Une invitation à la con qui m’a bien pourri mon dimanche m’a fait découvrir le salon Pharmagora, grand-messe annuelle des pharmaciens à la Porte de Versailles.
J’avais oublié, depuis ma visite au Salon de l’Agriculture au siècle dernier à quel point cet endroit est épouvantable. Une quantité de halls, de couloirs, de tapis roulants interminables, de passages interdits. Au bout de cet enfer, ne faisant qu’effleurer avec dédain le Salon du Sandwich et celui du 3eage, m’attendait Pharmagora. A moi l’univers ouaté et mystérieux de l’officine et des boules de gomme !
Bon, en fait de ouaté, c’était noir de monde. Comme quoi un dimanche dans les rues de Paris revêt bien peu d’attrait pour les pharmaciens de province. Des stands dans tous les sens. La beauté, la sveltesse et la jeunesse vantées sous toutes les coutures. Des slogans magnifiques tels que « notre expérience c’est votre réussite », ou « au service de votre exigence ». Pas mal de bas de contention (pour homme, femme ou enfant, couleur chair, ou bien noir, bleu marine, mais aussi blanc ou grège). Mais peu de choses horribles à voir, la santé c’est vraiment un univers clean, cool et sympa. Il y a bien des marchands d’attelles (pour bras, jambes, pieds), mais il font un peu crade au milieu de tant de beauté étalée. Quelques stands de banques ou de sociétés de placement, voilà des gens avisés. Un stand de marchand de vin car le Pharmacien sait ce qui est bon. Un gros stand (naturellement) pour Durex, très fréquenté par les Africains (car Pharmagora est aussi un lieu ou l’on invite ses plus gros clients dans le monde de la pharmacie francophone). Des rangées et des rangées de tiroirs de toutes sortes pour ranger les médicaments (sans se cogner la tête), avec – le fin du fin – le tuyau qui crache la boite demandée sans que le pharmacien ne quitte son comptoir, bonheur. Pas mal de stands d’ « agencement », avec des croix vertes de toutes tailles, des enseignes lumineuses magnifiques, éblouissement garanti pour tout le quartier et pour la maudite concurrence. Des blouses blanches, certes, mais avec petit liseré bleu, rose, jaune, ou gris, ou nature ? La minceur marche très, très fort, surtout avec la note incontournable (on s'adresse surtout à la province, hein ?) de « naturel ». Le conseil désintéressé est une valeur très haut portée par la corporation, visiblement. Et enfin, la révolution que tout le monde attendait : le premier lecteur trifente, oui, trifente pour lire trois Cartes Vitale, évidemment.
Je retournera l'an prochain à Pharmagora, promis, pour voir l'innovation que l'étranger nous envie: la sextufente, 3 cartes Vitale, 3 Cartes Bleues. Ca va être l’hystérie totale.
6 commentaires:
rho j'ai justement dîner hier soir avec tout plein de pharmaciennes qui sortaient de là... visiblement le bon plan c'est d'y aller le samedi y'a beaucoup moins de monde :)
Si je te lis bien, province = inculte( pour préférer un salon à la Tour Eiffel...) = nature .... = vin ? = bon goût ?
Le provincial t'excuse , tu ignores totalement notre bonheur !
@ Les Tamaris: ah ben non, justement, ce qui est marrant c'est quand c'est bourré de pharmaciennes. C'est là que c'est bien.
@ Anonyme: au contraire, le niveau monte nettement en province: à une autre époque le pharmacien de passage à Paris serait allé aux putes.
Tu as au moins chippé des échantillons chez Pierre Fabre au moins?
@ Chondre: Pierre Fabre, Pierre Fabre ? Le Monsieur de El Gringo ? Ah, non y'avait pas de café, rien que des médicaments à Pharmagora.
Pour info, tu peux voir de visu "le tuyau qui crache la boite demandée" à la pharmacie du Centre leclerc de Souillac, un joli patelin de province si cher à nos coeurs ....
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