Les journaux français
parlent de la femme qu'a tué Oscar Pistorus comme sa « petite
amie ». Comme c'est délicat ! Feue Reeva Steenkamp n'a
pas droit au terme « fiancée » (faute de bague
adéquate), « femme » (ben non, Monsieur le curé n'a pas
béni la chose), « concubine » (Doux Jésus, quelle
horreur!), ni « amie » (ça fait trop Facebook). Les
jounaux anglo-saxons parlent d'elle comme la « girlfriend »,
c'est tout de même moins culcul que « petite amie ». La
presse française a encore de ces pudeurs qui nous ramènent à une
autre époque. L'époque de l'expression « c'est sa bonne
amie » ou « c'est son bon ami » qui nous faisait tellement ricaner à l'école maternelle. Il y a quelque temps de cela.
dimanche 26 octobre 2014
jeudi 11 septembre 2014
11 septembre : la manipulation
Et voilà, en cette
date anniversaire, Obama fait une déclaration de guerre à l’État
Islamique. Pourquoi ? Parce que deux journalistes américains
ont été décapités et que l'opinion américaine s'est indignée.
Cette réaction de l'opinion était-elle prévisible ? Oui.
L'Etat Islamique est-il constitué d'abrutis barbus, ignares et sans
culture ? Bien sûr, mais pas seulement, ils ont aussi des
stratèges qui connaissent bien les moyens de communication et la façon dont les opinions occidentales peuvent être manipulées.
Les décapitations ne sont donc pas le fait d'abrutis, mais de gens
qui savent très bien ce qu'ils font. Comme savent très bien ce
qu'elles font l'Arabie Saoudite et les pétromonarchies sunnites qui
financent l’État Islamique contre les chiites d'Iran, d'Irak et
d'ailleurs. Ce sont donc elles, alliées des USA, qui, très
probablement ont entraîné les USA dans cette guerre. Et comme les
alliés de nos alliés sont nos alliés, nous sommes dans de bonnes
mains.
dimanche 31 août 2014
Privilèges
Mardi matin, retour de
vacances en Espagne. Alors que j'avais acheté un billet Economique,
la compagnie Air Europa m'offre aimablement un siège en classe
Affaires, compte tenu de mon statut « Platinium à vie »
sur Air France/Flying Blue. J'accepte avec la mansuétude qui sied au
statut en question.
A
Roissy, où nous sommes arrivés après plus de 6 heures de retard,
les bagages étiquetés « Prioritaire » n'étaient pas
sur le tapis de livraison des bagages. Nous nous sommes retrouvés à
5, ayant voyagé en Business, à faire la queue au service bagages
d'Air France, alors que les autres voyageurs en shorts et casquette
étaient rentrés chez eux (dans leurs masures nauséabondes sans
doute, mais, tout de même, dans leur petit chez eux). Au vu de mon
statut « Platinium », un Monsieur suave me conseille de
prendre un peu de mon temps précieux pour remplir un dossier de
retard de bagages, même si, il en a l'assurance, nos bagages sont
bien arrivés à Roissy, simplement un manutentionnaire malhabile les
a mis sur le mauvais chariot. D'un air complice, il me conseille donc
d'attendre près du tapis 27 la livraison, tout à fait imminente, de
ma valise. Après deux heures de surveillance du tapis 27, pas de
trace de la valise, je rentre chez moi, il est 1h du matin.
Je laisse passer
mercredi et jeudi, confiant dans la qualité du service bagages d'Air
France, notre compagnie nationale, tout de même.
Vendredi, ne voyant
rien venir, j'appelle le service bagages: « Votre valise est arrivée hier soir, très tard (?). Mais elle vous sera livré
sans faute aujourd'hui, compte tenu de votre statut, bien sûr, nous
sommes désolés, etc... »
Samedi, toujours rien,
je rappelle : « Vous n'avez pas encore reçu votre bagage ?
Ah mais c'est très anormal, pourtant vous habitez dans Paris, c'est
pas compliqué. Je fais une demande en urgence pour que vous soyez
livré. Nous sommes désolés, etc.. ».
