vendredi 23 mars 2007

E pericoloso sporgersi






Ne me demandez pas pourquoi m’est revenue en tête l’autre jour cette étiquette familière aux clients de la SNCF. Je veux dire aux clients d’avant les trains Corail, je ne sais pas s’il en reste beaucoup. J'avais complètement oublié « Nicht hinauslehnen", c'est pourtant pas faute de l'avoir lu des centaines de fois.
En ce temps là, les gares et les trains fleuraient bon le tabac froid, il n’y avait que des compartiments, et pour passer d’un wagon à l’autre il fallait emprunter des passages à soufflets, brinquebalants, obscurs et assourdissants ah, quelle époque trépidante !
Les bidasses étaient particulièrement nombreux, déprimés et imbibés les dimanches soirs. Les jours de quille ça gueulait ferme "zéro !" "zérooooo !" (zéro jour de service militaire). Dans les compartiments, juste sous les miroirs, il y avait des vues en noir et blanc des beaux paysages de France, trois d’un côté et trois de l’autre, bien alignés. Il y avait aussi des rideaux beigeasse super rêches qui sentaient la vieille couverture, et les vitres s’ouvraient, bien sûr, en coulissant vers le bas. Quel bonheur de se pencher au dehors et se prendre le bon air en pleine poire (en espérant ne pas se prendre un mégot car l’on fumait le tabac à l’époque dans les trains, si, si). Les jeunes de maintenant ne connaissent plus ces joies simples et vraies. Et surtout, ils ne peuvent plus comprendre un des chefs d'oeuvre de Marcel Gotlib "Et père y colle au zoo ce porc Jerzy". Misère !
On était en plein communion avec la nature aussi, pour sûr ! : en se penchant un peu, on voyait les rails défiler à toute vitesse par le trou des chiottes (d’où l’utilité de l’étiquette ci-dessous).

Je n’ai jamais mangé au wagon restaurant, trop inabordable sans doute. On emmenait son sandwich ou on les achetait sur les quais de gare, à des types qui en avaient des montagnes empilées sur des chariots. A propos de restauration, un garçon presque de mon âge avait fait scandale dans le voisinage pour avoir, alors qu’il voyageait seul en train, mangé au wagon restaurant. Vous vous rendez compte ? Et, en plus, il avait mangé du melon, alors que c’était même pas la saison ! Quelle extravagance, c’est pas Dieu possible ! Les parents s’excusaient d’autant de prodigalité. Fils ingrat, il s’est pris deux claques pour avoir bouffé du melon dans le wagon restaurant. Je vous parle des années 70, là, pas de l’époque de Dickens. Le saumon, et encore plus le saumon fumé, était un mets rare et précieux. Le bifteck était l’aliment roi pour les enfants et le melon un truc qu’on ne mangeait que l’été (puisqu’il n’y en avait que l’été, forcément).
Je ne sais vraiment pas pourquoi je raconte ça. Mais, puisque c’est écrit, je lègue ce témoignage d’une époque enfuie aux générations futures, qui liront ça en se disant que c’était vachtement mieux avant. C’est exactement mon objectif de vous faire croire ça, petits cons, braves jeunes gens.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Voir aussi Tous fraudeurs avec la SNCF

Anonyme a dit…

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