dimanche 12 septembre 2010

La fête de l'Humanité

Sighet est une petite ville de Roumanie à la frontière de l'Ukraine. Le Mémorial des Victimes du Communisme et de la Résistance de Sighet est une ancienne prison de la Securitate roumaine, dont chaque cellule retrace un aspect du communisme : élections truquées, camps de concentration, mainmise sur les médias, procès politiques, etc…La mise en scène n’est pas spectaculaire car il y a très peu d’images de tous ces évènements. Le musée évoque la situation qu’ont connue chacun des pays d’Europe centrale et de l’Est et est, à cet égard, extrêmement instructif. Dans le domaine de l’horreur toute comptabilité est indécente. Il est tout de même frappant de voir à quel point le sort des dizaines de millions de victimes du communisme en URSS, Chine, Vietnam, Cuba, Corée du Nord, Cambodge et en Europe n’intéresse personne. Quel autre musée que celui de Sighet est là pour la mémoire et l’éducation des générations futures ?
Par comparaison, la mémoire de la Shoah est largement présente. On ne compte pas les musées partout dans le monde, les colloques, films, livres et organisations de mémoire qui perpétuent le souvenir des 6 millions de juifs victimes du nazisme. Israël utilise depuis longtemps la Shoah à des fins diplomatiques et des dédommagements financiers sont à portée des survivants et de leurs descendants. Beaucoup de bonnes raisons d’entretenir la flamme.
Il y a eu sans doute dix fois plus de victimes du communisme (et il y en a encore à l’instant en Corée du Nord et à Cuba), mais aucune des puissances politiques actuelles n’a d’intérêt à raviver leur mémoire, et il n’y a aucune indemnité financière à attendre de la Russie, encore moins de la Chine. On nous dit que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Mais tous ne sont pas égaux dans la mémoire de l’humanité.

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