Six heures plus tard
(car c'était une demande en urgence, remember ?) je reçois un
appel du service bagages: « Vous serez livré entre 17h et 20h.
Oui, bien sûr, le chauffeur vous appellera avant pour s'assurer que
vous serez chez vous, nous comprenons bien la situation et vous
prions d'accepter nos excuses, etc... »
J'attends bien sagement
chez moi à partir de 17h le coup de fil salvateur. A 20h15, ne
voyant rien venir je rappelle le service bagages « Oui, oui,
votre livraison est bien prévue. Entre 20h et minuit !!! Ah,
c'est pas ce que l'on vous avait dit ? ». Le livreur est arrivé
à 22h30. Youpi !
C'est si bon de se
sentir privilégié.
Libellés :
Pas clair et miscellanées
dimanche 3 août 2014
Federico Garcia Marquez
Je viens de replonger
dans Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Je l'avais lu
d'une traite un été, ou je devais avoir 17 ou 18 ans. C'était le
tout premier livre en espagnol que je lisais. Je l'ai commencé avec un
dictionnaire à la main, mais au bout d'une trentaine de pages,
j'avais la vocabulaire suffisant pour le lire sans aide, et je l'ai dévoré en 2 ou 3 jours. J'ai été totalement happé par ce tourbillon,
ce foisonnement d’histoires et de personnages en apparence
loufoques mais qui parlaient du chatoiement et de la dinguerie de
l'histoire de l'Amérique Latine et, bien au delà, de l'humanité. En dehors de mon dictionnaire, j'avais aussi une feuille de papier sur laquelle je dessinais au fur et à mesure l'arbre généalogique de la famille Buendia, histoire de ne pas perdre le fil. J'ai encore cette feuille de papier, qui a bien jauni depuis tout ce temps. Il y avait des mots que je ne
trouvais pas dans mon dictionnaire, car ils étaient sud-américains,
mais je m'en fichais totalement, je continuais à lire. Je comprenais bien s'ils se
rapportaient à une fleur, à un oiseau ou à un plat colombien que mon
dictionnaire franco-castillan ne connaissait pas. Et cela me
suffisait car ses sonorités mystérieuses ajoutaient à
l'enchantement de la poésie de la langue de Garcia Marquez. C'est un
livre qu'il faudrait lire à haute voix, pour goûter la qualité
poétique de sa musique. Il y a un mot très particulier sur lequel j'ai trébuché, et
que je n'oublierai jamais pour cela. Il est dans la toute dernière
phrase qui finit par « porque las estirpes condenadas
a cien años de soledad
no tenían una segunda oportunidad
sobre la tierra ». C'était
une phrase magnifique, poignante, la DERNIÈRE de ce monument, la
chute finale! J'étais arrivé au bout de ce pavé, et je ne savais
pas ce que signifiait « estirpe » !! J'ai été
obligé de replonger, rageur, dans le dico, pour comprendre
qu'estirpe signifie lignage, famille, race. Voilà comment gâcher un
moment totalement magique, et s'en souvenir toujours.
J'ai acheté tout
récemment la version électronique du livre avec cette facilité
fabuleuse qui permet, en effleurant un mot sur la tablette, d'avoir
aussitôt accès à la définition de ce mot dans un dictionnaire espagnol (qui
n'ignore pas totalement les mots américains, et c'est tant mieux).
Je me suis replongé dans le livre avec délectation, happé dès les
premiers paragraphes comme la toute première fois. Un grand bonheur.
Je le lis lentement, pour ne pas le finir trop vite....
J'ai repensé à
l'anecdote qu'avaient rapporté les journaux en mai 81 lorsque Garcia
Marquez avait été invité à la cérémonie d'inauguration de
Mitterrand au Panthéon. Il se baladait parmi les invités en
rigolant, montrant son carton d'invitation qui disait « Federico
Garcia Marquez ». Gabriel Garcia Marquez n'était pas encore
Prix Nobel mais c'était déjà un monument des lettres. Néanmoins,
le petit personnel qui rédigeait les invitations l'avait gentiment
mélangé avec Federico Garcia Lorca, ce qui ravissait, bien sûr,
Garcia Marquez qui montrait son carton à qui mieux mieux.
