mercredi 22 décembre 2010

Pas brillant

Le livre de Jean Echenoz, « Des éclairs » (Ed. de Minuit, 176 p., 14,50 EUR) m’a beaucoup déçu. Le précèdent, « Courir », qui racontait la vie d’Emil Zatopek m’avait tenu en haleine. Les descriptions des hauts et des bas de cet athlète étaient, dans mon souvenir en tout cas, bien écrites, intéressantes, surprenantes. Grande déception avec « Des éclairs », sur la vie de Nikola Tesla. Inventeur de génie, méconnu, de surcroit, sa vie méritait d’être mieux connue. Mais pourquoi ce style digne d’une Miss France : « A part ça, chaque jour à midi, il arrive au siège de sa société », « Le bon air ça va un moment, mais rentrons à présent » « Nouveau sale coup pour Gregor » ?
Le meilleur passage du livre est celui où Jean Echenoz parle de sa haine des pigeons. Quel dommage qu’il n’ait pas préféré écrire un livre entier là-dessus. Il tenait là un magnifique sujet, encore peu traité, alors que toute personne sensée partage avec lui une haine irrépressible de ces bêtes maléfiques. Voilà une bonne idée pour décrocher le prochain Goncourt, ou, au minimum, le prochain Prix des maisons de la presse. L’idée est offerte à titre gracieux, dans le plus bel esprit de Noël.

dimanche 19 décembre 2010

Don't ask, don't tell

Le Sénat américain vient d’approuver la suppression de la loi « Don’t ask, Don’t tell » dont le résultat a été l’exclusion de 14000 militaires, gay et lesbiennes, de l’armée américaine depuis 1993. Cela après un débat comme l’aiment les Américains, dans lequel les pires imbécilités ont été proférées, mais où l’intelligence et la démocratie a finalement prévalu. Un happy ending à la Hollywood, avec petite larme au coin de l’œil. C'est quand même bien, l'Amérique.
« Don’t ask, don’t tell » aurait été fort pertinent concernant Sarkozy et la Côte d’ivoire. Je ne sais qui est l’inconscient qui lui a demandé l’autre jour dans une conférence de presse ce qu’il pensait de Laurent Gbagbo. Résultat, Sarko a donné jusqu’à la fin de la semaine à Monsieur et Madame Gbagbo pour quitter le pouvoir. Même s’il a mille fois raison sur le fond, la façon dont il s’y est pris pour dire les choses va conduire au désastre. Il s’est fait plaisir avec une posture martiale et péremptoire. Jamais il n’aurait utilisé un langage pareil pour un dirigeant birman, nord-coréen ou chinois. Mais avec des Africains, pas de souci, on peut se défouler à bon compte. Résultat : Gbagbo saute sur l’occasion pour regrouper ses partisans au nom de l’ivoirité insultée et réclame le départ des forces étrangères. Après que l’ONU, la CEDEAO, l’Union Africaine et tant d’autres aient reconnu Alassane Ouattara, quel besoin Sarkozy avait-il d’en rajouter ? Une belle occasion de se taire a été ratée.

vendredi 17 décembre 2010

Et maintenant ?

Blake Edwards nous a quittés. Nous lui devons beaucoup, et moi en particulier puisque l’Inspecteur Clouseau et le « Birdy Num-Num » ne sont pas pour rien dans ce blog.
Alors, que faire ? Continuer vaille que vaille ? Clore sur un dernier hommage : exceptionnelle Audrey Hepburn dans le rôle de Holly Golightly, bellissime, drôlissime, charmante et émouvante, un des meilleurs rôles féminins de tous les temps. Génial Peter Sellers en Hrundi V Bakshi, l’invité catastrophique et inoxydable de The Party. Se remémorer la chaleur des couleurs de New York dans Breakfast at Tiffany’s ? Soupirer à l’évocation d’une époque où l’on se creusait la tête pour traduire en français les titres de films en anglais ? (que sont devenus les emplois de ceux qui eu ont l’idée de traduire « Breakfast at Tiffany’s » par « Diamants sur canapés » ou « The deer hunter » par « Voyage au bout de l’enfer » ?). Passer un peu sous silence les diverses Panthères Roses (on ne sait jamais trop lequels on a déjà vus, et, en dehors des génériques, de la musique d’Henri Mancini, et des combats avec le fidèle Kato, on les oublie vite). Oui, en ce froid et sombre mois de décembre, un doute m’assaille. Vais-je arrêter là ce blog et prendre le deuil de Blake Edwards ? Je suis le millionième bloggueur à me poser la question : et maintenant que vais-je faire ? Ne le répétez pas, mais je ne savais pas que Blake Edwards était encore vivant, oui, je sais, c’est la honte. Je pense donc que je vais laisser passer l’occasion d’une feinte émotion, pour continuer cahin-caha à pondre des billets de temps à autre.
Tel Hrundi V Bakshi errant parmi des invités qui lui tournent le dos, perdu dans un brouhaha incompréhensible, qui sort des âneries de temps à autre, toujours à contre-temps et hors de propos, juste pour dire.

dimanche 12 décembre 2010

J'aurais voulu être journaliiiiiissste

Décidément, le journal de 20 heures de France 2 est une mine inépuisable d’inspiration, on devrait le regarder plus souvent.
En ouverture de journal ce soir : Dorothée Ollieric en direct de Stockholm à propos de l’attentat à la voiture piégée. Deux explosions de voiture et un seul mort, le kamikaze. On a clairement affaire à des professionnels, bigrement décidés et méthodiquement organisés. De vrais fanatiques ultra-équipés. Dorothée Ollieric déclare que la Suède a 500 soldats en Afghanistan, et c’est sûrement pour ça que le kamikaze s’est fait sauter. Le chef de la police de Stockholm est interviewé pour dire qu’il n’a pas d’idée précise sur le motif, mais Dorothée est lancée. Et elle conclut : tous les pays qui ont des soldats en Afghanistan peuvent s’attendre à de tels attentats. La belle précise que la France a 4000 soldats en Afghanistan. C'était magnifique.
Pour ma part, j’avais déduit de cet attentat que tous les pays où il neige à Noël et qui ont des rues piétonnes où les gens font leurs courses avec des gants, des sacs en plastique et des bonnets sur la tête sont clairement menacés par cette conspiration machiavélique. Mais je ne suis pas grand reporter à France 2.

jeudi 9 décembre 2010

Pffff.....

C’est même pas juste. Si javais une voiture, j’aurais eu plein de trucs intéressants à dire au journal de 20 heures hier:
- Ils ont même pas mis de sel
- Ils ont même pas prévu le verglas
- Et ils sont où les flics, hein ?
- Et comment ils font les suédois quand il neige ?
- Ah c’est beau la France, il neige un peu et tout s’arrête, c’est nul
- Oh ben moi j’ai mis 12 heures à faire 2 kilomètres
- Ah ben, qu’est ce que vous voulez que je fasse ? J’la laisse là et pis c’est tout
- C’est une honte, Monsieur, une honte
- Y’a qu’en France qu’on voit ça
- La petite elle a tout vomi dans la voiture, vous trouvez que c’est normal vous?
- Ras l’bol, hein ? ras l’bol. Il est où Sarko, hein? Y’a plus personne quand c’est comme ça.
Je trouve honteux que tant d’amateurs qui n’ont RIEN à dire soient passés pendant 20 minutes à la télé ces derniers jours. J’ai ma conscience pour moi : je n’ai pas de voiture, et la planète va mieux grâce à moi. Mais il y a des jours, on en a gros sur la patate.

