Le Cani (nom propre masculin) est une bouée que l’on m’a offerte, pour les baignades dans la Dordogne, quand j’avais sans doute 2 ou 3 ans. Elle s’appelle Le Cani, car c’est le nom indiqué sur le collier. C’est une indication bien utile pour reconnaître que le créateur de ce bel article a voulu représenter un chien.
La bouée est munie d’un petit siège attaché par 4 ficelles, toutes d’origine, bien sûr. L’enfant peut glisser en avant ou s’enfoncer un peu sur les côtés si on n’y prend garde, mais on n’était pas à l’époque tyrannisé par des directives imbéciles et bruxelloises qui brident la créativité. Le Cani est agrémenté sur le côté d’une petite pastille montrant un nounours et la marque Sevylor, avec, sous une cupule en plastique transparent, deux petites boules de métal qu’il faut faire rentrer et tenir (et ça c’est très, très, dur !) dans des petites encoches circulaires. Signe qu’à l’époque on ne mégotait pas quand il s’agissait de développer la coordination psycho-motrice des tout petits. Autre particularité, le petit sifflet planqué quelque part à l’intérieur de la bouée qui fait que le Cani émet un couinement strident chaque fois que l’on appuie dessus, ce qui est une source de joie et explique la forte proportion de fins mélomanes dans la famille. En effet, le Cani a servi depuis les sixties à tous les bébés successifs. Sans jamais être regonflé, dit la légende. Le Cani renfermerait donc un précieux échantillon d’air des années 60 d’une indéniable valeur scientifique (faire offre à l’auteur, qui transmettra. Puissance étrangère s’abstenir).
Les bonnes années, c'est-à-dire quand il y a un nouveau bébé, on sort le Cani du grenier et on l’emmène avec mille précautions à la Dordogne. Et c’est grande joie de voir encore un bébé ravi se promener sur l’onde sur son bel esquif.