Curieusement, cette anecdote semble totalement oubliée aujourd'hui,
aucune trace n'en existe sur le Web. Heureusement qu'il y a cet
article de Gérard Courtois du Monde (daté du 15/05/2012, mis à
jour le 28/03/2013) qui cite effectivement « Federico Garcia Marquez »
parmi les invités de la cérémonie du Panthéon. Monsieur Courtois
a dû se replonger dans les archives de 1981 pour rédiger, 31 ans un
tard, son papier et il a fidèlement recopié l'ânerie de l'époque.
Je n'ai donc pas rêvé, merci Monsieur Courtois. Je suis sûr que,
là où ils sont tous les deux, Gabo et Federico doivent encore en rire ensemble.
dimanche 6 juillet 2014
Copenhague, 1864 et depuis lors
Très intéressant long
week-end à Copenhague. En arrivant, en plein centre-ville,
j'ai eu l'impression que le pays était en grève. Non, c'est juste
que c'est calme, il n'y a pas grand monde dans les rues, les gens ont
le temps, c'est reposant. J'ai mangé des harengs peut-être plus que
de raison, il faut dire qu'on n'est pas là tous les jours et que ça
peut être fameux les harengs marinés. Bien aimé aussi les gâteaux roulés blancs entourés de
pâte d'amande et fourrés d'une chose épaisse au bon chocolat noir.
Je n'ai pas trop compris pourquoi sur les "danish pastries" (qu'ils appellent en fait "viennoiseries", allez comprendre), il fallait rajouter soit du sucre, soit du chocolat, soit de la crème à quelque chose, bref il faut plus, le danois n'a jamais assez de trucs sur ses croissants. C'est comme les smorrebrod, pourquoi donc mettre tant de choses sur des petites tartines de pain beurré à la graisse de porc, au risque de ne pas savoir comment les manger sans en mettre partout? J'ai été étonné par le côté monotone de la langue danoise, sans
relief, bien loin des musicalités du suédois qui sont tellement
rigolotes. Étonné aussi par la discipline des locaux pour ne
traverser que quand le petit bonhomme est vert. Les mêmes locaux qui acceptent
aussi que leurs bacheliers, frais et roses avec des casquettes blanches, se baladent alcoolisés
en beuglant à qui mieux-mieux dans des camions qui font le tour de
la ville toute la sainte journée, avec force musique tonitruante. Il paraît qu'ils font ça
pendant une semaine entière. Quelle santé, et quelle belle façon
d'entrer dans l'âge adulte. Sinon, Copenhague, c'est très, très
plat, c'est la ville du vélo, celui sur lequel on pédale presque
debout et qui donne une fière allure mais aussi celui qui freine en
pédalant en arrière, tout un apprentissage. Ce fut aussi la
découverte du musée national et de ses superbes collections d'objets
du Groenland, harpons, lunettes, magnifiques anoraks en fourrure,
bottes fourrées, canoës et slips en peaux de bête des plus
étonnants. Étonnante aussi a été la découverte que le Danemark
est une société traumatisée par la perte de son empire. Bigre, en
voilà une nouvelle. Mais oui, le Danemark, à une époque bénie
régnait sur la Norvège, le sud de la Suède, l'Islande, le
Groenland et avait même pour faire bonne mesure quelques possessions
en Afrique (une partie du Ghana actuel), quelques Antilles et
quelques comptoirs en Inde. Le coup de grâce a été donné en 1864
par la Prusse qui a fauché au Danemark 40 % de son territoire
et 20 % de sa population avec les duchés du Schleswig et du Holstein. Ce n'était pas gentil, et 1864 est
restée comme l'annus horribilis pour les danois. C'est fou toutes
ces choses que l'on ne sait pas. Sinon, il faudrait que quelqu'un
dise au Guide du Routard que Copenhague est une chose, Stockholm en
es une autre. La page du guide 2014 qui résume les bons plans à ne
pas rater à Copenhague est en fait celle de Stockholm. C'est fou
comme c'est compliqué la Scandinavie, on devrait y aller plus souvent.
