samedi 18 août 2007

La honte de la rentrée

J’aime bien la série des hontes de Fcrank. Celles de Gauthier et d’Ikare sont parmi les plus hot mes préférées. La mienne est bien plus soft, mais elle est toute fraîche de ce matin, alors la voilà.

Après quelques semaines de vacances plus gastronomiques que sportives, je me suis fait violence pour commencer la journée par un jogging matinal. Départ un peu embrumé par la rue Montmartre, pas encore réveillée par les cloches de Saint Eustache (qui aiment à carillonner à toute volée dès 8 heures). Pas très en forme ce matin, mal réveillé, pas mis mes lentilles, il y a des jours qui commencent mieux que d’autres…
Je tombe sur un groupe de 8 ou 9 touristes chargés comme des mulets, visiblement perdus au carrefour de la rue Montmartre et du Boulevard Poissonière.
- Moi : pouf, pouf (je suis essoufflé) vous avez besoin d’aide ?
- Le chef de la bande : ah oui, si, si
- Les autres : si, si, merci, gracias, thank you !
- Moi : pouf, pouf, vous cherchez quoi ?
- Lui, le chef : la roue Bergèré
- Moi : ah ! la rue Berger ! (ce qu’ils prononcent mal ces étrangers)
- Lui : si, si, régardez sour lé plan là
- Moi (j’ai pas mes lunettes, je ne vois rien, mais bon je fais semblant pour pas le vexer) : ah, si, si. Pas compliqué (pouf, pouf) vous descendez la rue, vous verrez une grosse église (una gran iglesia, si, entiendes ?) et la rue Berger c’est là (muy sencillo, si, si), pouf, pouf… Tout droit, muy facil !
- Lui et toute la troupe éperdue de gratitude : ah, si, si. Merci beaucoup, viva la France et viva Paris, si , si ! Hasta luego ! Merci ! Si, si !

Ils m’ont sans doute applaudi en agitant leurs mouchoirs, mais j’étais déjà loin, la foulée souple et assurée, fier d’être d’avoir encore une fois redressé aux yeux de l’Etranger l’image déplorable du parisien. Conscient de la noblesse de mon attitude, j’ai d’ailleurs fusillé du regard tous les quidams qui se traînaient lamentablement sur MES trottoirs au risque ralentir ma course pour bien leur faire sentir à quel point je les méprise, ces mauvais français incapables d’aider leurs prochains dans le besoin.
Mes foulées admirables m’ont conduit de ci, de là dans notre belle capitale, jusque dans une rue du 9ème que je ne connaissais pas, lorsque soudain :
- Oh ! (me dis-je), comme c’est amusant, cette rue pleine d’hôtels. Pouf, pouf… C’est dingue, il doit y avoir plein de touristes qui logent par ici. Un vrai dortoir, dis-donc. Voyons donc comment s’appelle t’elle, cette rue ? Pouf, pouf (le temps d’ajuster ma vue) Damned, c’est la Rue Bergère….
Ils cherchaient bien la rue Bergère et pas la rue Berger. Ils étaient à 50 mètres de la rue Bergère et j’ai envoyé ce groupe de touristes et leurs tonnes de bagages à perpète dans la direction opposée…
Panique, je reviens sur mes pas, pas de groupe en vue. J’ai galopé jusqu’aux Halles et à la rue Berger espérant tomber sur eux pour leur dire
- Voilà, voilà (pouf, pouf) vous êtes bien rue Berger comme vous m’avez dit, hein ? Voilà, c’est ici (està aqui, bienvenidos ! Olé !).

Pas de bol, aucun attroupement en vue. Je suis donc rentré chez moi (pouf, pouf), accablé de honte pour toute la journée. Et terriblement angoissé à l’idée que je suis actuellement recherché par une dizaine d’espagnols vociférants et vindicatifs errant dans une vaste zone entre la rue Bergère et la rue Berger.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu aurais dû prendre un GPS en mode piéton ......beaucoup plus simple !

sameplayer a dit…

@ Anonyme : oui mais alors avec un mode "haut parleur" parceque je n'y vois goutte sans mes lentilles. Bruyant sans doute, mais à envisager.