samedi 20 novembre 2010

Sévère et Commode

Intriguants ces deux mots, commode et sévère. Chacun évoque non seulement un adjectif mais aussi un empereur romain. Et cela est vrai en français comme en espagnol (Cómodo et Severo), et peut-être dans bien d’autres langues latines, ce qui est fort troublant, et pose question, je trouve.
Les biographes semblent pourtant dire que Commode, fils de Marc-Aurèle était tout sauf d’un caractère agréable, arrangeant, accommodant pour tout dire. Les mots les plus mesurés le concernant semblent être : sanguinaire, despotique et imprévisible. Quand à Septime Sévère, frère de Commode à la mode de Bretagne, même s’il n’est pas passé à l’histoire comme le plus comique des empereurs, rien ne semble non plus indiquer chez lui une propension particulière à la frugalité ou à la mélancolie.
Étant un très jeune enfant, j’ai cru pendant un moment que les gens sévères étaient ceux qui portaient des lunettes. J’avais joyeusement mélangé l’expression « verres » utilisées en ces temps lointains pour parler de lunettes avec l’idée, cruciale dans les cours de récréation, de la sévérité des maîtres et des maîtresses. A la question « Elle est sévère la maîtresse? », je répondais « oui » si la maîtresse portait des lunettes (car elle avait « ses verres »), et « non » dans le cas contraire. Comme les grosses lunettes des années 60, fort peu commodes, donnaient une sale tête rébarbative, l’on me trouvait fort perspicace pour mon jeune âge. Je ne saurais dire si cela a changé.

samedi 13 novembre 2010

Les petits mouchoirs

Temps maussade et long week-end: il fallait ça pour se décider à aller voir un film de 2h30.
« Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet est un film qui commence mal. Une histoire de trentenaires parisiens pas bien intéressants, fêtards nombrilistes, qui vont passer leurs vacances sur le bassin d’Arcachon, vacances à base de tours de bateau, de rosé et de joints. Quelques caractères secondaires assez gouleyants viennent perturber de temps à autre la trajectoire du petit groupe qui tourne en rond alors que se révèlent les défauts des uns et des autres. J’ai particulièrement aimé le coach, tout petit rôle mais casse-pieds magnifique. Une mention particulière pour Benoît Magimel d’une dignité à toute épreuve alors qu’autour de lui, médiocrité et scénes d’hystérie plus ou moins comiques se succèdent à grande vitesse. Avec les mésaventures sentimentales d’une bande de personnages pas bien reluisants, Guillaume Canet a réussi un film bien mené, à la fois drôle et très émouvant. Il est prudent, avant d’aller le voir, de prévoir de grands mouchoirs. Snif.

jeudi 11 novembre 2010

Potiche, by François Ozon

Quelle belle invention que le cinéma pour le bloggueur perplexe!
Potiche pourrait être un film un peu mièvre, plein de bons sentiments, ancré dans la nostalgie des années velours côtelé, tabourets en plastique, moquette à tous les étages et tapisserie orange. Mais c’est bien plus intéressant que ça, grâce à Catherine Deneuve, drôle, maternelle et touchante, et grâce à François Ozon qui sait remarquablement bien mettre en valeur les dames mûres un peu barrées et aussi, mais juste ce qu’il faut, les jolis garçons et les coiffures vaporeuses. Un bien bon divertissement avec un poil de piment doux.

mercredi 3 novembre 2010

Hereafter, by Clint Eastwood

Voilà que je peux briller, pour une fois, en parlant d’un film que personne, ou presque, n’a vu. « Hereafter » de Clint Eastwood.
Clint Eastwood n’a fait aucun mauvais film. Celui-là n’échappe pas à la règle. A l’affiche, Cécile de France et Matt Damon. Une histoire très prenante, que je ne raconterai pas ici, concernant l’au-delà (zi hereafter in English) et des gens qui y ont fait un tout petit tour. Surprise, le film commence en français, avec des sous-titres anglais, énorme innovation pour un film américain. On s’attend donc à voir la foule quitter la salle en embarquant ses pop-corns et ses seaux de breuvage. Eh bien, non, le jour où je l’ai vu, tout le monde est resté (pour voir Matt Damon, je crois bien). Là où on est moins surpris c’est que les français ont tous la tête de quelqu’un fraichement sorti du lit, la mine chiffonnée, l’air hagard, histoire de suggérer que nous sommes un peuple romantique/intellectuel/torturé/hyper intéressant/pas très propre sur lui.
Alors, me direz-vous, on va le voir ou pas ? Je dirais oui, à voir, même si ce n’est pas le meilleur Clint Eastwood. A voir pour quelques scènes d’anthologie, un film fantastique qui n’exagère pas dans les effets spéciaux et un scénario vraiment original. Les points faibles? Vous les trouverez tous seuls :-) Sortie en France en janvier 2011. Encore une critique en exclusivité nationale sur Sameplayer (Where else ?)

dimanche 31 octobre 2010

God Guns Gays

La campagne de mi-mandat s’achève aux Etats-Unis, avec quelques soucis pour Barack Obama. Les démocrates et lui ont face à eux une des droites les plus bêtes du monde, que des éditorialistes ont résume sous l’expression « God, Guns, Gays ». Dieu est mis à tous les sauces aux USA, mais la droite du Tea Party fait surtout appel à Lui sur les thèmes les plus obscurantistes tels que la lutte contre le terrorisme, sous-entendu la lutte contre l’islamisme pour ne pas dire contre l’islam. Le droit de porter des armes, inscrit dans la constitution il y a 2 siècles, est une notion semble t’il vitale pour une partie de l’électorat, et sûrement pour le business des marchands d’armes. Enfin, les droits des homosexuels, sur des sujets divers allant de la discrimination sur les lieux de travail jusqu’au mariage et au droit à l’adoption sont un thème bien « clivant », comme les aiment les républicains les plus rassis.
Quel peut être l’impact de ces thèmes en France, dans un contexte pré-électoral certainement très préoccupant pour le pouvoir en place, mais encore en manque d’un sujet de controverse bien clivant ? Sur le thème de Dieu, notre bon Président, toujours à l’affut de ce qui se fait de mieux aux USA, fait des travaux d’approche pour se concilier l’électorat catholique mais dans notre pays laïque ce n’est sans doute pas un sujet qui peut faire la différence le jour de l’élection. Le droit de porter des armes évoque chez nous le droit des chasseurs, là non plus, pas de qui attendre un raz-de-marée électoral. Reste le thème des gays. C’est un sujet peu utilisé, en tout cas de façon trop visible, par la droite française, qui s’est couverte de ridicule au moment du débat sur le PACS. Pourvu que ça dure, Inch'Allah.

dimanche 24 octobre 2010

Dignity

Le gouvernement anglais a annoncé un plan d’austérité, et les anglais comprennent que c’est pour le bien du pays. Une large majorité de français semble approuver un mouvement qui remet en cause l’allongement de 2 ans (2 ans !) la durée de travail avant la retraite. Les notions de l’intérêt du pays, de l’effort collectif face aux difficultés et de la prise en charge par chacun des ses responsabilités et de son destin semblent être moins importantes que le droit à ne plus rien faire pour la collectivité. En 2005, les londoniens ont fait preuve d’une dignité exemplaire après les attentats dans le métro de Londres : pas un cri, pas une scène d’hystérie, rien que le silence, la dignité face à l’imbécilité et à l’intolérance. Nous gagnerions à nous inspirer des valeurs des anglais dans ce rayon. Il est certain que l'exemple vient de haut et que le sens de la dignité n'est pas une valeur fondamentale de nos gouvernants, mais, à leur décharge, ce sont les français qui les ont élus.