.
Libellés :
Pensées (surtout) pour moi-même
lundi 9 juin 2014
Envoie du rêve !
Il parait que 73 %
des jeunes français sont attirés par les métiers de la Fonction Publique. Il faut dire que les publicitaires ont bien cerné le
prototype du fonctionnaire idéal. Ils savent bien ce qui fait rêver les jeunes.
mardi 3 juin 2014
L'abdication (séquence nostalgie)
Je ne sais pas bien
pourquoi la nouvelle de l'abdication de Juan Carlos m'a rempli
d'émotion. Pourtant, je verse rarement une larmichette sur Point de
vue - Images du Monde, je n'ai jamais rencontré JC, ni connu
quelqu'un qui le connaissait. Sans doute cela me ramène à l'époque
où l'Espagne m'enthousiasmait, l'Espagne des vacances, du
dépaysement total, de la littérature latino-américaine en plein
boom dans les années 70. Je me souviens que les adolescents de la
bourgeoisie valencienne avec qui je traînais (à l'époque, il n'y
avait que les grands bourgeois espagnols qui pouvaient prendre des vacances,
même au pays) l'appelaient « el tonto », « el
idiota congenital ». C'était l'année de la mort de Franco. Les pesetas étaient de pièces sévères, un peu inquiétantes, qui portaient encore le profil du caudillo « Por la
gracia de Dios » d'un côté et « Una, grande, libre »
de l'autre, avec le faisceau, le joug et les flèches de la Phalange.
Juan Carlos était un
personnage falot, soupçonné d'avoir été choisi par Franco à
cause de son imbécillité et dont les bonnes langues prédisaient
l'impuissance à faire quoi que ce soit de bien. Un personnage bien loin du sauveur de la
démocratie qui a impressionné le monde lors du coup d’État de
Tejero en 1981. C'était l'époque où je ne me lassais pas de relire le
premier article de la constitution de 1978 que je trouvais
magnifiquement écrit et sonnant superbement à l'oreille « España
se constituye en un Estado social y democrático de Derecho, que
propugna como valores superiores de su ordenamiento jurídico la
libertad, la justicia, la igualdad y el pluralismo político. ».
Bref, j'étais un peu exalté.
L'abdication de Juan Carlos est donc
finalement juste un signe de plus du temps qui passe, ce qui ne met
jamais tellement en joie. J'ai, bien sûr, écouté son allocution télévisée. J'espérais un grand moment, un discours qui ferait
date, un testament politique du plus haut niveau, de l'éloquence, de la grandeur. Las, le texte était
plat, convenu, dit sans aucune émotion ni trace d'humanité. La chute du discours est totalement minable "Je garde et garderai toujours l'Espagne au plus profond de mon cœur". Non mais, allo, quoi? C'est quoi cette chute ? C'est avec ça qu'il espère laisser une trace dans l'Histoire? Je préfère ne pas me demander si les petits cons valenciens des années 70 n'avaient, peut-être, pas complètement tort. Gardons plutôt nos illusions d'antan.
dimanche 4 mai 2014
Dans la cour
Dans la cour, de Pierre
Salvadori, film à recommander. Comme toujours avec ce réalisateur,
le film a un bon
rythme, aborde les sujets graves sans s'appesantir
inutilement, alterne l'humour et la gravité sans céder à la
facilité. Catherine Deneuve, absolument géniale en bourgeoise
parisienne angoissée, de plus en plus barrée au fil des événements.
Gustave Kerven en gardien d’immeuble amateur, qui se retrouve à
gérer une maison de fous. Pio Marmai en trafiquant de vélos volés halluciné. Un film plein d'humanité sans jamais être
mièvre, très drôle, bien filmé, une très bonne surprise. Un
regret tout de même, le film se termine sans que l'on connaisse la
recette des endives au jambon de Catherine Deneuve. Désolé si je
vous ai gâché votre film. Si vous ne voulez pas que je le gâche
encore d'avantage, ne lisez pas ce qui suit. La phrase finale du film
est magnifique, mais bon, c'est aussi la fin du film, alors....
