix de l’incompétence de ses dirigeants. La comparaison la plus explicite est avec son voisin direct, la République Dominicaine, très loin d’être un modèle de démocratie mais où la monstruosité et la bêtise crasse des dictateurs successifs (qui n’a rien eu à envier à ceux d’Haïti), n’ont pas empêché l’émergence d’une économie qui tient raisonnablement debout. Tout s’est effondré parce que tout a été construit par des escrocs et des incompétents. Il va y avoir un bel élan de solidarité, car les images font mal, mais l’argent de la solidarité internationale va encore une fois être accaparé d’abord par les dirigeants corrompus d’Haïti. Depuis son indépendance en 1804, la classe dirigeante haïtienne n’investit pas une gourde dans le pays, mais elle l’exploite abondamment. Leurs fortunes sont à l’étranger, leurs rejetons traînent dans les ambassades à l’étranger, font du gras dans les organismes internationaux, en se contrefichant de ce pays qui les fait vivre. La seule solution est que la communauté internationale prenne ce pays sous sa tutelle, comme elle a su le faire en ex-Yougoslavie, en expulse les dirigeants politiques, établisse une cour de justice pour évaluer d’où viennent les grosses fortunes de l’île, confisque celles qui ne sont pas justifiées et rebâtisse tout ce merdier.
J’ai reçu un e-mail de Care lançant une souscription d’urgence de 30000 Euros pour venir en aide aux haïtiens. J'ai le chéquier plutôt facile pour les bonnes causes, mais cette fois, je ne vais pas répondre à l'appel. En dehors du côté dérisoire de la demande, le problème d’Haïti n’est pas le problème des citoyens de bonne volonté ni des ONG. Haïti est une des hontes du monde, mais d’abord, la honte du continent américain. C’est aux politiques du reste du monde, et d'abord de ceux d'Amérique, de faire leur métier, de mobiliser les milliards de dollars nécessaires et d’arrêter ce scandale une fois pour toute.

dimanche 10 janvier 2010

Les pandores

L’inspiration n’est pas au plus haut, maintenant que la nature est engourdie et que la bise est venue. Plutôt qu’aller crier famine, chez la voisine, je fais les fonds de tiroir, et cherche à répondre à des interrogations fondamentales, qui sont chez moi, allez savoir pourquoi, souvent de nature étymologique.
Dernière en date : pourquoi appelle t’on les gendarmes des « pandores ». Nous connaissons tous, bien sûr, Pandore, la première femme dans la mythologie grecque, et – de par le fait – la première gourdasse jeune effrontée qui, ne pouvant d’empêcher d’aller voir ce qu’il y avait dans la boîte (de Pandore) libéra tous les maux de l’humanité (c’est malin), mais aussi l’espérance (ah, tout de même).
Bien, mais quel rapport entre des gendarmes et cette gourgandine jeune femme? J’avais bien pensé à « pandoro », le gâteau italien, ou à la double interjection « Pan ! dors ! » que répétait souvent au jeune dieu Pan sa maman excédée de l’entendre jouer de la flûte à l’heure de la sieste. Mais non, toutes ces pistes étaient de fausses pistes.
L’origine de l’expression, me disent les vieux grimoires, vient d’une chanson de 1853 du célèbre Gustave Nadaud intitulée « Les 2 gendarmes », et dans laquelle l’un d’eux est dénommé « Pandore » et l’autre, simplement, « brigadier ». Nous nous souvenons tous du refrain « Brrrrigadier, vous avez rrrraison ! », eh bien, elle provient de cette chanson là. Il me semble que le nom Pandore a été mis-là pour rimer avec « sonore, dore, adore, etc… ». Autrement dit, nos gendarmes auraient aussi bien pu se voir affubler du sobriquet de Totor, Poulidor, Cocore, Picore , Jador ou encore Nonore. A quoi ça tient, des fois. Vivement le dégel.

