L’autre soir, je suis allé dans un célèbre club de jazz de la rue des Lombards, écouter un quintet dont l’ami d’une bonne amie connaissait les musiciens. Je les retrouve en plein milieu du premier set, dérangeant la moitié du public de la salle minuscule assis en rangs serrés sur des chaises malcommodes. Je m’installe, prêt à goûter le moment. Le joueur de guitare électrique était super, le batteur battait très bien, le joueur de clavier rien à dire, mais la chanteuse avait une voix dérangeante, chantait des trucs discordants, avec des mimiques pénibles à regarder, bref, me dis-je, ce style de jazz n’est pas pour toi. Le public ne semble pas gêné outre mesure (ambiance recueillie), j’essaie au maximum de regarder les musiciens et pas la chanteuse. Je ne moufte pas, essaie d'avoir l'air inspiré. Trop peur de passer pour un béotien. Soulagement quand le premier set s’arrête, nous sortons de la salle pour prendre un verre en terrasse. Là, il devient clair que personne ne supporte la chanteuse. Ravissement, je me sens moins nul.
Les musiciens viennent un à un à notre table pour prendre un verre car, effectivement, l’ami de ma bonne amie est un bon ami à eux (vous suivez ?).
Eux « Ca vous plait ? »
Nous « Oh oui, oh oui »
Eux « Super »
Nous: grand blanc, inspection du fond des verres, début d’angoisse, puis la conversation a vite dérivé sur des festivals qui ne me disaient rien. Soulagement.
Les musiciens viennent un à un à notre table pour prendre un verre car, effectivement, l’ami de ma bonne amie est un bon ami à eux (vous suivez ?).
Eux « Ca vous plait ? »
Nous « Oh oui, oh oui »
Eux « Super »
Nous: grand blanc, inspection du fond des verres, début d’angoisse, puis la conversation a vite dérivé sur des festivals qui ne me disaient rien. Soulagement.
L’heure du deuxième set arrive, les musiciens se lèvent
Eux « Bon on y va »
Nous « Bon, super », sourires divers, raclements de gorge, chacun s’affaire à gratter un truc sur la table, à brusquement se rappeler de regarder son portable (il y a quand même plein de gens qui vous laissent de messages à minuit), bref, nous traînons et nous continuons à bavasser en terrasse et à regarder passer les badauds, en cette belle et chaude nuit.
Là où les choses se sont gâtées, c’est qu’après le 2eme set, c’est la chanteuse elle-même qui est venue s’asseoir à notre table dehors pour discuter le bout de gras. Alerte rouge !!! Dans un local aussi minuscule, elle n'avait pas pu ne pas remarquer notre absence.
Elle « Ah, ça fait du bien de faire une pause »
Nous (frétillants dans tous les sens pour bouger nos chaises, faire de la place à la chanteuse et avoir un prétexte pour ne pas la regarder en face)« Ah ben, c’est sûr ! »
Elle « Non, parce que le premier set on est toujours un peu tendu, on se dit « oh là-là, on va me juger « «
Nous « Ah? »
Elle « Oui, le deuxième set on est déjà bien mieux, tu vois, la voix a chauffée, on est moins inhibée, plus dans le truc »
Nous « Ah ben, c’est sûr »
Elle « Alors, là où c’est vraiment le pied, tu vois, c’est le 3e set. Avec la fatigue, la voix bien chauffée, tout ça, les musiciens au top, c’est vraiment là que ça se passe »
Nous « Ah ben, c’est sûr »
Elle (se levant en regardant sa montre) « Bon, c’est pas tout ça, faut que j’y retourne »
Nous « Oui, oui. Ah, on n’a pas encore l’addition. Mais qu’est-ce qu’elle fait cette serveuse ? », "C'est dingue" « Tu as de la monnaie ? » « Attends je cherche dans mon sac », etc…, etc…
Et nous avons lâchement laissé l’artiste repartir pour son 3e set de folie.
J’ai bien fait de pas faire chanteur.
2 commentaires:
Perdrais-tu ta faconde au contact des artistes?
Colette
@ Colette: c'est que quand l'ambiance est bruyante, la conversation ne peut pas être trop brillante...
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