Attention, ne lisez pas
plus avant si vous voulez aller voir ce film!!! Dernière chance !:
Catherine Deneuve, en voix off, dit "Les mensonges de ceux qui nous aiment sont les plus belles preuves
d'amour". C'est bien trouvé, non ?
jeudi 1 mai 2014
Carta a Eva
Vu sur Arte la
minisérie espagnole « Carta a Eva » (Lettre à Eva). On
a beau dire, mais une série en 2 épisodes c'est autre chose qu'une
série en 62 épisodes, comme « Breaking
Bad », par exemple. Excellente série, mais qui nécessite bien
des soirées d'abnégation sur canapé. Mais ne digressons pas. Cette
série-ci se passe en 1947, alors que l'Espagne est exclue des
Nations Unies pour cause de fascisme, et meurt de faim: elle a besoin
du blé argentin. Eva Perón est envoyée en visite officielle en
Espagne et la série raconte ses démêlés avec Franco et surtout sa
femme, Carmen Polo. En parallèle, on suit l'histoire d'une militante
communiste condamnée à mort et dont la famille demande la grâce à
Eva Perón via une lettre, la fameuse « Carta a Eva ».
J'ai adoré cette plongée dans l'Espagne des années 40, à une
époque où le bourricot était le moyen de transport des campagnes,
où les riches étaient riches par la grâce de Dieu, où les BD
étaient des instruments de propagande, où le pays sortait juste de
la guerre civile, avec deux camps opposés tout aussi déterminés
dans leur haine de l'autre. J'ai lu des dizaines de bouquins et
d'articles sur la guerre civile espagnole.
Pourtant, c'est en voyant
ces images (de fiction) de prisonniers torturés, de femmes arrêtées
en pleine rue, du chantier du Valle de los Caidos où mouraient les
ouvriers républicains que j'ai ressenti comme jamais l'horreur de la
période. Bien sûr, nous sommes en 2014, on épargne au consommateur
de séries les images trop pénibles, les garde-chiourmes sont quand
même humains finalement, les gamins sont attendrissants, la série
finit bien. Mais l'impact de ces quelques images est incroyablement
plus fort que celui des mots (oui, je sais, je redécouvre une
évidence que Paris Match a compris depuis longtemps). L'habilité de
la série est de ne pas trop s’appesantir sur des questions qui
fâchent encore, mais de se délecter des combats de
pintades entre Eva et Carmen, l'une excessivement glamour et
pro-prolétaires, l'autre vêtue
de strict, emperlousée avec son chapelet à portée de main. Franco, la "sentinelle de l'Occident", a
le rôle d'un gentil patapouf qui ne veut pas d’histoires avec sa
femme, ni avec le blé argentin. On se marre bien avec les espagnols
qui font tout ce qu'ils peuvent pour en mettre plein la vue à Eva,
mais voir comment celle-ci finit toujours par avoir le dessus. Même
si les ressorts de la série sont éculés (la modernité contre le
conservatisme, la pauvre fille issue de rien contre la bourgeoise qui
se pique d'être marquise, etc...), le jeu entre les espagnols
coincés et la furia transatlantique est vraiment réussi. La devise de l'Espagne de l'époque était: Una, Grande y Libre; dans cette histoire, une grande fille libre venue d'Argentine lui a damé le pion.
mardi 22 avril 2014
Pâques aux citrons
Déjeuner de
Pâques sur l'enchanteresse île de Procida dans le golfe de Naples,
découverte l'été dernier grâce à une excellente amie bretonne.
Grand soleil, pas un bruit de voiture, le pêcheur qui
raccommode ses filets sur le port, les barques qui se balancent
doucement, la quiétude d'un dimanche méditerranéen, un vrai décor
de carte postale.