jeudi 7 janvier 2010

Fouilles

Alors voilà, il suffit d’un illuminé nigérian qui veut fêter Noël en faisant passer tout un Boeing avec lui au paradis où coule le lait, le miel et où roucoulent une quarantaine de gazelles immaculées, pour que tout le monde panique. Et que je te convoque les généraux, que je te pond des règlements, que j’attaque le Yémen, que je met sur liste de suspects les ressortissants de la moitié de la terre, et que je passe commande , de toute urgence, de « scanners corporels ». En avant la fouille systématique. Comment ça « ça va être compliqué avec 2 scanners pour toute la France » ? Mais vous êtes un terroriste, ou quoi? Mauvais mouton, vous ne croyez pas ce qu’on vous dit à la télé?
Nous vivons tellement dans le monde de la rumeur immédiate, du scandale en puissance, des agences de presse qui cherchent la prochaine calamité, que tout est décidé dans la panique, dans les déclarations tonitruantes, et généralement nullement suivi d’effet.
Sur l’affaire de la vaccination grippe, le bon peuple est convaincu que « les labos » s’en sont mis plein les poches (le bon peuple dit « fouilles » me dit-on, d’où mon fin titre de billet. Ah, c'est pour ça? Oui), en connivence avec les politiciens pourris. Qu’importe que le chiffre d’affaires du vaccin grippe soit à peine 1% du chiffre d’affaire total de ces firmes, la magouille est là, c’est sûr.
Pourtant, personne ne soupçonne l’industrie de la sécurité (fournisseurs de gorilles en tout genre, fabricants de portiques de sécurité, des fameux « scanners ») de s’accommoder fort bien de la peur panique de voir un avion sauter en vol. J’attends le premier attentat dans une gare, le métro, ou bien en pleine ville avec un camion citerne garni de dynamite, pour voir quelles mesures de sécurité on va mettre en place et qui va s’en frotter les mains. Il y a sûrement plus efficace et moins cher pour éliminer quelques barbus fanatiques que dépenser des milliards d’Euros en protections illusoires. Il y a des services secrets et des barbouzes pour ça. Mais « principe de précaution » oblige, il faut faire de la communication, du visible, du populaire, alors on fonce tête baissée dans le panneau.
Dans un genre assez voisin, les judicieux investissements de Thierry Lhermitte dans une société qui va largement profiter de la remarquable loi HADOPI montrent qu’il n’y a pas de mal à servir l’intérêt commun en même temps que le sien. Absolument, Thèrèse.