Un des plus grands malheurs qui ait affecté notre pays est que, en 1801, George III ait renoncé aux droits des souverains anglais sur la couronne de France qu’ils avaient continué de réclamer, non sans raison, depuis Edward III. En ce jour, veille du 250ème anniversaire du couronnement de George III (25 octobre 1760), il me semble juste et bon de le rappeler, et de s'en désoler.

lundi 18 octobre 2010

Fan des sixties

Train de banlieue, hier après-midi. Dialogue entre une jeune black et un encore plus jeune black, son frère vraisemblablement, tous deux joliment habillés en dimanche :
- Eh Nixon ! Nixon ! (Nixon n’entend pas, car il est sur une autre banquette, de l’autre côté du couloir, avec un iPod sur les oreilles. Je me dis que jai mal entendu, il ne peut quand même pas s’appeler Nixon) Nixooooonnn !! (ah ben, si)
- Ouais ?
- P’tain t’es sourd ?
- Ouah, non, hé
- T’as l’numéro à Maeva ?
- A qui ?
- A Maeva, Maeva, t’es sourd, Nixon ?
- Ouah, non, hé. Tu m’dis quoi, là ?
- MA-E-VA, t’as son tel ?
- Qui ça ? Maeva ? La blanche qui m’fait réviser ? Ouah, non, hé. T’es relou. T’as qu’a y demander à Indira.

mercredi 13 octobre 2010

Laurence

Je ne compte plus, dans les congrès, le nombre de gens dont la tête me dit quelque chose, mais dont je ne souviens absolument pas qui ils sont et quelle langue ils parlent. Vu le nombre de quidams qui me serrent la main d’un air complice et qui essaient de lire mon nom sur mon badge, je sais bien que je ne suis pas seul : « hello, how are youuu ? », « it’s great to see you ! », etc…L’avantage des petits congrès est que le contact est plus facile, et, parfois, les badges plus gros et faciles à lire : « How are… Ouups.. Comment ça va depuis la dernière fois ? ».
Sortant hier d’un tel petit congrès à Berlin, je repasse à l’hôtel avant de sortir. Joli hôtel, c’est de là que Michael Jackson avait failli balancer son bébé par la fenêtre à la foule hystérique, c’est vous dire le genre. Et qui vois-je venant vers moi dans le hall ? Une petite dame souriante. Je ne la replace pas immédiatement mais la partie a plus archaïque de mon cerveau me dit « elle est française, tu y vas, son nom va te revenir». Je marche donc à sa rencontre, large sourire aux lèvres, cherchant le badge, que je ne vois pas, et lui tend la main :
Moi : Bonjour, Madame, comment allez-vous ?
Elle : Bonjour, Monsieur. Je vais très bien, je vous remercie
Moi : Vraiment ce congrès est passionnant. C’est la première fois que je viens, mais je suis ravi, et vous, vous étiez-là l’an dernier ?
Elle : Hmmm… un congrès ? J’ai quelques rendez-vous à Berlin voilà tout
Moi (toujours affable) : Je suis confus. Je suis Mr Sameplayer de Big Company, et je suis sûr que nous nous connaissons...
Elle (toujours plus affable) : Je suis Laurence Parisot du MEDEF
Moi (Gloups !) : Ah. Je me disais bien que je vous avez déjà vue. Euh… ravi de vous rencontrer, donc.
Elle : Et je travaille beaucoup pour les intérêts de Big Company, vous savez
Moi : Et je vous remercie de ce que vous faites pour Big Company. Au revoir, Madame.

C’est fou comme, dès qu’il est à l’étranger, le Français sait reconnaître le Français au premier coup d’œil. C’est un don, ça ne s’explique pas.

dimanche 10 octobre 2010

10/10/10 10:10:10

Il fallait bien que je trouve quelque chose pour effacer rapidement la honte du billet précédent. Le prix Nobel de la paix, comme me l’ont signalé des dizaines de lecteurs et de lectrices attentifs est décerné par un jury norvégien et non suédois. Même si à l’époque d’Alfred Nobel les deux pays n’en faisaient qu’un c’est quand même un détail qui compte. L’autre détail étant, bien sûr, que la Norvège ne fait pas partie de la Communauté Européenne, à l’exception d’Eva Joly.
Je me suis fait la réflexion – intéressante – en regardant un reportage sur Eva Joly que cette dame doit beaucoup, en termes de reconnaissance médiatique, à ses lunettes rouges, et que cela a ses bons et ses moins bons côtés. D’un côté, elle devra porter des lunettes rouges jusqu’à la fin de ses jours si elle veut éviter qu’on ne la confonde avec la dame du tabac-PMU d’en bas. D’un autre côté, dès qu’elle change de couleur de lunettes, elle passe totalement inaperçue et peut tranquillement aller faire son tiercé au tabac-PMU d’en bas sans être dérangée par des fâcheux. Evidemment, depuis que je me suis fait ces réflexions, j’ai trouvé des tas de photos d’Eva Joly avec des lunettes noires, mais cela n’enlève rien à la profondeur de l’idée.
Tout celà m’approche tout doucement de l’objet de ce billet, à savoir l’heure fatidique à laquelle je voudrais le poster : 1o heures 10 minutes et 10 secondes en ce 10/10/10. Il n’est encore que 09 :48 :24 en ce dimanche matin ensoleillé du 10/10/10, mais je crois que je vais arrêter là ces profondes réflexions.
Comme on dit en Finlande, à chaque jour suffit sa peine, poil au renne.

vendredi 8 octobre 2010

Vive la Suède !

Ils ont osé attribuer le Prix Nobel de la paix à un dissident chinois. Dans le climat de veulerie, de populisme, de bêtise, de médiocrité ambiante, heureusement, survivent quelques défenseurs des valeurs que l'Europe aime à penser universelles. La meilleure chose qui soit arrivée à l'Europe est que les pays scandinaves rejoignent un beau jour l'Union Européenne. Ils savent ce qu'est une vraie démocratie, et ce que veut dire le mot "principe". Tack så mycket Sverige !
PS: si quelqu'un sait dire en suédois "merci au jury Nobel de m"avoir fourni un sujet inespéré de billet en cette période de manque d'inspiration bloguesque", je suis preneur (Tack, par avance, bien sûr).

lundi 4 octobre 2010

Le journalisme d'investigation

Ca fait longtemps qu’on ne voyait plus Bernard Kouchner. Et puis toutes ces rumeurs sur sa mise au placard, son départ et tout, on était inquiet. Tout récemment, à ma grande surprise je l’ai retrouvé. Il faut bien chercher, mais si on regarde France 24 on voit à quel point il joue un rôle pré-éminent sur la scène mondiale. France 24 nous informe très, mais alors très, bien là-dessus.
Une chaîne que l’on ne peut pas soupçonner de partialité, M Kouchner a été très clair là-dessus.