Ce fut l'occasion de re-goûter la salade de
citrons, pas indiquée sur la carte du restaurant mais, en demandant
si « che insalata di limone ? », la chose est
préparée en 5 minutes. Juste des morceaux de citron sur un lit de roquette, un poil
d'huile d'olive et un peu de piment haché. La chair blanche des
citrons, très épaisse, est étonnamment douce, la chair jaune l'est
un peu moins (il s'agit de citrons crus, tout de même).
Et en
dessert, à la bonne pâtisserie de l'île sur le port principal, la
lingua di bue (alias la langue de bœuf), pâtisserie
feuilletée, fourrée à la crème pâtissière au citron, what else? Un
vrai bonheur, un dimanche de Pâques perfectissimo.
samedi 15 mars 2014
Jacques a dit, une ânerie
Je suis tombé –
vraiment – par hasard l'autre soir sur l'émission de Thierry
Ardisson « Salut les terriens ». D'ordinaire, je zappe
direct, mais, là, je vois la tête de Jacques Attali et me dis
« Tiens ? Que fait-il là, dans une émission pareille? ».
Et je tombe en pleine péroraison sur l'Ukraine, au moment où Attali
explique l'intérêt d'Obama pour l'Ukraine en faisant le lien avec
le film « The deer hunter » (Voyage au bout de l'enfer). C'est à 22:30 sur la vidéo de l'émission. Il affirme mordicus que le
début du film montre un mariage ukrainien à Chicago. Chicago étant
la ville d'Obama, « c'est tout simple » dit maître
Jacques, péremptoire, tout s'explique de façon lumineuse. Respect
total dans la salle et on repasse aux autres imbéciles sur le
plateau. Cette affaire me turlupine depuis quelques jours, je me
souvenais d'un mariage russe orthodoxe en Pennsylvanie, pas du tout
d'un mariage ukrainien à Chicago. Je suis allé vérifier et ma
mémoire était exacte. Jacques a dit une énorme ânerie, avec un
aplomb qui ne l'est pas moins, énorme.
lundi 10 mars 2014
Le printemps syrien
Au beau milieu d'un article du Huffington Post intitulé "Syrie: cinq faits terrifiants sur l'état désastreux du système de soins après trois ans de guerre", et dans un paragraphe intitulé "Des conditions de travail effroyables" ce bandeau publicitaire: "Un bouquet sur la peau. Le printemps semble être arrivé avant l'heure au 30 Avenue Montaigne. Découvrez aujourd'hui Miss Dior Blooming Bouquet, une fragrance florale embaumant comme un bouquet de mille fleurs. Sponsorisé par Dior".
Les conditions de travail effroyables au 30 Avenue Montaigne, on ne s'en indigne pas assez, je trouve.
mercredi 5 mars 2014
Révélations
Patrick Buisson est
totalement carbonisé* après la révélation de ses enregistrements
clandestins. Il a magnifiquement révélé ses qualités humaines et
sa hauteur de vues. C'est très bien. Mais il n'y a pas de vrai scoop, nous dit-on, dans ces
enregistrements. On est injuste : il y a quand même une
révélation. Globalement, Sarkozy semble parler un français assez
correct, sans grossièretés, ni invectives, il semble même poli
dans l'intimité.
Je l'imaginais assez bien comme Nixon, qui
utilisait tellement de « fuck » de « shit »,
de « bullshit » et de
grossièretés diverses, que les
transcripteurs des enregistrement du Watergate ont dû utiliser
l'expression « expletive deleted » pour masquer ces
horreurs pratiquement à chaque phrase, quand ce n'était pas
plusieurs fois dans une seule phrase. Finalement, Sarkozy qui
se rêvait en Kennedy n'arrive donc même pas au niveau de Nixon. Je
ne suis pas injuste, là, si ?
