jeudi 29 janvier 2009

Ma nuit avec Jean-Christophe Rufin

Chacun s'en souvient, je suis un fan de Jean-Christophe Rufin, notre ex-MSF, prix Goncourt, Académicien, et actuel ambassadeur de France au Sénégal. Et j’ai la ferme idée de le lui dire un jour.

Ne voilà t’il pas que l’autre soir, dans l’avion Dakar-Paris, je crois voir mon héros s’asseoir dans le siège juste devant le mien, me tournant le dos. J’interroge discrètement mes co-voyageurs, qui me disent qu’effectivement, il lui ressemble, mais qu’à leur avis il ne doit pas voyager si simplement en business alors que l’avion a une première classe et, qu’en plus, il voyage seul et visiblement l’équipage se soucie de lui comme d'une guigne. Me pliant à l’avis de la majorité imbécile, et soucieux de ne pas me ridiculiser, je ne moufte pas.
Juste au moment final avant le décollage, un type lui tombe dessus en lui donnant du « Monsieur l’Ambassadeur », mais il est trop tard pour que je me lève et fasse semblant de le reconnaître au passage. A coté de lui est installé un asiatique assez crade qui n’a pas idée de l’augustesse du personnage, alors que moi j’ai tellement de trucs intéressants à lui dire et lui demander. Quand je pense que j'ai fait un Pékin-Paris à côté d'André Santini, qui plastronnait environné d'hôtesses serviles, et qui m'a bassiné pendant des heures, cette fois j'ai un type aussi intéressant que J-C Rufin devant moi et je n'en profite pas ? J’enrage. Comme moi, J-C a un siège hublot pour regarder les nuages et dormir tranquille. Je me couche donc dès que nous sommes à l’altitude de croisière, en remarquant qu’il fait de même (ce qu’on a comme points communs, c’est fou). Donc la nuit se passe, lui devant et moi derrière, me demandant comment j’allais pouvoir le coincer à l’arrivée. Pour sortir de l’avion, je fais le pied de grue devant la porte du milieu avec l’idée de traîner un peu pour le laisser passer à ma portée et le héler avec finesse mais efficacité. Paf ! c’est la porte avant qui s’ouvre en premier, et je vois J-C partir loin devant tirant élégamment sa valise à roulettes (des points communs, je vois dis !), pas bégueule pour un sou. Dans les couloirs, galopade pour éviter la foule : le petit matin, ça fait entrevoir des embouteillages, des queues, toutes sortes d’horreurs apocalyptiques, donc chacun pour soi ! Au contrôle des passeports, je l’ai perdu.
Pris un taxi, la circulation à l’arrivée sur Paris était ralentie. Nous étions presque à l’arrêt sur l’autoroute quand deux motards précédant une voiture avec gyrophare nous a forcé à nous écarter du passage. J’ai bien dit au taxi « Vite ! Suivez cette voiture ! » mais ce genre de truc ne marche que dans les romans. Va falloir que je me dédicace moi-même un de ses bouquins, ce sera plus simple. Ou que je postule à l’Académie Française, pour l’ensemble de mon blog.

vendredi 23 janvier 2009

Y'a bon RFI !

Radio France Internationale prévoit de licencier 206 personnes sur ses 1040 employés. Vingt pour cent ! Bien sûr, on rassure le quidam en lui disant que l’on supprime des langues accessoires (allemand, albanais, polonais, serbo-croate, turc et laotien, les intéressés apprécieront), pour se recentrer sur d’autres langues, en particulier en Afrique. RFI aujourd’hui diffuse des émissions en 19 langues, en dehors du français. Quand on voit que la BBC World Service assure des émissions en 32 langues (dont le macédonien et le kirundi) alors que l’anglais est largement plus parlé dans le monde que le français, le niveau d’ambition des dirigeants de RFI saute aux yeux.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire, chacun s'en souvient, RFI est une bouffée d’air frais dans un paysage radiophonique français rongé par le mercantilisme, la beauferie et la soumission au pouvoir politique , 3 choses qui vont très, très, très, bien ensemble. Sans doute RFI n’est-elle pas bien en cour, précisément pour ces raisons.
Il est dommage que si peu de gens, en dehors de ceux qui ont vécu hors de France, soient habitués à écouter cette station. Il faut dire qu’absolument rien n’est fait pour la faire mieux connaître en France métropolitaine. D’autant que RFI n’est captable en FM qu’à Paris… Il y a certainement d’excellentes raisons de priver la quasi-totalité du territoire d’une fenêtre ouverte sur le vaste monde.

mardi 20 janvier 2009

Yeah !

Je sais, pas original, j'assume.

dimanche 18 janvier 2009

Number 44

Pour précéder l’avalanche de bons sentiments qui va nous tomber dessus mardi prochain, voici un petit post de bienvenue pour Mr Obama, le 44ème président. Au passage c’est marrant comme un personnage déjà mythique n’est appelé que par son nom de famille et pas par son prénom. Il faut dire que ni Barrack ni Hussein ne sont des choix des plus heureux. En leur temps, Mr et Mme Royal avaient eu la main plus habile en baptisant la jeune Ségolène d’un prénom totalement culcul, mais plus malléable par les communicants.
Il est évident que tous les espoirs mis dans Obama, le messie qui redressera tous les torts et arrêtera toute injustice, seront déçus. Il est sidérant de voir que le mythe de l’homme providentiel fonctionne toujours, comme si les leçons de l’histoire ne retenaient jamais. Les envolées lyriques, les lendemains glorieux et les bons sentiments parlent à notre part d’irrationnel. L’espoir fait vivre et c’est très bien comme ça ; on ne peut qu’être heureux qu’Obama ait gagné, mais ne nous emballons pas.
Ces huit dernières années, l’Amérique la plus agressive, bigote et ignare a été sur le devant de la scène. Elle a perdu sur tous les tableaux, mais elle reviendra car une bonne partie des Américains s’y retrouve. Pour l’instant elle est entre parenthèses, réjouissons nous ! Bienvenue Obama, mais, surtout, Adieu Bush ; ce départ définitif est une très bonne raison de célébrer le 20 Janvier 2009.