vendredi 1 octobre 2010

La pommade Cochon

Depuis 2 ans, j’avais tout essayé pour me débarrasser de cette verrue plantaire , dont plein de trucs qu’on trouve sur Internet :
- faire mariner une écorce de citron dans du vinaigre d’alcool et placer l’écorce, coté imbibé par le vinaigre, sur la verrue, le tout couvert par un bon pansement (flotch, flotch)
- faire brûler la verrue sauvagement à l’azote liquide par un dermato (ça fait un mal de chien, je sais je l’ai fait 3 fois en 2 ans)
- la brûler à petit feu avec de l’acide salicylique passé amoureusement au pinceau, puis recouvert d’un pansement (attention, ça lance pas mal)
- la couper au cutter régulièrement (c’est fou ce que ça produit comme cochonneries une verrue grattée au cutter), puis passer de l’acide salicylique au pinceau, etc…, etc…
Franchement, cette verrue commençait à me gâcher la vie. Pas moyen de marcher pieds nus sur des rochers, la sensation de brûlure (à cause de l’azote, de l’acide ou des deux) devenait lancinante, le genou commençait à faire mal car j’évitais de marcher directement dessus et, du coup, appuyais mal le pied par terre. Bref, l’enfer, oui Madame, l’enfer.
Jusqu’au jour récent où un petit podologue de quartier, qui ne payait pas de mine (mais se faisait quand même payer 35 Euros), m’a parlé du côté magique des verrues, des créatures capricieuses, au comportement des plus mystérieux, contre lesquelles tous les moyens pouvaient être employés, jusqu’aux plus improbables : l’ « étouffer » au vernis à ongles, faire du yoga, la maudire très, très, très fort aussi souvent que possible, aller voir un rebouteux en campagne (« y’en a qui ont des dons », essayer l’homéopathie, manger des suppléments alimentaires, tout ça dit d’un air accablé par la vie. C’était un podologue à qui les verrues cassaient les pieds, je pense. Et il m’a parlé, d’un air las, sans trop y croire, de la pommade Cochon, me disant qu’il ne fallait pas s’attendre à un miracle (bien sûr) mais qu’au bout de quelques mois d’applications régulières et de pansements occlusifs, de taille au cutter jusqu’à ce que la bête saigne, entrecoupées de pauses pour laisser la peau saine se reconstituer, peut-être, peut-être, peut-être (c’est lui qui souligne), que la maligne verrue abandonnerait le combat.
Eh bien, Mesdames et Messieurs, j’ai le bonheur inouï de vous annoncer qu’après 4 applications de pommade Cochon, 4 applications seulement (c’est moi qui souligne) la verrue nous a quitté. Disparue, adios, aouf viderzine. J’aimerais tant remercier les héritiers du bon, du très bon Docteur Cochon, qu’ils n’hésitent pas à se manifester. Ils n’auront pas affaire à un ingrat. Cochon qui s’en dédit (Je sais, c’est nul, comme chute, mais je suis content, vous pouvez pas comprendre, oink, oink).

vendredi 24 septembre 2010

Le bandicoot

Errant entre deux sessions d’un congrès de parasitologie à Melbourne, je suis resté scotché par un gros type, visiblement d’origine chinoise mais avec un accent australien à couper au couteau, qui ne cessait de parler de toutes sortes de bestioles qui parasitent les « bandicoots ». Son accent génial, sa dégaine de gros geek à lunettes et la façon gourmande dont il disait « bandicoot » ont fait ma joie pendant ses 15 minutes de présentation. Hélas, il n’avait pas d’image de bandicoot pour m’éclairer ; je devais être le seul auditeur non autralien, le seul à n’avoir aucune idée de ce dont il parlait. J’ai quand même compris que le bandicoot était une bête, mais quelle sorte de bête, me suis-je alors demandé ? Avec un nom comme ça, ça doit être une sale bête (d’où le nom de « bandit », sans doute), avec des rayures (ça fait plus bagnard), et, comme c’est un animal australien à tous les coups ce doit être un marsupial bizarre ou, à la rigueur, une variété d'ornithorynque (mais un ornithorynque du désert, forcément, car on n’imagine pas une bête australienne avec une sale réputation et des rayures vivre ailleurs que dans le désert, n’est ce pas ?).
Je viens, plusieurs mois plus tard, de demander à Google d’éclairer le mystère. Et voilà que j’apprends que la bête était, grosso modo comme je l’imaginais, marsupial et tout, mais en nettement plus petit, genre 500 grammes (j’imaginais ça en genre chacal, dingo, ou hyène, vous voyez un peu ?). Mais, surprise, j’apprends qu’il n'y a pas un bandicoot mais moult espèces de bandicoots. Et on ne m’avait rien dit !!? Il y a le bandicoot à pied de cochon, le bandicoot doré, le bandicoot brun du Nord et celui du Sud, celui de Bougainville, sans parler du bandicoot lapin et du bandicoot lapin à queue blanche et plein d’autres encore, c’est totalement fou le monde des bandicoots.
La où ça se corse, c’est qu’il y a même un bandicoot rayé (YEESSS !!!), qui est, je cite, « très agressif et bagarreur et vit en solitaire » même qu’il est en voie d’extinction celui-là, on l’appelle Bandicoot rayé de l’est, Eastern Barred Bandicoot ou Perameles gunii.

J’espère que vous réalisez le prodige : j’ai imaginé, rien qu'en écoutant un gros chinois pérorer en australien, une des bêtes les plus rares de la planète, le mythique Perameles gunii. Il y a des fois, je me fais peur.




jeudi 23 septembre 2010

Un monde qui change

Reçu ce jour cet aimable message de mon conseiller-clientèle BNP-Paribas

INVITATION PERSONNEL
Bonjour Monsieur ….,

Afin de vous remercier de votre fidélité nous avons le plaisir de vous inviter à une conférence sur le thème de " l'assurance vie ".
Cette conférence à pour but de vous apporter un éclairage précis sur placement préféré des français dans un cadre conviviale qui sort du contexte classique de nos entretiens en agence.
Lors de cette conférence, vous pourrez poser les questions que vous souhaiter. Cette conférence sera suivie d’un cocktail
Une fois votre présence confirmé, une invitation papier vous sera transmise par courrier une semaine avant la date prévu.
Cordialement.

samedi 18 septembre 2010

Cranford

J’ai bien pensé faire un billet sur les ravages causés par Sarkozy à l’image de la France et à la dignité de la fonction présidentielle. Mais plutôt que de s’embourber dans la médiocrité ambiante, et fidèle à la mission éducative de ce blog, je préfère vous parler de Cranford.
C’est une mini-série de la BBC qui, en 5 épidodes, nous fait vivre la vie d’un village anglais, nommé Cranford, pendant l’année 1842. On est à une époque prude, où les grands sentiments sont à fleur de peau, où la vie est courte et facilement tragique. On suit divers personnages, dont des dames très comme-il-faut, un petit garçon méritant mais fils de braconnier alcoolique, un jeune médecin qui fait tourner les têtes des dames, et une châtelaine totalement terrifiée à l’idée que le chemin de fer va amener à Cranford des hordes populaires, donc alcooliques, ignorantes et violentes. A propose de violence, la France, pour les gens de Cranford, est une contrée inquiétante, mais heureusement lointaine de révolutionnaires sans culottes (Good lord !). L’essentiel des aventures qui peuvent arriver aux gens de Cranford sont économiques (la ruine soudaine), ou médicales (l’amputation comme seul remède à une mauvaise fracture). Mais surtout, elles sont sentimentales. La série joue habilement sur les bons sentiments, mais on se laisse prendre volontiers à ces tempêtes dans des tasses de thé léger. Une série courte, qui dépayse étonnament, et qui donne à réfléchir sur l’évolution de nos sociétés. Quite an adventure.