* Trait d'esprit
Libellés :
Pas clair et miscellanées
samedi 22 février 2014
Ils sont vraiment très, très, forts
en question a été
largement primée. C'est l'histoire d'un jeune palestinien qui
travaille pour les services secrets israéliens et est tiraillé
entre sa famille, ses amis, et sa vie d'agent double. Tout au long du
film, qui n'est pas mauvais, j'ai eu une bizarre impression de déjà vu. Des
scènes de galopade dans les collines arides, les villages
palestiniens où Tsahal déboule en crissant des pneus, les jets de
pierre, les mères éplorées, les salons vides avec les sièges recouverts
de housses en plastique, les kalachnikovs, les barbus rébarbatifs,
etc., etc. Tout ça me disait quelque chose. Ce n'est qu'à la toute fin que m'est revenu le souvenir
d'un autre film israélien, lui aussi tourné dans les territoires
palestiniens, « Omar » avec grosso modo la même histoire
et la même fin, tourné, comme « Bethléem » en 2013. Du
coup me sont aussi revenus en mémoire deux autres films israéliens
jumeaux parlant d'une histoire d'amour gay impossible entre un jeune
israélien et un jeune palestinien: « The Bubble » en
2006, et sa copie quasi fidèle « Alata » en 2012. Tous
ces films sont soutenus par le « Israël Film Fund ». Ce
fonds a permis le tournage et la promotion de très bons films comme
« La fanfare » ou « Danse avec Bachir ».
Globalement, il finance des films intéressants dans lesquels les
israéliens n'ont pas forcément le beau rôle, ce qui est plutôt
courageux pour un fonds dont la finalité est, à n'en pas douter, de
promouvoir l'image d’Israël à l'étranger.
Dans le cas des films
jumeaux Omar/Bethléem et The Bubble/Alata, deux explications
possibles: soit une négligence des décideurs du fonds qui n'ont pas
vu qu'ils finançaient deux fois le même film, soit, ils ont trop
bien compris que la répétition est la base de la pédagogie.
Complotistes de tout poil, qu'en pensez-vous?
samedi 1 février 2014
Addis-Abeba, le Musée ethnologique
Très peu d'information
est disponible sur le Web concernant le Musée ethnologique
d’Addis-Abeba (Addis
Ababa Ethnological Museum). C'est dommage car il est situé dans
le très beau parc de l'Université, très aéré et planté de
grands arbres. Et dans un ancien palais de Hailé Sélassié, comme vous le savez. La
muséographie est des plus sommaires, les vitrines sont sombres,
souvent encombrées d'objets, et avec des explications des plus
sommaires. L'idée semble être d'encourager le chaland à prendre un
guide, pas bête ! Le plus grand intérêt de ce petit musée
est de montrer la variété des croyances, coutumes et cultures de ce
que je pensais être un pays très homogène. Que nenni ! Il y a
de tout en Éthiopie, y compris au niveau religieux. Les chrétiens
éthiopiens orthodoxes représentent un peu moins de la moitié des
habitants, le reste se répartit entre musulmans (33%), diverses
obédiences chrétiennes et animistes, il ne reste presque plus de
juifs depuis que la plupart des falashas ont émigré en Israël.
Outre la chambre et les salles de bains de M. et Mme Sélassié, le
musée abrite une très intéressante collection d'art religieux,
ainsi qu'un lion empaillé qui n'est plus de première fraicheur, et sur lequel les guides ont mille et une
explications toutes plus ébouriffantes les unes que les autres.
Devant le musée, un étrange escalier ne mène nulle part, si ce
n'est à quelque mètres de hauteur le long d'un mât où flotte un
drapeau. Il a été bâti par les italiens pendant leur occupation de
l'Ethiopie (extrêmement sanglante cette occupation, qui l'eut cru,
de la part de nos aimables cousins transalpins?). Chaque marche
représente une année de fascisme depuis la marche sur Rome en 1922.
Sur la dernière marche, un lion de Juda, symbole de l’Éthiopie, a
été ajouté après la guerre. Histoire de régler un peu les
comptes, non mais.
