dimanche 10 mai 2009

Fascinante Asie

L’Indien est un piètre bricoleur. C’est ce que je me suis dit à Bombay en voyant une première personne avec un ongle tout noir. Un hématome sous un ongle c’est moche et ça fait mal. C’est quand même pas sorcier de planter un clou sans s’écraser un doigt avec un marteau, tout de même. J’ai commencé à avoir des doutes en croisant deux, puis trois, puis des tonnes de bricoleurs maladroits un peu partout dans les bureaux, dans la rue, dans les magasins. J’étais fort dépourvu car je n’avais pas Le Guide du Routard avec moi, cet ouvrage indispensable à qui veut approfondir une civilisation étrangère, ses us et ses coutumes.
La chance a voulu que j’aperçoive un reportage sur les élections en cours actuellement en Inde. On y voit que chaque personne qui vote doit se faire mettre au pinceau un trait d’encre indélébile sur un ongle. En principe c’est l’index qui est marqué, mais comme certains états avaient organisé plusieurs élections, il a fallu recourir à plusieurs doigts pour les divers votes, dont le majeur, comme dans l’état de Bombay, le Maharashtra, où tout le monde n’a pas trouvé cela amusant. Il est fort intéressant de noter que la règle voulait que l’on marque l’ongle d’une tache d’encre. Cette règle a changé en 2006, il faut dorénavant tracer une ligne d’encre qui part du sommet de l’ongle jusqu’au bas de la première articulation du doigt. A raison de 500 millions de votants par élection, le commerce d’encre indélébile est un gentil petit business. Le directeur de l’usine qui fabrique cette encre a donné une passionnante interview qui peut être trouvée ici, où l’on apprend qu’il se refuse à vendre cette encre pour d’autres raisons que les élections « to maintain its sanctity, dignity and significance ».
Moralité: un ongle noir peut être la marque d’un bricoleur malhabile ou bien d’un citoyen consciencieux. Mieux vaut le savoir. L’Asie c’est fascinant.

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