dimanche 12 septembre 2010

La fête de l'Humanité

Sighet est une petite ville de Roumanie à la frontière de l'Ukraine. Le Mémorial des Victimes du Communisme et de la Résistance de Sighet est une ancienne prison de la Securitate roumaine, dont chaque cellule retrace un aspect du communisme : élections truquées, camps de concentration, mainmise sur les médias, procès politiques, etc…La mise en scène n’est pas spectaculaire car il y a très peu d’images de tous ces évènements. Le musée évoque la situation qu’ont connue chacun des pays d’Europe centrale et de l’Est et est, à cet égard, extrêmement instructif. Dans le domaine de l’horreur toute comptabilité est indécente. Il est tout de même frappant de voir à quel point le sort des dizaines de millions de victimes du communisme en URSS, Chine, Vietnam, Cuba, Corée du Nord, Cambodge et en Europe n’intéresse personne. Quel autre musée que celui de Sighet est là pour la mémoire et l’éducation des générations futures ?
Par comparaison, la mémoire de la Shoah est largement présente. On ne compte pas les musées partout dans le monde, les colloques, films, livres et organisations de mémoire qui perpétuent le souvenir des 6 millions de juifs victimes du nazisme. Israël utilise depuis longtemps la Shoah à des fins diplomatiques et des dédommagements financiers sont à portée des survivants et de leurs descendants. Beaucoup de bonnes raisons d’entretenir la flamme.
Il y a eu sans doute dix fois plus de victimes du communisme (et il y en a encore à l’instant en Corée du Nord et à Cuba), mais aucune des puissances politiques actuelles n’a d’intérêt à raviver leur mémoire, et il n’y a aucune indemnité financière à attendre de la Russie, encore moins de la Chine. On nous dit que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Mais tous ne sont pas égaux dans la mémoire de l’humanité.

mardi 7 septembre 2010

Le Montespan - La Désolation

Je ne suis pas fan des romans historiques. Pourtant, j’avais beaucoup aimé « Moi, François Villon » de Jean Teulé. Hélas, « Le Montespan » du même auteur est le pire livre que j’ai lu cette année.
L’histoire est pourtant intéressante. Le marquis de Montespan ne veut pas accepter que sa femme soit la maîtresse de Louis XIV et il veut le faire savoir à la terre entière à commencer par les deux premiers intéressés. Le roi n’étant pas de nature badine, notre marquis prend, à ce petit jeu, des risques de plus en plus grands.
Grâce à nombre de téléfilms de qualité sur le service public, on sait bien que la Montespan a fini par être déplacée par la Maintenon, mais, même si on connait la fin, on est quand même intéressé d’en savoir plus. Comme dans ses autres livres, Jean Teulé pimente son récit d’informations plutôt intéressantes sur les mœurs de l’époque. mais là, on a dû donner 2 jours à un gamin de CM2 pour meubler le vide entre les fiches qui documentent les évènements que l’Histoire a retenus sur cette affaire. Le résultat est une série de platitudes, d’anachronismes invraisemblables et surtout, surtout! de dialogues d’une bêtise et d’une vulgarité à pleurer.
Curieusement, ce bouquin est dans les listes de meilleures ventes en poche et on le trouve donc un peu partout. Si d’aventure vous le voyez, n’hésitez pas une seconde, prenez le livre à côté, ou bien lisez en quelques lignes de dialogues, juste pour le fun (et achetez le livre d’à côté).

samedi 4 septembre 2010

La République nous appelle

Cet après-midi, Place de la République




Et ce soir sur le site du Monde: la lettre de Tahar ben Jelloun

dimanche 29 août 2010

L'employé du mois

A Melbourne, je me suis acheté une paire de chaussures en cuir de kangourou. L’étiquette indiquait que le cuir de kangourou est particulièrement souple, mais aussi extrêmement résistant car la bête est censée vivre dans « l’un des environnements les plus difficiles au monde ». Wow ! Comme Indiana Jones, pareil.
Mais l’argument qui m’a vraiment convaincu d’acquérir ce très bel objet a été celui du vendeur: « These shoes are great to walk ». Extraordinairement perspicace, ce vendeur.

mercredi 25 août 2010

Nouvelle Zélande 2010 : l'essentiel

Vous êtes une multitude insistante qui me demandez « Et ces quelques jours à Christchurch, c’était comment ? ». En vrac et en 10 points, voilà comment c’était :
1. Vide. Des paysages magnifiques, sur une échelle gigantesque, des montagnes, des vallées, des baies, des prairies escarpées. On distingue quelques routes qui montent à l’assaut des collines et des montagnes, de longues rivières, mais pas une maison en vue, pas un être humain, du vide, partout, et c’est très beau.
2. Moutonné. Des tas, des tas, des tas de moutons et de jolis petits agneaux, mais aussi quelques belles vaches noires, des alpagas, des autruches et des cochons, tout çà en semi-liberté. Ca donne un meilleur goût à la viande. Une brebis essayait de mettre bas dans un grand champ paradisiaque au bord de la mer à Diamond Bay, nommée ainsi par le capitaine Cook, pour les reflets du soleil sur l’eau. Le fermier a déboulé d’un chemin en hauteur à travers champs sur un quad pétaradant, l’a embarquée, attaché visiblement occise et sans agneau en vue, à l’arrière de sa machine. Une brebis vaut dans les 10 Euros, le vétérinaire nettement plus, alors voilà.
3. British. L’Angleterre au bout du monde: Princess Margaret Hospital, Marlborough Street, Wellington road, etc…, etc... Des bâtiments victoriens et des pelouses. Les lycéens en uniforme d’hiver: blazer pour tous et jupe écossaise jusqu’aux chevilles ou bermuda bleu marine. Des femmes décidées aux dentitions bien affirmées, des hommes burinés par le plein air, le rugby et la bière. C’était bien la peine d’aller si loin.
4. Nature (1). Au fond de la brousse, une épicerie-station service. Quelques magazines, dont deux dédiés à la chasse au cochon : « Pig Hunting » et « More Pork ». Un pays de gars rudes et de cochons sauvages. « More pork !, More pork ! » est, paraît-il, le chant d’un oiseau étrange de ces contrées. Clin d’œil, donc, aux amis de la nature.
5. Nature (2). Des possums roux écrabouillés au bord des routes. Ces mignons maruspiaux pullulent, alors, comme leur fourrure est extra douce on en fait des chaussettes, des lainages et des pantoufles. Le mélange poils de possum et laine de mérinos fait des pulls doux et chauds. Et tellement originaux dans nos contrées. Ils livrent dans le monde entier, me consulter pour l’adresse.
6. Nature (3). Des tas de plantes exubérantes, des arbres immenses de toutes sortes, des buissons qui font le dos rond face au vent. Tout ça donne du vert dans toutes ses nuances, du jaune, du fauve, du gris, du mauve, du noir. On voit des oiseaux bizarres et plus ou moins en voie d’extinction se balader dans les champs ou voleter entre les fougères arborescentes avec des chants étranges. Deux norvégiens se sont amusés à tirer des pigeons indigènes, espèce protégée. Ils se sont enfuis avant de se faire coffrer mais ils risquent l’arrestation à tout moment s’ils s’aventurent hors de la Norvège. Non mais.
7. Rugbeux. La vidéo des consignes de sécurité d’Air New Zealand, avec les All Blacks qui reprennent les instructions de l’équipage dans un avion plein de supporters en
délire (attendre la fin de la vidéo). Les néo-zélandais semblent un peu lourds avec le rugby (et la bière), mais au moins les passagers lèvent le nez pour voir la vidéo.
8. Civilisé. Une circulation routière des plus fluides (voir point 3), et cette aimable coutume qui veut que le véhicule le plus lent se gare dès qu’il le peut pour laisser passer les plus rapides. Les cantonniers qui n’arrêtent pas de réparer les effondrements de terrain sur les routes échangent des saluts avec tous les automobilistes qui passent. Une vraie vie villageoise, quoi.
9. Pas super fun. Les restaurants ferment à 20 heures. Le néo-zélandais aime dîner tôt, très tôt. Seuls les restaurants indiens restent ouverts pour les dépravés et pour les plats à emporter. Attention donc à la famine. Et à la panne d’essence, le pompiste aussi se couche tôt.
10. Grandiose. Le ski avec les perroquets (des « kia », je crois bien), de gros patapoufs vert sombre mais avec une belle couleur orangée sous leurs ailes, à Porters, station des plus basiques, accessible en 4x4, équipée à la rude (tire-fesses jusqu’en haut, 2 personnes ensemble, assez casse-gueule). Les perroquets aiment bien bouffer le plastique des essuie-glaces et voler les sandwiches, mais ils volent aussi au dessus des pistes et font la course avec les skieurs. Les Southern Alps traversant l’île du Sud de bas en haut, on a, depuis le haut des pistes, des vues extraordinaires et simultanées sur les deux cotés de la chaîne montagneuse, jusqu’à la mer ! Grandiose.