Libellés :
Pensées (surtout) pour moi-même
jeudi 23 janvier 2014
Addis-Abeba, la salle de bains d’Hailé Sélassié
La visite du Musée ethnologique d’Addis-Abeba (Addis Ababa Ethnological Museum)
vaut le détour. Nous y reviendrons. Le musée est situé dans un
ancien palais de l’empereur Hailé Sélassié I, qu’il a habité
jusqu’en 1960. A la fin de la visite du musée proprement dit, le
visiteur est invité à passer par la chambre et la salle de bains
de l’empereur. Pas « les appartements impériaux »,
non, non, « la chambre et la salle de bains ». Soit, se
dit le visiteur. Un personnage aussi fabuleusement mythique qu’Hailé
Sélassié, Empereur
d’Ethiopie, monarque absolu de droit divin, Roi des rois, descendant de la reine de Saba et du roi Salomon, ça
doit vivre dans un luxe inouï. Des robinets en or au minimum. Et voilà en photos ci-dessous, le luxe
fabuleux dans lequel le Négus et sa fort belle épouse,
l’impératrice Menen Asfaw (1911-1962) réalisaient leurs ablutions. Tout à fait comme la salle de bains de mes
grands-parents, dans le Lot, dans les années 1960. Et je ne crois
pas que nous descendions de la reine de Saba.
Chez les Sélassié,
chacun a sa salle de bains, rose pour l’impératrice, bleue pour
l’empereur. Détail piquant, le bidet est dans la salle de bains du
Négus. L’impératrice, femme parfaite à tous égards n’en avait certainement pas
l’usage, cela va sans dire.
La salle de bains de l'Empereur
La salle de bains de l'Empereur (suite)
La salle de bains de l'Impératrice
La salle de bains de l'Impératrice (détail)
Et enfin, l’impératrice Menen Asfaw (1911-1962)
Libellés :
Pensées (surtout) pour moi-même
dimanche 5 janvier 2014
La colline du printemps
Retour en Israël 18 mois plus tard. Je n'ai pas été aussi frappé que je m'y attendais par la différence avec un séjour en été. Bien sûr, comme dans tous les pays méditerranéens, les appartements sont mal isolés, le froid pénètre vite, mais on se débrouille sans grand problème. Je continue à adorer Jérusalem, même si ce n'est pas l'endroit le plus plaisant du monde. Comme toujours en Israël, on y trouve tout et son contraire, le plus beau et le plus moche, le plus plaisant et le plus irritant. Il ne faut pas se laisser énerver par les marchands de saloperies touristiques de la Vieille Ville. Ils ne font que perpétuer la tradition multi-millénaire des marchands du Temple qui guettent le pigeon-pélerin. Ne pas non plus se laisser attrister par tous ces gens qui tirent la gueule mieux que des parisiens dans le métro, ni par les vieux cons qui pullulent, sans doute dans l'attente de mourir ici pour être les premiers dans la file d'attente du Jugement Dernier. Tout ça n'est pas grave, je continue à aimer la beauté de la Vieille Ville, la modernité et la diversité de l'autre, et à être fasciné par la place de ce lieu dans l'histoire, dans les mythes, les religions et dans l'actualité. Le Mur, le Mont des Oliviers et l'église du Saint Sépulcre continuent à me fasciner, je ne me lasse pas d'y retourner. J'ai découvert cette fois-ci le minuscule musée d'art juif italien. Un petit bijou de classe et de simplicité. Si Eliezer Ben Yehuda avait été italien, l'hébreu moderne aurait-il été une langue
mélodieuse plutôt que germanique? Les Israéliens seraient-ils des suaves méditerranéens?...
Tel Aviv l'été dernier m'avait déçu. En dehors de la plage, belle mais peu baignable, j'avais trouvé la ville poussiéreuse, assez moche, faite de bric et de broc, sans grand intérêt. Cette fois-ci, le soleil et la douceur de l'air rendaient justice à son nom de "Colline du printemps". La ville est jeune, sympathique, pleine d'endroits où les familles se baladent de bonne humeur, de cafés branchés sans être prétentieux, modernes sans perdre leur caractère. Et puis tellement d'arbres, de jardins, de chats paisibles, tout pour plaire, quoi. Pour les amateurs, ci-dessous, un petit Chagall daté 1932 du TAMA (Tel Aviv Museum of Art), qui représente la ruelle devant le mur «des Lamentations », avant que l'esplanade actuelle ne soit dégagée après la Guerre des Six Jours.
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Pensées (surtout) pour moi-même
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