dimanche 28 mars 2010

La vente de charité

Le groupe pour lequel je travaille a quelques bonnes œuvres assez remarquables, grâce à notre ex-PDG, un personnage haut en couleur, fort charismatique et qui, fortune faite, s’emploie à en faire profiter pas mal de nécessiteux. Si, si c’est vrai. M’est tombée entre les mains une invitation pour une vente de charité organisée sous l’égide du dit ex-PDG. Au programme, vente aux enchères de tableaux d’une artiste totalement obscure (mais fort dérangée, parait-il) et allocutions des présidents de deux grandes ONG qui font des choses très bien. Je connais un peu ces 2 présidents, des personnes aux considérations assez élevées, et me faisais une fête de les écouter. J’arrive donc à la galerie où avait lieu la vente aux enchères. Gorilles à oreillettes à la porte, dames affables au vestiaire , petits fours, tout va bien. Je laisse mon manteau, vais au bar prendre un verre et commence à déambuler dans la galerie. Glaciale, la galerie, les œuvres étaient pitoyables (des bouts de miroir enchâssés dans des éclaboussures de peinture) le peu de public présent était pire. Tout le monde tournait en prenant l’air intéressant, dévisageant plus ou moins discrètement les autres quidams pour essayer de deviner qui était:
- un richissime industriel de la saucisse ou de la limonade prêt à investir n’importe quoi pour accrocher dans son salon une œuvre très chère,
- l’épouse de l’industriel de la saucisse, dépressive, bijoutée de frais, avec une bouche pleine de fausses dents très blanches (et sans doute l’oreille de son investisseur de mari)
- un barbouilleur à la recherche d’un industriel de la saucisse crédule ou de son épouse,
- un employé de la boîte égaré là par mégarde,
- un employé de la boîte venu en douce pour essayer de cirer les pompes du PDG (et donc enclin à massacrer les autres employés qui auraient pu lui faire de l’ombre dans une si belle occasion)
- un gorille à la recherche du quidam un peu louche qui allait faire un scandale quand tout le monde serait là,
- une pauvresse qui n’avait rien trouvé de mieux que ce boulot d’hôtesse pour gagner sa croûte.
Tout ça sentait le fric et la haine.
J’ai fait semblant d’être appelé sur mon portable, suis sorti de la galerie en prenant l’air affairé, et me suis enfui en espérant ne croiser personne sur mon chemin. On m’a dit que, finalement, le PDG n’est pas venu, ses amis riches sont partis très vite, et le mari de l’artiste (aussi dérangé que son épouse) a fait un scandale car les œuvres n’ont pas été vendues assez cher. Il y a des jours où la vie est vraiment belle.

1 commentaire:

Chroniques de Bretagne a dit…

Et c'est aussi par charité que tu ne nous montres pas une oeuvre?