mercredi 11 août 2010

Roumanie 2010: l'essentiel

Vous êtes très nombreux à me demander « alors ces vacances en Roumanie c’était comment ? ».

Merveilleusement organisées par Mme BBGS, ces vacances peuvent se résumer de la façon suivante :
- Les roumains ne sont pas des Roms. C’est important de ne pas confondre. D’autant qu’un « roumain » peut-être, plus souvent que l’on ne le pense, hongrois ou allemand. Il y a aussi des Roumains en Ukraine, en Biélorussie, en Gagaouzie, pas mal ont été exilés en Sibérie, beaucoup travaillent en Espagne, enfin c’est très compliqué à vous expliquer et c'est délicat.
- Le roumain n’est pas super expansif pour un latin, mais il est aimable, et convivial : à la porte de bien des maisons de village, un banc est installé pour deviser entre voisins, regarder passer les gens, dire du mal de son prochain et longuement commenter l’actualité. Il y a même bien des villages où le banc est sous un auvent pour que la conversation ne soit pas arrêtée par une averse, ce qui serait dommage.
- La langue (latine pour l’essentiel) est assez compréhensible, beaucoup de gens parlent le français, mêle si les jeunes parlent plus souvent l’anglais que notre belle langue. Un sabir franco-espagnolo-italien permet de s’en sortir sans problème. Contrairement à une idée reçue, fromage ne se dit pas fromagescu, mais cascaval.
- Les campagnes sont magnifiques, avec de grandes forêts touffues (Brokeback Moutain a été tourné en Roumanie, on ne le sait pas assez), une belle biodiversité avec des tas d’herbes et de fleurs de toutes sortes (je n’hésiterai plus à acheter du miel roumain), et des centaines de milliers de meules de foin entièrement fauchées à la main.
- La nourriture n’est pas, comment le dire charitablement ?, une priorité majeure dans la tradition roumaine. On mange pour se faire plaisir, certes, mais surtout pour avoir plein de calories à dépenser en fauchant le foin entièrement à la main. On n’oublie pas non plus de s’hydrater, la bière est là pour ça. Enfin, pour réchauffer le cœur avant d’aller faire les foins, il y a la palinca, eau de feu dans laquelle on laisse mariner des myrtilles ou des cerises (abusivement appelée Schlovetni dans le « Père Noël est une ordure »).
- La nature, absolument magnifique, je crois l’avoir indiqué, peut être violente. Nous avons essuyé un orage dantesque avec torrents de boue, etc… Du coup, mon retour en train de 294 km a duré 7 heures au lieu de 5 (c’était un train Rapide) pour cause de travaux majeurs sur les voies.
- Le roumain, mais aussi la roumaine, conduit de façon virile. Qu’il roule en R12 (en tant que majorité, pauvre mais honnête), ou en Mercedes (en tant que rare mais odieux trafiquant), le roumain se rit des lignes blanches. Mais il respecte scrupuleusement les passages piétons, et ça c’est très bien !
- Les commerces de proximité abondent. Pas de ces chaînes odieuses qui défigurent et affadissent nos centres-villes, non. En revanche, il y a foison de « Magazin Alimentar », épiceries bordéliques ouvertes en permanence dans lesquelles ont trouve des trucs à boire et à manger (en particulier des gaufrettes) et aussi des "Magazin Mixt" qui vendent des gaufrettes, naturellement, mais aussi plein de trucs utiles pour construire une maison, tuer le cochon, creuser une mine à l’explosif, ou abattre des arbres.
- Les animaux sont toujours les bienvenus. Il y a des chiens partout, des chats idem, des chevaux dans les campagnes pour tirer les nombreuses charrettes et quantité de poules surveillées de près par des coqs magnifiques et soupçonneux. Toutes ces bêtes sont matinales. Ne pas oublier les boules Quiès si l’on aime dormir après 4 heures du matin.
- La religion se porte bien. Ne manquer sous aucun prétexte de visiter les splendides monastères anciens du Neamt et de la Bucovine, et les églises en bois peints du Maramures (prononcer le Maramourèche pour briller en société). Eh bien, en plus de tous ces splendides monuments anciens, toujours utilisés, il y a des dizaines d’églises et de monastères pharaoniques en construction. Le clergé est gras et prospère se porte bien et les fidèles sont généreux.
- L’hébergement est facile : il y a chambres d’hôtes à tous les coins de rue (indiqués par le signe « cazare »), plein de petits hôtels (« pensione ») et les prix sont des plus modérés (25 Euros par nuit en demi-pension dans les cazare haut de gamme). Mais les coqs et les chiens ne sont jamais loin.
- Les billets de banque sont jolis et lavables. Une TVA à 24% explique sans doute pourquoi les échanges en liquide sont appréciés. Mais il n’y a pas d’arnaque organisée, sauf à Bucarest où il faut bien regarder sur la portière le tarif du taxi au kilomètre qui peut varier du simple au double pour exactement le même genre de voiture: la plupart sont à 1,30 lei/km, celui que j’avais hélé était à 3,50 lei/km, mais nous avions convenu d’un prix d’ami avant la course « Good price for you, good money for me, my friend ». Vive l’amitié franco-roumaine !

dimanche 25 juillet 2010

De profundis

Les poissons rouges, ça mange toujours la même chose. Sans doute parce qu’ils ont la mémoire courte. Sinon, ils trouveraient très barbant de manger les mêmes flocons tous les jours. Depuis 4 ans, un distributeur de nourriture automatique balance systématiquement, toutes les 12 heures, la même marque de flocons dans l’aquarium, à la grande satisfaction du poisson rouge et à la mienne.
J’ai eu peur d’en manquer pendant l’été, mais étant loin de mon fournisseur habituel, je me suis rabattu sur le supermarché des vacances. Saint Bernard, la marque ne me disait absolument rien, mais comme c’était la seule disponible, le choix était vite fait. Et puis, me suis-je dit, un peu de fantaisie fera sûrement plaisir au poisson. C’est comme lui ramener un souvenir de vacances. J’ai mis le nouveau miam-miam hier soir dans le distributeur, le poisson était vif et enjoué à son habitude. Ce matin, le dit animal flottait à la surface. Troublante coincidence.
Je m’étonne de voir que le nom du bon Saint Bernard est utilisé à des fins mercantiles et poissonicides. Je vais saisir la justice. Le procès déterminera à quel niveau l’Eglise a trempé dans cette affaire.

mercredi 21 juillet 2010

La céleste praline (goût café)

