vendredi 24 septembre 2010

Le bandicoot

Errant entre deux sessions d’un congrès de parasitologie à Melbourne, je suis resté scotché par un gros type, visiblement d’origine chinoise mais avec un accent australien à couper au couteau, qui ne cessait de parler de toutes sortes de bestioles qui parasitent les « bandicoots ». Son accent génial, sa dégaine de gros geek à lunettes et la façon gourmande dont il disait « bandicoot » ont fait ma joie pendant ses 15 minutes de présentation. Hélas, il n’avait pas d’image de bandicoot pour m’éclairer ; je devais être le seul auditeur non autralien, le seul à n’avoir aucune idée de ce dont il parlait. J’ai quand même compris que le bandicoot était une bête, mais quelle sorte de bête, me suis-je alors demandé ? Avec un nom comme ça, ça doit être une sale bête (d’où le nom de « bandit », sans doute), avec des rayures (ça fait plus bagnard), et, comme c’est un animal australien à tous les coups ce doit être un marsupial bizarre ou, à la rigueur, une variété d'ornithorynque (mais un ornithorynque du désert, forcément, car on n’imagine pas une bête australienne avec une sale réputation et des rayures vivre ailleurs que dans le désert, n’est ce pas ?).
Je viens, plusieurs mois plus tard, de demander à Google d’éclairer le mystère. Et voilà que j’apprends que la bête était, grosso modo comme je l’imaginais, marsupial et tout, mais en nettement plus petit, genre 500 grammes (j’imaginais ça en genre chacal, dingo, ou hyène, vous voyez un peu ?). Mais, surprise, j’apprends qu’il n'y a pas un bandicoot mais moult espèces de bandicoots. Et on ne m’avait rien dit !!? Il y a le bandicoot à pied de cochon, le bandicoot doré, le bandicoot brun du Nord et celui du Sud, celui de Bougainville, sans parler du bandicoot lapin et du bandicoot lapin à queue blanche et plein d’autres encore, c’est totalement fou le monde des bandicoots.
La où ça se corse, c’est qu’il y a même un bandicoot rayé (YEESSS !!!), qui est, je cite, « très agressif et bagarreur et vit en solitaire » même qu’il est en voie d’extinction celui-là, on l’appelle Bandicoot rayé de l’est, Eastern Barred Bandicoot ou Perameles gunii.

J’espère que vous réalisez le prodige : j’ai imaginé, rien qu'en écoutant un gros chinois pérorer en australien, une des bêtes les plus rares de la planète, le mythique Perameles gunii. Il y a des fois, je me fais peur.




jeudi 23 septembre 2010

Un monde qui change

Reçu ce jour cet aimable message de mon conseiller-clientèle BNP-Paribas

INVITATION PERSONNEL
Bonjour Monsieur ….,

Afin de vous remercier de votre fidélité nous avons le plaisir de vous inviter à une conférence sur le thème de " l'assurance vie ".
Cette conférence à pour but de vous apporter un éclairage précis sur placement préféré des français dans un cadre conviviale qui sort du contexte classique de nos entretiens en agence.
Lors de cette conférence, vous pourrez poser les questions que vous souhaiter. Cette conférence sera suivie d’un cocktail
Une fois votre présence confirmé, une invitation papier vous sera transmise par courrier une semaine avant la date prévu.
Cordialement.

samedi 18 septembre 2010

Cranford

J’ai bien pensé faire un billet sur les ravages causés par Sarkozy à l’image de la France et à la dignité de la fonction présidentielle. Mais plutôt que de s’embourber dans la médiocrité ambiante, et fidèle à la mission éducative de ce blog, je préfère vous parler de Cranford.
C’est une mini-série de la BBC qui, en 5 épidodes, nous fait vivre la vie d’un village anglais, nommé Cranford, pendant l’année 1842. On est à une époque prude, où les grands sentiments sont à fleur de peau, où la vie est courte et facilement tragique. On suit divers personnages, dont des dames très comme-il-faut, un petit garçon méritant mais fils de braconnier alcoolique, un jeune médecin qui fait tourner les têtes des dames, et une châtelaine totalement terrifiée à l’idée que le chemin de fer va amener à Cranford des hordes populaires, donc alcooliques, ignorantes et violentes. A propose de violence, la France, pour les gens de Cranford, est une contrée inquiétante, mais heureusement lointaine de révolutionnaires sans culottes (Good lord !). L’essentiel des aventures qui peuvent arriver aux gens de Cranford sont économiques (la ruine soudaine), ou médicales (l’amputation comme seul remède à une mauvaise fracture). Mais surtout, elles sont sentimentales. La série joue habilement sur les bons sentiments, mais on se laisse prendre volontiers à ces tempêtes dans des tasses de thé léger. Une série courte, qui dépayse étonnament, et qui donne à réfléchir sur l’évolution de nos sociétés. Quite an adventure.

