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Ne voilà t’il pas que l’autre soir, dans l’avion Dakar-Paris, je crois voir mon héros s’asseoir dans le siège juste devant le mien, me tournant le dos. J’interroge discrètement mes co-voyageurs, qui me disent qu’effectivement, il lui ressemble, mais qu’à leur avis il ne doit pas voyager si simplement en business alors que l’avion a une première classe et, qu’en plus, il voyage seul et visiblement l’équipage se soucie de lui comme d'une guigne. Me pliant à l’avis de la majorité
Juste au moment final avant le décollage, un type lui tombe dessus en lui donnant du « Monsieur l’Ambassadeur », mais il est trop tard pour que je me lève et fasse semblant de le reconnaître au passage. A coté de lui est installé un asiatique assez crade qui n’a pas idée de l’augustesse du personnage, alors que moi j’ai tellement de trucs intéressants à lui dire et lui demander. Quand je pense que j'ai fait un Pékin-Paris à côté d'André Santini, qui plastronnait environné d'hôtesses serviles, et qui m'a bassiné pendant des heures, cette fois j'ai un type aussi intéressant que J-C Rufin devant moi et je n'en profite pas ? J’enrage. Comme moi, J-C a un siège hublot pour regarder les nuages et dormir tranquille. Je me couche donc dès que nous sommes à l’altitude de croisière, en remarquant qu’il fait de même (ce qu’on a comme points communs, c’est fou). Donc la nuit se passe, lui devant et moi derrière, me demandant comment j’allais pouvoir le coincer à l’arrivée. Pour sortir de l’avion, je fais le pied de grue devant la porte du milieu avec l’idée de traîner un peu pour le laisser passer à ma portée et le héler avec finesse mais efficacité. Paf ! c’est la porte avant qui s’ouvre en premier, et je vois J-C partir loin devant tirant élégamment sa valise à roulettes (des points communs, je vois dis !), pas bégueule pour un sou. Dans les couloirs, galopade pour éviter la foule : le petit matin, ça fait entrevoir des embouteillages, des queues, toutes sortes d’horreurs apocalyptiques, donc chacun pour soi ! Au contrôle des passeports, je l’ai perdu.
Pris un taxi, la circulation à l’arrivée sur Paris était ralentie. Nous étions presque à l’arrêt sur l’autoroute quand deux motards précédant une voiture avec gyrophare nous a forcé à nous écarter du passage. J’ai bien dit au taxi « Vite !
Suivez cette voiture ! » mais ce genre de truc ne marche que dans les romans. Va falloir que je me dédicace moi-même un de ses bouquins, ce sera plus simple. Ou que je postule à l’Académie Française, pour l’ensemble de mon blog.
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