Le Kopi Luwak un café intéressant. Il est produit à partir de grains de café ingérés par une civette. Kopi signifie « café » et Luwak signifie « civette », en indonésien. Après avoir été avalés par la bête, les grains finissent par être excrétés par les voies naturelles, non sans qu’un séjour dans l’intestin de la bestiole ait entraîné des modifications chimiques des plus mystérieuses. Les connaisseurs ramassent alors le produit, le torréfient et le vendent très, très cher. Ce café, produit surtout en Indonésie, est dit être particulièrement savoureux, et n’a pas d’arrière-goût amer. C’est important l’arrière-goût.
La nouvelle du jour sur le Kopi Luwak est que le conseil des ulémas indonésien, la plus haute autorité en matière religieuse, s’est penchée sur la question de la pureté de ce breuvage pour les musulmans. La question était : le Kopi Luwak, étant passé par l’intestin des civettes, est-il halal ou pas ? Après moult discussions et grattages de barbe, les ulémas ont rendu leur verdict : oui, le Kopi Luwak est halal.
Mais à une condition: les grains de café doivent être lavés. C'est peut-être pas des poètes, les ulémas, mais ce sont de vrais sages.



vendredi 16 juillet 2010

Histoire à faire peur

Hitler était un allemand sanguinaire, c'est entendu.
C'était aussi un autrichien végétarien, et ça, on le dit moins souvent.

mercredi 14 juillet 2010

La Fête Nat

Non, je ne dirai rien sur le défilé des troupes des anciennes colonies sur les Champs Elysées, rien sur les déclarations toujours très éclairantes de la première dame de France sur les familles de nos soldats en Afghanistan, rien non plus sur le temps épouvantable qu'il a fait à Paris. Ceci n'est pas un blog de persiflage, ni de météo (d'autant que je suis au soleil du Lot).

Ceci est un blog avant tout éducatif, que je sais être lu par un public nombreux et juvénile avide de s'améliorer en tant qu'être humain (je ne crois pas avoir plus d'un poulpe parmi mes lecteurs, je pense qu'il me pardonnera).
Ce préambule pour dire, une fois de plus, que notre Fête Nationale du 14 juillet ne célèbre pas la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, mais la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Le symbolisme de ces deux dates n'a rigoureusement rien à voir.

Je me demande si ce public nombreux et juvénile est vraiment à la hauteur de ce blog. Je m'interroge, parfois.

dimanche 11 juillet 2010

España !

Non mais, qu’ils étaient désagréables ces hollandais.

vendredi 9 juillet 2010

Fishy fishy business

La mode du « fish spa » arrive enfin chez nous!
L’idée est de se faire grignoter les peaux mortes des pieds par des petits poissons tout mignons. Les poissons en question sont des Garra Rufa, poissons sans dents mais voraces, utilisés à ces fins d’abord en Turquie, puis en Asie et sur le point de revenir conquérir le monde. Un certain nombre d’aigrefins se sont mis à proposer cette innovante nouveauté à leur clientèle française, en oubliant de leur indiquer que ces pratiques sont interdites dans de nombreux états des Etats Unis. On ne rigole pas avec l'hygiène aux Etats. Le problème des poissons, c’est qu’ils vivent dans de l'eau contenue dans des aquariums. Stériliser l’aquarium, l'eau et les poissons entre chaque client n’est pas à la portée du premier venu. Et quand on a 50 clients français (à l’hygiène légendaire) qui viennent se tremper les pieds dans le même aquarium et se faire grignoter des saletés par les mêmes poissons, il ne faut pas s’étonner que le tout quartier souffre subitement d’épidémies de mycoses et de verrues diverses.
A la limite, comme à Marseille, on doit pouvoir les offrir après usage à la clientèle pour la bouillabaisse, mais il n’est pas sûr que les affaires prospèrent très vite dans ces conditions.

samedi 26 juin 2010

O Canada


Moi : Allo Air Canada ?
Dame d’Air Canada : voui
Moi : Voilà, j’ai commandé un billet prime sur votre site Internet, et comme j’ai eu un message d’erreur à la fin du paiement, j’ai recommencé la manœuvre. Mais je vois que vous m’avez envoyé deux billets. Je voudrais en annuler un.
Dame d’Air Canada : ah ben, là on ne peut rien faire, il faut que vous appeliez au Canada cet après-midi, avec le décalage, tout ça.
Moi : très bien, merci.

Après-midi
Dring… dring…driiing...
Clic : Welcome at Air Canada, bienvenue chez Air Canada. Pour un menu en français dites « français », for English say « English »
Moi : Français
Clic : We did not understand your choice please repeat, nous n’avons pas compris votre choix s’il vous plait répétez
Moi : Frrrancé
Clic : Merci. A présent veuillez prononcer un à un les 9 chiffres de votre carte Air Canada
Moi : Un, huit, six, quatre, trois, un, deux, neuf, cinq
Clic : Nous n’avons pas compris, s’il vous plait répétez
Moi : Hun, huète, sissse, quat’, troué, hun, dddeu, nnoeuf, sinque
Clic : Nous n’avons pas compris, s’il vous plait répétez
Moi : Hhhuuun, houète, cesssse, quôt’, trroué, hhhhun, dddeueu, nnoeuf, ssssinque, Christ de tabernac’
Clic : Pour un menu en français dites « français », for English say « English »
Moi : Frrruuuncé
Voix humaine : This is Linda at Air Canada, how can I help you today ?

dimanche 20 juin 2010

Lost in translation

Dîner à Rome samedi dernier, restaurant de spécialités. La cuisine romaine, disent les guides fait, depuis la plus haute antiquité, une grande place aux abats, foie, rognons, tripes, etc…
- Moi : tiens je vais prendre un plat typique romain
- Copine romaine : ah si, c’est très bon ici, ils ont toutes les specialita, si, si e vero, très bon
- Moi : tiens Rigatoni alla pajata, ça doit être romain, ça
- Elle : si, si, pajata e molto romano, c’est plat très antique. C’est du l’agneau tout pétit, des morceaux du ventre de l’agnello, molto buono
- Moi : ah bon ? de la viande du ventre de l’agneau ? C’est pas des tripes quand même ?
- Elle (offusquée): ma non, ma non, pas du tout ! C’est pas trippa, ah non, c’est pajata. C’est dé l’agneau tout pétit
- Moi : ben, c’est des intestins de petit agneau c’est ça ?
- Elle : si, si, ma très spécial, avec du lait dedans, comme ricotta
- Moi : ah ? ils mettent de la ricotta dedans ?
- Elle (se tournant vers son autre vosin) : come si dice « caca » in francese ?
- Moi : caca? je crois que ça se dit pareil
- Elle : si ma, c’est pas dou caca sale. C’est le lait que l’agnello il a bu de sa mama, et qu’il reste dans l’intestin. On le garde, c’est pajata, c’est comme ricotta . C’est très bon. Comme de la ricotta
- Moi : ah oui. Et tu vas prendre quoi, toi ?
- Elle : des pâtes avec champignons, liguini alle funghi porcini
- Moi : Parfait, même chose.