dimanche 3 janvier 2010

Rome: les bons plans

Résumé des bons plans du Nouvel An 2009-2010 à Rome, un tant soit peu en vrac, avant que Mme BBGS ne me vole le sujet :
- Pour voir 3 tableaux du Caravage d’un seul coup et à l’œil : l’église Saint Louis des Français. En entrant au fond à gauche, on ne peut pas les louper, c’est là qu’est agglutinée la foule. Il y a de tout, des esthètes, des paumés, de la famille BCBG genre attaché militaire avec 6 marmots, des sacs à dos, des rustauds de tous poils sous prétexte que c’est gratuit. Il y avait même un Monsieur très vulgaire en gros manteau avec deux putes ukrainiennes dames blondes fort maquillées. Et puis 3 magnifiques tableaux du Caravage, tout de même.
- Pour voir un max de doudounes noires luisantes façon Moncler: se balader dans le secteur de la Place d’Espagne, du Corso, et du Quirinal le 2 janvier, jour de démarrage des soldes. Foule compacte, habillée essentiellement de noir, dont une très forte proportion de doudounes noires. Autre phénomène rare à déguster : des italiens faisant vraiment la queue (devant les meilleures boutiques qui ne laissent entrer qu’un nombre raisonnable d’amateurs de soldes)
- Pour voir un maximum de gens cool, propres sur eux, cordiaux, quoi que cheminant en groupes bruyants, à la vitesse de l’escargot dépressif : même conseil que ci-dessus. Attention, le contraste avec une foule française peut être déprimant.
- Pour visiter tout seul les jardins du Pape au Vatican, profiter de la reproduction de la grotte de Lourdes qu’il s’est fait faire rien que pour lui et voir la coupole de St Pierre dans un écrin de verdure : avoir une connaissance dans le corps diplomatique accrédité auprès du Saint Siège. A défaut, prévoir 40 Euros par personne, seulement sur réservation et en visites de groupes.
- Pour amener un chien au Vatican : ne pas même y penser, les chiens sont interdits de séjour. Moi je dis que c’est des sales bêtes. De toutes façons je préfère les chats.
- Pour être au premier rang lors de l’audience papale du mercredi (entre 3000 et 5000 personnes, tout de même) : amener un cadeau au Très Saint Père. Avec un peu de chance, on peut même avoir un mot gentil de Sa Sainteté si le cadeau a le bonheur de l’intéresser. Il a déjà beaucoup de colliers de nouilles et de tableaux en lentilles, et son chat ne mange pas n’importe quoi.
- Pour voir la tombe de Pie XII dans les caves du Vatican : avoir une connaissance dans le corps diplomatique accrédité auprès du Saint Siège (ou un pote garde suisse, ça doit aussi marcher). Les tombes des autres papes sont accessibles au public, soit dans la basilique St Pierre, soit en sous-sol dans les « grottes vaticanes », mais pas celle de Pie XII, pas indiquée et dans un couloir circulaire interdit au public. Le corridor qui y mène est étroit, c’est sans doute pour ça. Sinon, la tombe est tout à fait quelconque, la statue dans la basilique, avec les lunettes rondes et tout, est nettement plus inquiétante.
- Pour trouver un coin où pisser dans la rue : bonne chance.
- Pour visiter les catacombes un 1er Janvier : choisir un autre jour, c’est fermé, chuiso, closed, geschlossen.
- Pour profiter des feux d'artifice du 1er janvier: avoir une connaissance ayant un appartement avec terrasse et vue sur toute la ville. Des centaines de feux d'artifice sont tirés à minuit et autour de minuit dans tous les coins de la ville, des petits des grands, des pétards par centaines, du boucan, de la fumée partout. Un vacarme incroyable, et encore ce n'était que le passage à l'an 2010.
- Descendre dans un hôtel fréquenté par les plus grandes stars: signer soi-même le livre d'or de l'hôtel du nom d'une idole célèbre mondialement, prendre en photo et publier (exemple ci-contre).
- Enfin, pour chanter Avé, Avé, Avé Maria au dîner, une bonne adresse « L’Eau Vive », restaurant tenu par des sœurs missionnaires et cuisinières. Le midi, menu pas cher (si possible à laisser aux nécessiteux, un peu de décence svp), le soir dîner plus gastronomique d’inspiration française (cuisses de grenouille Charlemagne), et quelques plats asiatiques et africains, pour que les missionnaires n’aient pas trop le mal du pays. A la carte également, pour les enfants « Nouilles sauce tomate ». A l’Eau Vive de Rome, comme à celui de Bobo Dioulasso (Burkina Faso) que j’ai eu le bonheur de fréquenter, le clou de la soirée est le moment où les sœurs chantent, en invitant les convives à les joindre, l’Ave Maria de Lourdes. Nous avons eu droit également, en bonus, à une petite danse sur des paroles de Sainte Thérèse de Lisieux en italien, une musique de Cat Stevens « Morning has broken », et une chorégraphie entièrement maison. Une expérience qui inspire la réflexion et le respect. L’Eau Vive, Via Monterone 85 (tout près de la Piazza San Eustachio), tel 0668801095, info@restaurant-eauvive.it.
Pour encore plus de super bons plans, pour les plans détaillés, les adresses, les photos en couleur et tous renseignements, voir BBGS. Auguri a tutti !