dimanche 5 février 2012

L'invention du sauvage au Musée du Quai Branly

Malgré les frimas et un mauvais rhume, je me suis traîné hier jusqu’au musée du Quai Branly. Le billet coupe-file est un affront aux principes d’égalité et de fraternité républicains. Mais il m’a permis d’éviter la file d’attente en plein vent qui piétine sous ce bâtiment moche fait de morceaux de plastique collés de façon précaire les uns aux autres. L’intérieur était conforme à mon souvenir : sombre, confus, un capharnaüm de bricoles de tout poil et de toutes provenances qui fait plus penser à la galerie d’un marchand pressé de proposer des articles ethniques pour toutes les bourses et tous les goûts, qu’à un musée destiné à l’élévation de l’âme. L’endroit a tout de même été conçu avec l’aide désintéressée d'un marchand d’ « arts premiers » parisien, grand ami de Jacques Chirac.
L’exposition « Exhibitions - L’invention du sauvage » parle de « l’exhibition du sauvage » avec deux grands volets : les phénomènes de foire à travers les siècles (femmes à barbe, enfants siamois, géants et autres monstruosités) et la mise en scène de spécimens humains exotiques tels que les indiens de Buffalo Bill et les canaques de l’Exposition Coloniale de 1931. Il y a là moult affiches de cirque et d’expositions itinérantes pressant le badaud de venir voir par lui-même la monstruosité et la sauvagerie, souvent concupiscente et dénudée. L’exposition se finit par un film qui insiste lourdement sur le fait que tout ce que l’on vient de voir n’est pas bien du tout, et qu’il ne faut pas se moquer de la différence de son prochain. C’est une précaution bien nécessaire, des fois que le visiteur n’ait pas tout compris et regrette une époque aux mœurs plus simples. Tout ceci m’a bien éclairé. Je vais d'ailleurs vérifier que l’exposition sur Pompéi au Musée Maillol n’élude pas le fait que les droits syndicaux des gladiateurs n’étaient pas totalement respectés et que le Sénat romain faisait peu de cas de la parité homme-femme. Il est important d’être vigilant sur ces choses-là.

1 commentaire:

Chroniques de Bretagne a dit…

Tu me fais baver d'envie .... pour l'exposition Pompéï bien sûr ...