Quand l’après-midi traîne un peu en longueur, que les adultes en ont assez de bouquiner, que les enfants se réveillent de la sieste, se pose la même question: « quand est-ce qu’on va à la Dordogne ?"
Depuis des générations, pas un été sans un séjour à Souillac, et pas un après-midi sans une baignade dans la Dordogne. L’eau est toujours fraîche, et les galets font un mal de chien sous les pieds nus, alors les familles ont une collection de « chaussures pour la Dordogne » qui permettent de chausser tout le monde, des plus petits aux plus grands. Il y en a de toutes les époques, d’authentiques sandalettes en plastique usées par les ans, des vielles baskets sans couleur, informes, trouées, aux œillets rouillés et aux lacets dépareillés, des tchanclettes (terme pied-noir dérivé de l’espagnol "chancletas", appelées « tongs » en français de France) en plus ou moins bon état, de toutes tailles et de toutes couleurs. Il n’y a jamais de problème pour trouver à la dernière minute une paire de « chaussures pour la Dordogne » qui aille à qui que ce soit.
Une fois le premier choc de l’eau froide passé, on s’avance prudemment dans le courant, bien progressivement, en espérant éviter l’hydrocution et puis, on se lance, d’abord saisi par le froid et puis, étonnamment, confortablement bien au frais. La rivière sent bon le galet chaud, l’eau fraîche, la vase, l’herbe, elle sent l’été. L’eau est vive par endroits et transparente sur les hauts-fonds. Ailleurs, dans les endroits plus profonds, elle est opaque, verte, immobile, un peu inquiétante... On n’ose pas mettre le pied au fond de peur de toucher quelque chose d’épouvantable, comme les longues traînées d’algues vertes, une souche d’arbre, ou une horreur venue des abysses... Il faut dire que, comme toutes les rivières, elle inquiète les riverains qui se racontent des histoires de noyés, alors, forcément, ça impressionne un peu les enfants, puis les adultes, génération après génération. Bien sur, quand on a le courage de risquer à plonger dans l’eau verte, on voit qu’il n’y a rien au fond que des galets lavés par le courant, et quelques rares poissons, la gueule tournée vers l’amont, qui attendent que quelque chose passe à leur portée. Mais rares sont ceux qui ont tenté l’exploit.
Une fois le premier choc de l’eau froide passé, on s’avance prudemment dans le courant, bien progressivement, en espérant éviter l’hydrocution et puis, on se lance, d’abord saisi par le froid et puis, étonnamment, confortablement bien au frais. La rivière sent bon le galet chaud, l’eau fraîche, la vase, l’herbe, elle sent l’été. L’eau est vive par endroits et transparente sur les hauts-fonds. Ailleurs, dans les endroits plus profonds, elle est opaque, verte, immobile, un peu inquiétante... On n’ose pas mettre le pied au fond de peur de toucher quelque chose d’épouvantable, comme les longues traînées d’algues vertes, une souche d’arbre, ou une horreur venue des abysses... Il faut dire que, comme toutes les rivières, elle inquiète les riverains qui se racontent des histoires de noyés, alors, forcément, ça impressionne un peu les enfants, puis les adultes, génération après génération. Bien sur, quand on a le courage de risquer à plonger dans l’eau verte, on voit qu’il n’y a rien au fond que des galets lavés par le courant, et quelques rares poissons, la gueule tournée vers l’amont, qui attendent que quelque chose passe à leur portée. Mais rares sont ceux qui ont tenté l’exploit.
Une tradition bien établie est la « descente de la Dordogne ». Elle consiste à remonter, à pied, à contre-courant, avec les « chaussures pour la Dordogne » aux pieds, le chemin poussiéreux entre les champs roussis par le soleil et des haies d’arbustes, jusqu’au pont de Cieurac. On se met à l’eau juste avant le pont, là ou le courant est le plus violent et on se laisse entraîner, en gardant un œil sur les petits qui piaillent en s’accrochant à leur bouée. Le niveau de l’eau est bas en été, on se râpe presque le ventre par endroits, mais comme ce sont les endroits ou le courant est le plus rapide, il suffit de retenir un peu son souffle, de se laisse porter par le flot et, ouf !, on est passés. On arrive alors dans les endroits ou il n’y a presque plus de courant, on se retourne sur le dos, on voit la rivière, le pont, les falaises qui surplombent la Dordogne, le ciel bleu. C’est le bonheur.
Mais attention, on ne va pas à La Dordogne à n’importe quelle heure. Ah, non ! Il faut y aller en fin de journée, quand le soleil ne tape plus trop, quand il n’y a plus de canoes qui passent, quand il n’y a plus trop de gens, quand les hollandais commencent à plier bagage pour aller manger (c’est qu’ils dînent tôt, ces hollandais).
"Quand est-ce qu’on va à la Dordogne ?"
"Pas encore, dans un petit moment".
6 commentaires:
J'aime beaucoup, vraiment ! Vivant et frais, comme l'eau.
De bien belles photographies qui mettent du chaud au nord ...une expérience inoubliable ... d'autant qu'en sortant de l'eau il y a comme une odeur de je ne sais quoi sur la peau ( de la vase assurément ) ...
La descente de la Dordogne , on ne s'en lasse pas ...
Les rituels et encore les rituels, rien de tel, et laissons les quercyland et autres piscines aux touristes ! Tu as oublié les batailles de sable, les hameçons des pêcheurs en herbe qui finissent dans les mollets, la "tronche" de l'américaine devant l'eau un peu stagnante bref toutes ses anecdoctes qui ajoutent au plaisir de l'après baignade quand on tente de sécher au soleil couchant ...
@ Olivier A: merci :-)
@ bbgs : la Dordogne sent le NA-TU-REL et c'est très bien comme ça. C'est vrai qu'on ne s'en lasse pas
@ Birgit : je te laisse nous conconcter un petit post sur ta propre expérience Dordognesque !
Marrant. Mon arrière-grand-père était gabardier sur la Dordogne et nous avons toujours une baraque, un peu plus haut à la frontière de la Corrèze et du Cantal.
C'est toute mon enfance.
@ Chondre: ah, les mythiques gabares de la Dordogne ! Elles auraient un peu de mal à naviguer aujourd'hui, mais les canoés s'en sortent
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