jeudi 15 janvier 2009

Non, Môsieur

La langue française est infernale. Bien sûr, pour nous, il est bien naturel de ne pas prononcer toutes les lettres des mots. Quand on lit « beaucoup », on dit « bocou », et pas « bé-a-u-co-u-pé », et ce qui est incroyable c’est que nous trouvions ça normal. J’ai pris conscience de la chose la première fois où je suis allé au Portugal. La langue écrite ressemble furieusement à l’espagnol, mais ne se prononce absolument pas de la même façon. L’espagnol est une langue logique, on prononce toutes les lettres que l’on lit. En portugais, comme en français, il y a des tas de lettres qui ne servent à rien, et c’est vraiment insupportable.
Le mot qui m’exaspère le plus en français est « Monsieur ». Comment a-t-on pu passer en quelques siècles de « Mon Seigneur » à « Meusieu » sans que
1. Quelqu’un ne s’alarme
2. Que l’Académi ne décide d’ortografié corecteman ce mo totaleman dégénéré ???

vendredi 9 janvier 2009

Surprise subprime

En cette période de manque d’inspiration, sans doute lié au froid sibérien qui afflige le pays, mon voisin est, une fois de plus, le sujet de ce post. Le pauvre, s’il savait.

Or donc, le voisin est un gros dormeur. Il a été réveillé dimanche dernier par trois coups de fil successifs à 10h du matin qui ont totalement gâché sa grasse matinée. Les 3 coups de fil ont fini sur son répondeur, et laissé 3 fois le message suivant : « SURPRISE ! Toute l’équipe Médiatis vous souhaite un joyeux anniversaire !! SURPRISE ! « clic » ». J’ignorais jusqu’à ce jour que Mediatis est une firme bien connue de prêts «à la consommation » ou « revolving ». Chondre a pondu un post sur le sujet qui fait autorité en la matière, s’y référer si besoin.
C’était effectivement l’ anniversaire du voisin. Etant d’un naturel un peu grincheux quand on le réveille à l’aube, il a traduit le message de Médiatis de la façon suivante :
« SURPRISE ! C’est Mediatis qui vient vous rappeler, en ce paisible dimanche matin, que vous êtes un raté, incapable de maîtriser ses dépenses et qui doit des montants toujours plus astronomiques à des monstres froids et cyniques qui abusent de la crédulité des braves gens. Debout fainéant, sors dans la rue, va mendier de quoi éviter peut-être la saisie de tes meubles minables et l’expulsion de ton taudis. La ruine est proche. Et surtout, joyeux anniversaire !! « clic ».
Il est un peu chagrin, parfois, ce voisin.

dimanche 4 janvier 2009

La clef du voisin

La question d’éthique du jour : quelles sont les règles de bonne conduite à adopter avec les clefs du voisin ?
Confier sa clef au voisin, tout ami qu’il soit, n’est pas chose aisée. Bien sûr, la clef est remise en principe pour les urgences : clef oubliée en rentrant de vacances, porte refermée par mégarde, dégât des eaux, sinistres et autres situations funestes. Mais qu’est ce qui dit que le voisin ne va pas fureter quand même en mon absence, ouvrir les tiroirs, fouiller dans les recoins, éplucher les papiers de la banque, ou chercher la collection de revues diverses ?
En prêtant ma clef, ou bien lorsque l’on m’en confie une, j’aborde toujours – avec finesse - ma conception de l’éthique de la chose. Elle peut se résumer en une formule « On ne touche qu’avec le yeux». Il est, à la limite, permis d’ouvrir les placards à la recherche de boîtes de croquettes pour le chat, d’un arrosoir pour les plantes, à la rigueur feuilleter un bouquin mis bien en évidence, mais pas plus. Il est formellement interdit d’ouvrir les tiroirs, soulever les papiers, regarder ce qu’il y a dans les placards ou dans le boîtes sous le lit (là je parle du voisin dont je nourris le chat de temps à autre, moi je n’ai pas de boîtes suspectes sous le lit).
Pendant un bon moment, j’ai prétendu que mon appartement était sous alarme. Cela a été vrai pendant plusieurs années, mais j’ai interrompu mon abonnement le jour où je suis revenu vivre à Paris en permanence et fait installer une porte supplémentaire en bas de l’escalier (ma plus belle victoire sur la copropriété à ce jour). Je n’en ai rien dit au voisin qui a ma clef, lui laissant imaginer que s’il entrait sans motif valable une bordée de gardiens à matraques déboulerait sans attendre. J’ai dû admettre il y a peu de temps que j’avais fait enlever l’alarme. Mais j’ai laissé flotter l’idée que j’allais peut-être installer des webcams pour regarder ce qui se passe chez moi en mon absence. Comme il a compris tout récemment pourquoi un antivirus doit se mettre à jour plus d’une fois par an, il doit penser que je suis capable de faire ça. Un voisin crédule, ça n'a pas de prix.