dimanche 12 septembre 2010

La fête de l'Humanité

Sighet est une petite ville de Roumanie à la frontière de l'Ukraine. Le Mémorial des Victimes du Communisme et de la Résistance de Sighet est une ancienne prison de la Securitate roumaine, dont chaque cellule retrace un aspect du communisme : élections truquées, camps de concentration, mainmise sur les médias, procès politiques, etc…La mise en scène n’est pas spectaculaire car il y a très peu d’images de tous ces évènements. Le musée évoque la situation qu’ont connue chacun des pays d’Europe centrale et de l’Est et est, à cet égard, extrêmement instructif. Dans le domaine de l’horreur toute comptabilité est indécente. Il est tout de même frappant de voir à quel point le sort des dizaines de millions de victimes du communisme en URSS, Chine, Vietnam, Cuba, Corée du Nord, Cambodge et en Europe n’intéresse personne. Quel autre musée que celui de Sighet est là pour la mémoire et l’éducation des générations futures ?
Par comparaison, la mémoire de la Shoah est largement présente. On ne compte pas les musées partout dans le monde, les colloques, films, livres et organisations de mémoire qui perpétuent le souvenir des 6 millions de juifs victimes du nazisme. Israël utilise depuis longtemps la Shoah à des fins diplomatiques et des dédommagements financiers sont à portée des survivants et de leurs descendants. Beaucoup de bonnes raisons d’entretenir la flamme.
Il y a eu sans doute dix fois plus de victimes du communisme (et il y en a encore à l’instant en Corée du Nord et à Cuba), mais aucune des puissances politiques actuelles n’a d’intérêt à raviver leur mémoire, et il n’y a aucune indemnité financière à attendre de la Russie, encore moins de la Chine. On nous dit que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Mais tous ne sont pas égaux dans la mémoire de l’humanité.

mardi 7 septembre 2010

Le Montespan - La Désolation

Je ne suis pas fan des romans historiques. Pourtant, j’avais beaucoup aimé « Moi, François Villon » de Jean Teulé. Hélas, « Le Montespan » du même auteur est le pire livre que j’ai lu cette année.
L’histoire est pourtant intéressante. Le marquis de Montespan ne veut pas accepter que sa femme soit la maîtresse de Louis XIV et il veut le faire savoir à la terre entière à commencer par les deux premiers intéressés. Le roi n’étant pas de nature badine, notre marquis prend, à ce petit jeu, des risques de plus en plus grands.
Grâce à nombre de téléfilms de qualité sur le service public, on sait bien que la Montespan a fini par être déplacée par la Maintenon, mais, même si on connait la fin, on est quand même intéressé d’en savoir plus. Comme dans ses autres livres, Jean Teulé pimente son récit d’informations plutôt intéressantes sur les mœurs de l’époque. mais là, on a dû donner 2 jours à un gamin de CM2 pour meubler le vide entre les fiches qui documentent les évènements que l’Histoire a retenus sur cette affaire. Le résultat est une série de platitudes, d’anachronismes invraisemblables et surtout, surtout! de dialogues d’une bêtise et d’une vulgarité à pleurer.
Curieusement, ce bouquin est dans les listes de meilleures ventes en poche et on le trouve donc un peu partout. Si d’aventure vous le voyez, n’hésitez pas une seconde, prenez le livre à côté, ou bien lisez en quelques lignes de dialogues, juste pour le fun (et achetez le livre d’à côté).

samedi 4 septembre 2010

La République nous appelle

Cet après-midi, Place de la République




Et ce soir sur le site du Monde: la lettre de Tahar ben Jelloun