dimanche 30 mai 2010

Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire? Vous avez 2 heures

Il y a quelques semaines, je me suis rendu compte que j’entendais, le soir en me couchant, un souffle assez intense dans mon oreille gauche, qui suivait le rythme des battements du cœur, mais faisait un bruit différent de celui que l’on perçoit lorsqu’on entend son propre cœur, ça soufflait vraiment (tchouf-tchouf, tchouf-tchouf, voyez?). Il m’est arrivé dans la journée, lorsque l’intensité sonore ambiante baissait d’entendre à nouveau ces funestes acouphènes pulsatiles (oui ça s’appelle comme ça). Angoisse. Je n’ai pas trouvé de cause évidente, pas de lien avec l’effort, ni avec des montées de tension artérielle. Non, ça survenait de temps à autre et je le percevais quand le silence se faisait, ce qui est assez rare dans la vie moderne que l’on mène. Bien sûr, j’ai diagnostiqué de suite les signes avant-coureurs d’un anévrysme sur le point de lâcher, ou bien d’une tumeur au cerveau sans doute bien avancée. Faisant intervenir les plus hautes autorités médicales familiales, j’ai eu droit illico presto à une consultation avec un ORL bougon « Oui, bien sûr, on vient voir l’ORL parce que c’est l’oreille, mais c’est vasculaire, forcément ». Le bougon m’a tout de même prescrit un doppler des carotides (normal) et une IRM. J’ai bien aimé l’expérience de l’IRM. On est d’abord interrogé pour savoir si on n’a pas, mais alors pas du tout, de métal sur soi, comme un barbu prêt à monter dans un avion (« vous êtes bien sûr, même pas une petite broche, des agrafes, des stents dans les coronaires, rien de rien ?»). Pour plus de sûreté, on a quand même droit au détecteur de métal, histoire de bien faire comprendre que « l’appareil là, il s’agirait pas qu’un sagouin dans votre genre nous le bousille. Me fais-je bien comprendre ? Hein ? ». On se retrouve allongé en peignoir dans un tunnel de science-fiction, dans un engin qui fait pleins de bruits, genre tam-tam, mitraillette, ou machine à écrire, ça dépend des fois. Une voix indique « séance de 2 minutes, ne BOUGEZ pas » puis « séance de 4 minutes 30, ne BOUGEZ pas ». De toutes façon, pas moyen de bouger dans ce sarcophage. Les sons métalliques se répondent, passent de gauche à droite, vont crescendo en faisant un boucan d’enfer malgré les bouchons mis dans les oreilles, ou disparaissent sur la pointe de pieds, c’est assez rigolo. Ce qui l’est moins c’est le petit miroir qui permet de voir les silhouettes opérateurs derrière la vitre. C’est censé rassurer, ça donne plutôt à s’interroger. « Mais qu’est-ce qu’ils font à regarder l’écran là ? Ca y est ils ont trouvée la tumeur, c’est sûr, je le sentais», « c’est qui celle-là avec son bandeau sur la tête, qu’est-ce qu’elle vient faire dans MON IRM ? », « tiens y’a plus personne qui passe, ils sont partis où? oh hé, personne n’a l’air de regarder les écrans, là? ».
Chose amusante, depuis que l’ORL bougon m’a extirpé des oreilles tout plein de cérumen répugnant et bien tassé, les acouphènes pulsatiles ne sont plus revenues... Se pourrait-il que les pulsations que j’entendais fussent liées à un effet de résonance dans le conduit auditif? Des cochonneries dans les oreilles, c’est moins glorieux qu’une cochonnerie dans le cerveau. De quoi je vais avoir l’air, moi ? J’attends avec impatience les résultats de l’IRM.

jeudi 20 mai 2010

Le coût de la vie

Le pataquès fait par le député Hervé Mariton depuis qu’il a déclaré "Je gagne 5 000 euros par mois, je ne me considère pas comme riche ; c'est le revenu d'un cadre moyen." m’a bien intéressé.
Je ne parle pas de la discussion sur ses frais de représentation et autres babioles qu’il a opportunément oubliées, mais plutôt de ce que l’article du Monde dit des revenus moyens des Français : en 2007, la moitié des Français disposaient d'un revenu inférieur à 1 500 euros par mois. Le revenu salarial des 10 % les plus riches de la population s'élevait à 32 629 euros par an, soit moins de 3000 Euros par mois. On réalise là que seule une petite minorité de français ont les moyens de participer à des apéros géants ou d’offrir à leurs épouses des burqas un peu élégantes. Les médias ne s’intéressent pas aux vrais gens. Je n’en doutais.

vendredi 14 mai 2010

400 ans, déjà !

Le 14 mai 1610, le moine Ravaillac assassinait le bon roi Henri IV rue de la Ferronnerie, à Paris.
Je ne me serais jamais souvenu de la date si je n’étais pas tombé ce soir, rue de la Ferronnerie, sur 5 forts belles gerbes de fleurs posées devant un pilier, sur lequel figure la plaque commémorant le tragique évènement. Dont une belle gerbe, dans les bleus, indiquant « Le président de la République », et une autre, aux beaux lys blancs odorants « SAR le duc de Vendôme chef de la maison des Bourbons ». Fi donc, me suis-je dit, tout ce tintouin a dû être rapporté par les gazettes. Que nenni ! Il a fallu que je tombe sur un site royaliste, visiblement peu argenté car je n’y ai accédé qu’après avoir contourné moult bannières publicitaires, et pop-ups en tous genres dont des sites de euh… charme. Ce site comporte quelques illustrations de l’évènement d’aujourd’hui, qui donnent à regretter de ne pas avoir été là en personne. Dont la photo ci-jointe du dit duc de Vendôme et de Son Altesse Royale le prince Gaston (c’est le bébé). Une photo visiblement prise à la main, voir en bas à gauche, on n'a plus les moyens d'antan depuis ce-que-vous-savez. La presse sans-culotte et régicide ne rapporte – évidemment – pas l’évènement qui a pourtant redonné, pour un instant, un peu de lustre à ce quartier quelque peu interlope.
On nous cache des choses, je ne vous dis que ça.

mercredi 12 mai 2010

Y'en a des qui n'ont vraiment rien à faire de la journée

En traînant sur le site du Monde, je tombe sur cet article : Tintin au Congo devant la justice belge. En deux mots, un procès est en cours pour obtenir "le retrait de la vente ou à défaut, l'ajout d'un avertissement" de cet œuvre de jeunesse d’Hergé. Bien sûr, cette bande dessinée est pleine de clichés totalement dépassés sur les congolais, mais peut-on imaginer sérieusement que des enfants tombant là-dessus puissent en tirer des enseignements durables sur la question de l’égalité des races ? Il va falloir revoir l’ensemble de la littérature mondiale depuis la nuit des temps pour en extirper toute trace de racisme, de misogynie, d’homophobie, de haine du voisin et de clichés de toutes sortes sur les personnes de petite taille, les roux et les habitants de Romorantin. Robison Crusoé devrait être précédé d’un avertissement sur ses clichés racistes envers les populations autochtones des îles du Pacifique chilien, Bécassine empeste de relents anti-bretons et anti-prolétaires insupportables et John Wayne a trop fait l’apologie du massacre des indiens d’Amérique pour que ses films soient autorisés aux moins de 18 ans. Enfin, il n’aura échappé à personne que Le Louvre est un musée dont les œuvres ne reflètent pas correctement la diversité de la société française, ce qui peut conduire des jeunes âmes impressionnables à entretenir des préjugés sur la capacité artistique des diverses composantes de la société. Que fait la justice ?
Heureusement qu’en Belgique d’autres cherchent à s’occuper sainement, comme le suggère cet autre article du Monde dont le titre fleure bon la littérature de gare « Scandale à Bruxelles-Midi !». Avec une bibliothèque pleine de Tintin, la vie dans la salle de contrôle aurait été moins monotone, sans qu’il soit besoin d’aller chercher de la lecture au kiosque d’en bas.