dimanche 15 février 2009

La fourme d'Ambert

Pendrez-vous du fromage ?
Dans la cabine « L’espace » d’Air France, c’est LA question qui ne manque jamais, à peine a-t-on fini le plat principal. Quelle que soit l’heure du dit repas, où que l’on soit dans le monde, on n’y coupe pas : « prendrez-vous du fromage ? ».
La France, Monsieur, est le pays du fromage, il ferait beau voir qu’Air France ne fasse pas flotter nos couleurs fromagères partout dans le monde. Dans ce rituel, il y a immanquablement trois, pas deux ni quatre, non, trois fromages, posés sur une feuille de vigne en papier, dont, toujours, la fourme d’Ambert. Les autres varient un peu, entre comté, cantal, camembert et cabécou (que d’aucuns appellent Rocamadour, bouh ! les touristes ignares !). Mais toujours trône, nuit et jour, été comme hiver, turbulences ou pas turbulences, la fourme d’Ambert. Une chance : j’aime bien ce fromage un peu rustique. Il est plus doux et plus crémeux qu’un bleu d’Auvergne ou des Causses mais il n’a pas la finesse d’un bon Roquefort. C’est un fromage « bleu » mais propre, il sent peu, il ne coule pas, il ne s’émiette pas, idéal donc pour la clientèle internationale et les longs trajets. A moins qu’un des dirigeants d’Air France n’ait monté un prospère petit business à Ambert, nul doute que ce sont ces qualités qui en font le fromage de choix de notre compagnie nationale.
Tout cela est bel et bon, mais d’où vient ce nom bizarre de fourme d’Ambert ? Ambert, tous ceux qui ont lu Jules Romains le savent bien est une sous-préfecture du Puy de Dôme, au même titre qu’Issoire qu’il a immortalisées dans « Les copains » par les chapitres « Le rut d’Ambert » et « La destruction d'Issoire ».
Mais pourquoi « fourme d'Ambert » et pas « tomme d’Ambert » ou « Ambert » tout simplement ? De multiples sources nous indiquent que « fourme » vient du latin « forma » qui désignait le moule dans lequel on faisait des fromages. Le mot « fromage » doit donc venir de quelque chose du genre « formage » qu’ont gardé mieux que nous nos cousins italiens (formaggio). D’autres peuplades utilisent des dérivés du mot latin « caseus » pour désigner le fromage : queso en espagnol, cheese en anglais, queijo en portugais, kasse en allemand, etc…
Donc, au bout du compte, la fourme d’Ambert n’est rien d’autre que le fromage d’Ambert. C’était bien la peine que je me donne tout ce mal.

2 commentaires:

Chroniques de Bretagne a dit…

Ça valait la peine , ce petit billet est très instructif il fleure bon la province et nos campagnes!

sameplayer a dit…

@ BBGS : je savais bien qu'avec Le rut d'Ambert j'allais attirer des lecteurs. Pas forcément la crème, mais que voulez-vous ?